Aki Kaurismäki

Un conte social, à la fois noir et lumineux, dont le réalisateur finlandais a le secret.
Le personnage principal est un jeune mineur qui se retrouve sans travail à la fermeture de la mine. Dans un paysage hivernal de neige, il quitte la province pour filer vers Helsinki, à bord d'une décapotable collector dont le mécanisme de la capote est en panne. De galère en galère, il essaie d'y trouver du travail, fait la rencontre d'une pervenche qui s'apprêtait à lui coller une amende.
Jeté en prison pour avoir attaqué l'homme qu'il reconnaît comme celui qui lui avait volé toutes ses économies dans une station-service, il tente de planifier son évasion avec son compagnon de cellule.
De tribulations en diverses galères, l'homme s'apprête enfin à embarquer sur l'Ariel, un cargo en partance pour le Mexique, en compagnie de la femme qu'il aime et de son jeune garçon.
Au spectateur d'imaginer la suite. Au loin s'en vont les nuages. On sait que le réalisateur aime offrir une porte de sortie aux deshérités sur lesquels s'acharnent un sort cruel et un système de société sans foi ni loi.
Un film noir et réaliste qui aurait des allures de conte, donc. Avec sa poésie et son ton décalé, Kaurismäki ose le genre.… (plus d'informations)

La lumière subtile du Havre a attiré Kaurismäki; il lui rend hommage avec succès.
Les décors sont ceux des années 50 : intérieurs, devantures de boutiques, troquets, voitures, objets de l'époque (transistor, téléphone, etc)... celles qui a vu naître le réalisateur et qu'il souhaite reproduire par dégoût pour son époque actuelle.
Le jeu d'acteurs doit être très simple, sans fioritures, quitte à sonner faux, de même que les plans cinématographiques, fixes, qui ne s'offrent pas le moindre travelling.
Le cinéma de Kaurismäki est un des moins cyniques qui soient. Le Havre est rafraîchissant et rend heureux, tant le regard porté sur les personnages est simple et chaleureux. L'humanité qui se dégage de ce film dans lequel de pauvres prolétaires tâchent de tout donner, y compris ce qu'ils n'ont pas, sur fond d'histoire d'immigration clandestine, est lumineuse.
Il en ressort une forme de magie touchante et sincère, une illusion douce, une émotion directe.
Un regard humain et sans mièvrerie qui adoucit nos cerveaux saturés d'images malveillantes et cyniques!… (plus d'informations)