Photo de l'auteur
67+ oeuvres 5,113 utilisateurs 146 critiques 33 Favoris

Critiques

Anglais (142)  Allemand (1)  Français (1)  Espagnol (1)  Catalan (1)  Toutes les langues (146)
J’ai entendu parler de ce livre il y a un petit moment déjà, au détour d’un entretien de [[Geneviève Brisac]] à la radio, qui disait que l’héroïne de ce roman était l’une de ses figures littéraires féministes préférées. Mais il est épuisé en français et j’ai même eu du mal à le trouver en anglais, heureusement le Père Noël a ses entrées dans des librairies connues de lui seul et il a gentiment déposé ce livre dans mes petits souliers à Noël dernier, et je l’ai lu dans la foulée.
Lolly Willowes, donc, est une jeune fille de la bourgeoisie rurale anglaise. Légèrement postérieure mais très similaire aux héroïnes de [[Jane Austen]. Sauf qu’elle ne semble pas du tout intéressée par les hommes et le mariage et qu’elle laisse passer ses années de jeunesse sans chercher à séduire et sans susciter aucune demande en mariage. Alors, quand son père meurt, elle est traitée par ses frères au même titre que les meubles de l’héritage, et on décide pour elle qu’elle s’installera à Londres chez son frère aîné, où elle deviendra l’inamovible Tante Lolly, toujours serviable, toujours traités comme une pièce du décor. Mais un jour, sans crier gare, Laura (son véritable prénom) fait tout voler en éclat et, pour la première fois, émet un souhait et se met en devoir de le réaliser.
C’est cette notion de volonté propre de la femme qui est au cœur de ce court roman. La volonté de choisir sa vie, même si dans le cas de Laura Willowes cela signifie ne rien faire d’autre que des thés et des promenades solitaires. La volonté n’est pas forcément de faire des grandes choses, juste de vivre pour soi. Et cette réflexion à laquelle nous convie Sylvia Townsend Warner à travers ce personnage est vraiment intéressante, finement menée et originale. Etre féministe, ce n’est pas que vouloir avoir accès aux positions usuellement dévolues aux hommes. C’est juste exister pour soi, quoi que cela veuille dire. Et si Lolly Willowes est le personnage principal, l’incompréhension qu’elle suscite auprès de sa belle-sœur, femme mariée ou de ses nièces, d’une autre génération, permet d’enrichir la notion de féminisme.
La dernière partie du livre tranche avec les deux premières et je ne sais toujours pas si je dois la lire au sens littéral ou pas. Elle m’a un peu déstabilisée, mais elle n’enlève rien à la force du personnage, qui trouve sa voie propre pour conquérir sa liberté personnelle.
Cette découverte d’une autrice peu connue en France est une réussite pour moi, et j’espère continuer à explorer son œuvre, œuvre qui a l’air riche en femmes fortes car Laura Willowes l’est, forte, à sa manière.
1 voter
Signalé
raton-liseur | 68 autres critiques | Jan 27, 2021 |