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Chargement... Kristin Lavransdatter: (Penguin Classics Deluxe Edition) (édition 2005)par Sigrid Undset (Auteur)
Information sur l'oeuvreKristin Lavransdatter par Sigrid Undset
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Panorama of Norwegian life in the first half of the 14th century and the tumultous life of a woman, traces Kristin's life from childhood to death. Aucune description trouvée dans une bibliothèque |
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Google Books — Chargement... GenresClassification décimale de Melvil (CDD)839.82372Literature German and related languages Other Germanic literatures Danish and Norwegian literatures Norwegian literature Norwegian Bokmål fiction 1900–2000 Early 20th century 1900–1945Classification de la Bibliothèque du CongrèsÉvaluationMoyenne:
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– C’est que je me rappelle une chose que dame Aashild a dite un jour, répondit Kristin. Je n’étais alors qu’une enfant, mais c’était à peu près ceci : que les bons jours échoient aux gens raisonnables, mais que les meilleurs jours sont la récompense de celui qui a le courage d’être fou.
(p. 192, Chapitre 8, Partie 2, “La Couronne”, Tome 1, “La Couronne”).
C’était le cinquième jour après la Saint-Halvard. Une pluie douce tombait sans arrêt. Lorsque Kristin sortit dans la cour, elle sentit, apportée par le souffle doux du vent de sud, l’odeur de terre des champs fraîchement labourés et fumés. Le pays était brun sous la pluie de printemps ; l’air bleuissait entre les hautes montagnes et le brouillard montait à mi-hauteur sur les pentes. De petites clochettes tintaient dans les bosquets le long du fleuve gris qui coulait à pleins bords : dehors le troupeau de chèvres broutait les rameaux bourgeonnants. Ce temps qui avait toujours réjoui le cœur de son père, c’était la fin de l’hiver et du froid pour les gens et pour les bêtes ; on délivrait les troupeaux de leurs étroites et sombres étables et de leur trop frugale alimentation.
(p. 589, Chapitre 8, Partie 2, “Husaby”, Tome 2, “La maîtresse de Husaby”).
Quelle épopée ! Pas de combat contre des dragons ou des armées invincibles, pas de quête du Graal, mais c’est tout de même bien d’une épopée qu’il s’agit. Celle d’une femme, Kristin Lavransdatter, qui, de la sortie de l’enfance jusqu’à son entrée dans la vieillesse, trace son chemin entre les codes de sa société, ses aspirations personnelles et ses interrogations spirituelles. Une belle fresque dans la Norvège du XIVème siècle, qui a emporté la lectrice que je suis au long cours de ses mille et quelques pages.
Si une partie du second tome m’a paru un peu moins intéressante parce que trop centrée sur la religion et tournant un peu en rond, lorsque Kristin voudrait être une femme et une mère bonne et aimante mais ne sait qu’être aigrie et acariâtre, j’ai aimé suivre cette femme dans sa rébellion juvénile puis dans sa détermination et enfin dans l’acceptation de sa maturité. Je n’ai pas encore vécu toutes les étapes de la vie de Kristin, mais j’ai aimé ce portrait de femme que j’ai senti juste, dans lequel je me suis par moments retrouvée, malgré la distance dans l’espace et dans le temps.
J’ai surtout aimé ce caractère indomptable et courageux, qui assume ses choix jusqu’au bout, qui ne regarde pas en arrière et ne se lamente jamais, qui assume aussi son individualité dans une société où elle pourrait se laisser dicter sa conduite, conscience de ses aspirations, de ses doutes, de sa force propre. Certaines réflexions font penser qu’elle pourrait se laisser cantonner à son rôle de femme, ne se mêlant pas par exemple de politique. Mais est-ce parce que c’est une affaire d’hommes ou parce qu’elle a son propre royaume à gérer, le domaine d’Husaby, l’avenir de ses enfants, et que c’est son choix de ne pas se mêler de ces vaines querelles. Kristin sait composer entre ce qu’elle est et la société où elle évolue pour être la femme qu’elle veut être et, au-delà des siècles, c’est une attitude qui a résonné en moi, un modèle dont je pourrais m’inspirer à un moment de ma vie où je jongle entre les différents rôles que je dois ou veux assumer et où les conséquences de mes choix passés ou récents se montrent dans toute leur irréversibilité.
Il m’est bien difficile de faire une note de lecture de ce livre qui aille au-delà de l’enthousiasme, car je ne saurais dire exactement pourquoi j’ai aimé ce livre. Le style est fluide, les descriptions belles, les personnages complexes et fouillés, mais tout cela me paraît bien plat, et certainement pas à la hauteur du plaisir que j’ai pris à cette lecture. Peut-être est-ce cet équilibre subtil que Sigrid Undset a su trouver entre d’une part un monde dont elle nous fait partager le quotidien mais que l’on sait hors d’atteinte (s’élancer à skis à travers les montagnes enneigées, s’asseoir au bord d’une rivière impétueuse, filer patiemment la laine pendant la veillée ou apprendre de sa mère comment brasser la bière) et d’autre part un personnage dont j’ai pu me sentir proche malgré nos chemins de vie bien différents, dont le caractère fort et complexe m’a montré une voie possible, m’a fait me pencher sur ma propre vie et m’interroger sur mes propres choix.
Une très belle lecture, une superbe découverte d’un auteur que j’espère pouvoir retrouver d’ici peu, et dont j’espère que les autres écrits dégageront la même force et m’emporteront tout autant dans un monde à la fois si loin et si proche du mien.