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Karl Marlantes

Auteur de Retour à Matterhorn

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A propos de l'auteur

Karl Marlantes grew up in Seaside, Oregon. He was a National Merit Scholar, attended Yale University, and was a Rhodes Scholar at Oxford. He served as a lieutenant in the United States Marine Corps during the Vietnam War. He received the Navy Cross, two Navy Commendation Medals for valor, two afficher plus Purple Hearts and ten Air Medals. His first book, Matterhorn: A Novel of the Vietnam War, was written in 1977, but wasn't published until 2010. His other work, What It Is Like to Go to War, was published in 2011. (Bowker Author Biography) afficher moins
Crédit image: Author Karl Marlantes at the 2019 Texas Book Festival in Austin, Texas, United States. By Larry D. Moore, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=83430286

Œuvres de Karl Marlantes

Retour à Matterhorn (2010) 2,798 exemplaires
What It Is Like to Go to War (2011) 729 exemplaires
Faire bientôt éclater la terre (2019) 296 exemplaires
Cold Victory (2024) 46 exemplaires

Oeuvres associées

Orages d'acier (1920) — Avant-propos, quelques éditions2,293 exemplaires

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Partage des connaissances

Nom légal
Marlantes, Karl
Date de naissance
1944-12-24
Sexe
male
Nationalité
Etats-Unis
Pays (pour la carte)
Etats-Unis
Lieu de naissance
Astoria, Oregon, Etats-Unis
Lieux de résidence
Woodinville, Washington, USA
Seaside, Oregon, USA
Études
Yale University
Oxford University
Professions
consultant
Organisations
US Marine Corps
Prix et distinctions
Navy Cross
Bronze Star
Navy Commendation Medal (2)
Purple Heart (2)
Air Medal (10)
Courte biographie
Karl Marlantes, a cum laude graduate of Yale University and Rhodes Scholar at Oxford University, was a marine in Vietnam, where he was awarded the Navy Cross, the Bronze Star, two Navy Commendation Medals for valor, two Purple Hearts, and ten Air Medals. He has lived and traveled all over the world and now writes full time. He and his wife, Anne, have five children and live on a small lake in Washington.

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Critiques

Bordel de merde ! cria-t-il, sa voix petite en comparaison des collines et de la forêt environnante même s’il se faisait clairement entendre.
(p. 234, Chapitre 19, Partie 2, “1904-1910”).

— Peut-être qu’Aino a raison, dit Matti. Le patriotisme est une arnaque. Je me fiche que le bois aille aux Anglais ou aux Allemands. Le patriotisme ne fait que couper le marché en deux.
— Oui, convint Kyllikki. Mais sans cette « arnaque » il n’y aurait pas de guerre ni de hausse du prix de l’épicéa.
M. Saari et Matti se tournèrent vers elle, momentanément coupés dans leur élan.
— Le patriotisme existe, insista Matti en se tournant vers Emil Saari. On peut se faire de l’argent avec l’épicéa.
— Mais on fera des bénéfices grâce à la guerre, souligna Kyllikki.
Matti se tourna vers elle.
— Ce que font les gouvernements ne me regarde pas, et donc ne nous regarde pas.
Kyllikki n’émit aucun commentaire.

(p. 392, Chapitre 8, Partie 3, “1910-1917”).


