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Ousmane Sembène (1923–2007)

Auteur de Les Bouts De Bois De Dieu

32+ oeuvres 1,236 utilisateurs 29 critiques 4 Favoris

A propos de l'auteur

Œuvres de Ousmane Sembène

Les Bouts De Bois De Dieu (1960) — Auteur — 680 exemplaires
Xala (1974) 182 exemplaires
Vehi-Ciosane, ou, Blanche-Genèse: Suivi du Mandat (1965) — Auteur — 70 exemplaires
Tribal Scars and Other Stories (1974) — Auteur — 48 exemplaires
Le Docker noir (1981) 37 exemplaires
Niiwam suivi de Taaw (1987) 27 exemplaires
The Money-Order (1966) 25 exemplaires
Ô pays, mon beau peuple! (1975) 23 exemplaires
Black Girl [1966 film] (1966) — Directeur — 22 exemplaires
Niiwam (1987) 16 exemplaires
Moolaadé [2004 film] (2004) 12 exemplaires
L'Harmattan (1986) 10 exemplaires
Einde van een imperium. 2 (1981) 6 exemplaires
White Genesis (1990) 6 exemplaires

Oeuvres associées

African Short Stories (1985) — Contributeur — 147 exemplaires
Under African Skies: Modern African Stories (1997) — Contributeur — 92 exemplaires
The Anchor Book of Modern African Stories (2002) — Contributeur — 52 exemplaires

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Critiques

… Parfois, quelqu’un te demande : « Où as-tu appris le français ? Comment fais-tu pour le parler ? » Tout de suite, il pense que c’est la civilisation des Blancs qui a fait de toi une personne capable de réagir, de voir et même de sentir, alors ils te considèrent comme leur œuvre. D’autres te demandent : « Es-tu habitué à notre cuisine ? Notre façon de s’habiller ne te gêne pas quand tu marches ? » Lorsqu’il fait chaud, ils disent : « Ne te plains pas, tu es d’un pays chaud ; ta peau te rend insensible à la chaleur… Comment vit-on chez toi ? » Il y en a aussi qui se marrent à la vue d’un nègre : quand un Noir leur parle, ils battent des cils comme si les mots leur tombaient du firmament. Dans les salles de spectacle, il y en a qui changent de place, car la présence d’un sac de charbon les compromet et, en partant, leur regard te fait comprendre ce qu’ils n’osent pas exprimer ; c’est pareil dans le bus ou le métro…
(p. 83, Partie 2, Chapitre 1).
Je ne veux pas vous faire concurrence, je veux simplement lutter. Si je perds d’avance, cela ne fait rien ; ceux qui viendront après moi vous tiendront tête jusqu’à ce que vous soyez assis à la même table.
(p. 140, Partie 3, Chapitre 2).


Je découvre avec ce livre, que les éditions Presse de la Cité ont eu la bonne idée de rééditer, Ousmane Sembène, qui fut acteur majeur de la scène culturelle sénégalaise de l’époque de la décolonisation et des indépendances. Ce livre n’est pas son plus célèbre, mais c’est le deuxième qu’il écrit et le premier qui se passe au Sénégal. Il est publié en 1957, 3 ans avant l’indépendance du Sénégal et alors qu’Ousmane Sembène est encore docker sur le port de Marseille. Il y a donc beaucoup d’Ousmane Sembène dans le héros de ce livre, Oumar Faye, qui revient dans son village de Casamance après 8 ans passés en France, dont 4 à faire la guerre, 8 années pendant lesquelles il a eu l’occasion de se frotter à des idées nouvelles, 8 années pendant lesquelles il a eu accès à l’éducation, dispensée notamment par les syndicats (et Ousmane Sembène a lui aussi profité des bibliothèques et des cours gratuits du Parti Communiste et de la CGT).
Oumar Faye arrive donc en Casamance, fort de ses idées nouvelles et prêt à vivre dans son village, mélangeant respect de la tradition et idées nouvelles. Petit détail, il débarque avec sa femme blanche, Isabelle. Le livre, somme toute assez court, suit les premiers mois de l’installation d’Oumar Faye et de sa femme : les réticences de sa famille (un père iman et une mère un peu sorcière, c’est compliqué quand on amène des idées neuves et une femme blanche…), la défiance des villageois face à un dynamisme entrepreneurial auquel ils ne sont pas habitués. Mais Ousmane Sembène croit en son peuple (le titre du livre est assez explicite sur ce point !) et Oumar Faye arrive à emmener dans son sillage les jeunes de sa génération, et même peu à peu les générations plus âgées. Mais c’est sans compter sur l’administration coloniale qui voit d’un mauvais œil se lever la figure de cet homme charismatique et prêt à tout changer.

