Mathieu Amalric

La première scène se passe dans la "chambre bleue", située dans un hôtel de province où un couple adultère se retrouve pour faire l'amour. Les corps nus, le sang d'une morsure aux lèvres, le sperme, le cadrage du sexe de la femme proche de celui de L'origine du monde de Courbet. Sensualité frémissante et inquiétante, tout en tension.
Suit une scène d'interrogatoire entre l'homme et un juge. On comprend que la passion amoureuse et sexuelle a tourné au drame mais ce n'est qu'à la toute fin du film que l'on apprendra ce qu'elle a produit. En tout cas, en partie seulement, puisque la culpabilité ne sera pas clairement établie et qu'elle sera davantage laissée à l'appréciation du spectateur.
Avec une grande économie de moyens, Mathieu Amalric a réalisé un film (court) sensuel, dense, vénéneux, tout en tension, fait d'ambiguïté et de non-dits. Aux moyens d'une mise en scène et d'un montage très réussis, il dévide l'histoire à l'envers en faisant le choix de garder des zones d'ombre (un choix qui pourra agacer certains). Peut-être trouverait-on des indices susceptibles de nous éclairer dans le roman de Simenon qui a inspiré le film ?
Mention spéciale à l'interprétation magnifique de Laurent Poitrenaux qui incarne le juge !… (plus d'informations)