J’ai passé une bonne dizaine de jours en compagnie d’une galerie de personnages, d’abord en Finlande puis sur les rives de la Columbia River, entre Oregon et Washington, sur la côté Ouest des Etats-Unis. Je pensais passer plus de temps avec Aino et sa famille, mais j’ai été tellement happée par cette fresque historique que je n’ai pas réussi à la lâcher et j’ai avalé ses presque 800 pages en à peine plus d’une semaine !
Aino est née en Finlande à un moment où la conscience d’être une nation en est encore à ses balbutiements mais où la présence russe fait beaucoup pour catalyser le processus. Aino grandit en Finlande alors que les idées communistes s’y répandent. Patriotisme, socialisme… Toutes ces idées en -isme seront la cause de son émigration aux Etats-Unis, ainsi que de celle de ses deux frères, Ilmari et Matti.
C’est le long de la Columbia River que s’écrivent dorénavant leurs vies, dans les premiers jours du nouveau siècle, le XXème, alors que cette partie du pays s’ouvre tout juste à l’appétit des hommes et à leur industrie. Au cours des deux ou trois décennies qui suivent, on assiste à la croissance de l’industrie du bûcheronnage et de la scierie, aux avancées techniques et à la croissance des villes qui accompagnent l’essor économique. Même si je ne connais rien au bûcheronnage et que les descriptions des machines et des techniques me sont parfois restées obscures, la description de cette industrie et de ses acteurs, grandes firmes et petits indépendants, banquiers véreux et tenanciers de lieux de perdition rôdant autour.
Mais le livre n’est pas que cela, c’est aussi une chronique des affrontements entre salariés et patrons au cours de ces décennies, les luttes, souvent violentes et les affrontements pour obtenir des conditions de travail un tant soit peu décentes : des salaires un peu meilleurs, mais aussi des heures fixes, des normes de sécurité qui évitent les nombreux accidents qui tuent ou laissent des hommes invalides à une fréquence difficile à imaginer, ou tout simplement de la paille fraîche une fois par semaine pour les lits. Cette histoire était inconnue de moi, même si j’avais déjà croisé l’IWW (Industrial Workers of the World, les Wobblies) dans une nouvelle de Jack London, [Le Mexicain], pas plus tard qu’il y a quelques mois, et j’ai trouvé le compte-rendu de cette lutte passionnante, cette poussée entre communisme et syndicalisme dans un pays foncièrement capitaliste et individualiste. La litanie des grèves et des répressions est peut-être un peu trop exhaustive à mon goût, d’autant qu’on sort du cadre initial de l’histoire en s’aventurant dans d’autres secteurs et d’autres zones géographiques, mais ce sera le seul reproche que je pourrais faire à ce livre.
Et puis il y a aussi cette galerie de personnages, car ce livre n’est pas juste un prétexte pour nous faire découvrir un pan de l’histoire de la construction des Etats-Unis comme puissance industrielle. C’est aussi l’histoire de sa construction comme nation. Car au fil des années qui passent, les personnages évoluent. Certains sont nés aux Etats-Unis, d’autres arrivés très jeunes, d’autres arrivés alors qu’ils étaient déjà adultes. Cela détermine leur rapport initial au pays et aux langues qu’ils parlent, mais ensuite, chacun suit sa trajectoire. Et l’on voit peu à peu l’américanisation se faire, avec la langue qui est parlée à la maison, le nom donné aux plats traditionnels qui change, le 4 juillet qui est fêté pour la première fois (sans que ni les personnages ni l’auteur ne notent la signification de ce moment qui me semble pourtant un point de bascule important). On voit ceux qui, comme Aino, ont fui leur pays à cause de leurs idéaux et les ont clairement emmenés dans leurs (maigres) bagages, on voit ceux qui identifient très vite les potentialités de ce pays non encore abouti et qui sont capables d’en tirer le meilleur parti. Cette évolution des personnages est, sans que l’auteur semble y toucher, une passionnante description du processus d’émigration et d’assimilation, entre rivalités entre communautés et mouvances des allégeances.

Et à cela il faut ajouter les descriptions du paysage, des saisons qui passent, des pluies incessantes, et l’on a le merveilleux décor d’une saga au souffle épique, car Karl Marlantes l’explique dans une note à la fin du livre (une note qui pourrait être placée au début car il me semble que la lire avant de se lancer dans ce roman enrichirait la lecture), ce livre est plus qu’un simple roman historique. C’est le roman de ses ancêtres, car il est issu de ces Scandinaves qui se sont faits bûcherons, troquant leurs hivers de neige et leur végétation rase pour des étés pluvieux et des arbres dont la circonférence peut faire plusieurs dizaines de mètres. C’est aussi un roman qui, il le suggère, reprend la trame du Kalevala, la grande épopée mythologique finlandaise. Cela explique peut-être les décisions de certains personnages, que je n’ai pas toujours trouvées cohérentes, mais qui étaient nécessaires pour coller à la trame choisie, en tout cas cela donne une profondeur supplémentaire à cette œuvre. Et on n’est pas à un paradoxe près que de compter l’assimilation aux Etats-Unis en suivant la trame d’un chant finlandais.
Ce roman avait tout pour me plaire au vu de mes goûts littéraires, mais c’est plus que cela. Cette lecture m’a véritablement emportée, j’ai découvert beaucoup de choses, vu des arbres aux dimensions que je ne soupçonnais pas, j’ai senti la pluie sur mon visage, entendu le Kantele, vu la détermination des grévistes et celle de leurs opposants, et je ne suis pas encore tout à fait revenue de ma lecture.

Un grand merci aux éditions Calmann-Lévy de m’avoir permis de découvrir ce livre, via netgalley.
… (plus d'informations)
 
Signalé
raton-liseur | 16 autres critiques | Oct 16, 2022 |

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