Il me semble que le livre a quelques faiblesses, avec notamment une galerie de personnages secondaires très secondaires et peu caractérisés, ce qui rend parfois difficile le fait de les suivre au fil de l’histoire. Mais l’intérêt du livre n’étant pas là, c’est une faiblesse que l’on pardonne aisément, d’autant qu’il s’agit d’une œuvre de jeunesse, il faut bien que plume se fasse.
Mais par-delà ces faiblesses, c’est une lecture très intéressante, qui met en scène l’évolution de la société et les rapports entre les générations, les espoirs de certains et le fatalisme des autres, les tiraillements qu’il peut y avoir au sein des individus comme des collectivités dans un moment qui précède des grands bouleversements. Ce livre ayant été écrit avant l’indépendance, ce n’est pas une relecture de ce moment en sachant ce qui allait se passer après et comment tout cela finirait, non, Ousmane Sembène est dans le même état d’expectative que son personnage, il aspire au changement, il rejette activement la colonisation, mais il ne sait pas où cela va mener, ni si sa cause vaincra, ni quelle forme cette victoire pourrait prendre. Et l’on sent bien cela dans l’écriture de ce roman, tous les possibles sont encore là, et si l’on espère, on ne peut pas savoir. Cela explique probablement la fin qu’Ousmane Sembène a choisi pour son roman, probablement le seul destin possible pour un homme qui était probablement en avance d’une décennie, mais qui représente ceux qui ont tracé le début du chemin qu’Ousmane Sembène et d’autres ont suivi après eux pour sortir de la colonisation et enfin écrire leur propre histoire sur leur propre sol.

Merci aux Presses de la Cité de m’avoir permis de découvrir ce livre, via netgalley.
… (plus d'informations)
 
Signalé
raton-liseur | 1 autre critique | Oct 21, 2022 |
Les deux nouvelles réunies dans ce volume sont d'une écrirure claire, incisive, méthode très difficile en littérature. Les personnages: des gens du quotidien, luttant pour leur survie. Un courage social indomptable.
La nouvelle qui donne son titre au recueil, Niiwam, est un fait divers vrai.
Le héros, un paysan étranger à la ville, tranporte le cadavre de son nouveau-né dans un bus à l'insu des passagers. Le bus traverse Dakar d'est en ouest.
Des rencontres, des personnages et des situations isolent notre homme, revêtu de sa grande crainte. Ira-t-il jusqu'au bout de son voyage?
La deuxième nouvelle, Taaw, nous plonge dans le monde des bidonvilles. Ce creuset (selon Sembene) où se façonne la nouvelle Afrique. Une lutte cruelle se déroule entre l'Afrique des villages et celle des villes. Le langage, les contacts, les rapports, les amitiés, les inimitiés, le respect traditionnel, se font, se défont en fonction de l'argent: devenu seule valeur morale. Le regard d'amour que Sembene jette sur ses personnages nous les fait aimer malgré leur situation impitoyable.
… (plus d'informations)
½
1 voter
Signalé
kanichat | Aug 12, 2007 |

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