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Critiques

En allemand liberté se dit Freiheit. Qui vient de freihalsfrei hals – qui veut dire “cou libre”. La liberté c’est vivre sans le poids d’une chaîne en fer autour du cou.
Dieu avait été, durant toutes ces années, ma chaîne en fer autour du cou.

(p. 82, Partie 4, Chapitre 3).


Quel titre prometteur… Je ne connaissais pas la reine Ginga et j’étais toute prête à découvrir cette figure africaine des XVIème et XVIIème siècles, de même que de voir comment les Africains avaient inventé le monde. Un nouveau point de vue sur la première époque de la mondialisation, celle de la Renaissance, c’était alléchant, et même si je n’avais eu qu’un avis mitigé sur un précédent roman de cet auteur, j’étais prête à me laisser à nouveau embarquer.
Mais de la reine Ginga il est peu question ici, à part quelques informations données comme au détour d’une page sur l’organisation de sa cour, sa manière de mener sa cour ou de se lancer dans des guerres sanglantes. Intéressant, mais cela reste au niveau de l’anecdote. Et puis en terme d’invention du monde par les Africains, je n’ai pas vu grand-chose. D’ailleurs, on croise plus de Portugais et de Hollandais que d’Africains dans ce livre…
Alors que reste-t-il car il faut bien les remplir ces pages ? Eh bien l’histoire d’un prêtre parti à la découverte d’une nouvelle contrée et qui, ébloui par la façon de vivre qu’il découvre, en perd sa foi et sa vocation. Et cela, c’est une histoire qui a été maintes fois contée, en littérature ou au cinéma, rendant ce livre beaucoup moins original que ce que je pensais trouver. Une histoire riche, pourtant, il est certain qu’Agualusa ne lésine pas sur les péripéties et n’épargne pas son personnage. Les démêlés politiques, l’Inquisition, tout y passe. Et il est intéressant de voir à quel point, effectivement, le monde est déjà inventé dans une ville comme Luanda au début des années 1700, On croise des Africains et des Européens bien sûr, mais aussi des Arabes, et la reine s’habille avec de la soie chinoise (un détail que j’ai noté). Les déplacements sont aussi déjà nombreux entre l’Afrique, l’Amérique et l’Europe. Certes tout cela est réservé à une minorité, mais cela dessine une société en mouvement bien éloignée de l’image que l’on en a.
Un autre point intéressant dans ce roman est la façon dont l’esclavage est décrit. Avec des acteurs plus nombreux que prévus, des soutiens à l’esclavage comme des opposants, tous forts d’un agenda politique qui leur est personnel. Avec aussi une fluidité dans la condition d’esclave en Afrique qui est loin de la situation plus figée que l’on trouve de l’autre côté de l’océan.

En définitive, il y a des points intéressants dans ce livre, même si ce ne sont pas ceux que pourraient faire croire le titre et la quatrième de couverture. Mais il est dommage que cet intéressant ne soit pas mieux mis en valeur par une intrigue et un style qui se tiennent plus et qui donne du plaisir au lecteur au fil des pages. J’ai finalement quitté ces personnages sans regret, et avec l’impression que j’aurais pu en apprendre plus si le livre avait été construit différemment, ou que j’aurais pu prendre plus de plaisir à cette lecture si le style et l’enchaînement des péripéties avaient été autres.
 
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raton-liseur | 1 autre critique | Nov 16, 2021 |