> SAGESSE LIBERTAIRE TAOÏSTE, Introduction à la Sainte Paresse, de Erik Sablé. — Erik Sablé actualise la sagesse taoïste en dénonçant les folies dramatiques qu’engendre la civilisation de l’effort (pollution, guerres, sectarisme religieux,...). Il montre que cette sagesse « développe des idées très précises sur l’organisation politique de la société ». Il ne s’agit donc pas de prôner une religion au sein de nos sociétés laïques, puisque pour Lao-Tseu la religion est considérée comme « l’ultime dégradation conséquente à l’oubli du Tao ». Le taoïsme, vu ainsi, n’est pas un système philosophique, c’est la vie simple harmonieusement intégrée à la nature.
Ainsi, « vouloir le bien » constitue le début de la chute : la perte de l’essentiel ; car pour le sage taoïste : « Après la perte de la voie vient la vertu. Après la perte de la vertu vient l’amour. Après la perte de l’amour vient la justice. Après la perte de la justice viennent les rites. » [T.T.K.36] L’enchaînement inéluctable des maux remonte à l’« oubli » fondamental : celui des dieux qui nous habitent et habitent le monde. Les maîtres taoïstes avaient la vision des dieux ; et, en particulier, des dieux intérieurs qui siègent dans chacun des trois palais (de la « tête », du « coeur » et du « ventre »).
C’est par une approche épistémologique, axée sur la connaissance de soi, qu’il devient possible d’apprécier les différences de niveaux et de mode de vie entre le taoïsme originel, ses états dégradés, et la modernité occidentale. Ce petit ouvrage d’Erik Sablé permet cette approche s’appuyant sur de nombreux exemples historiques, artistiques, techniques, etc. Ed. Dervy, Coll. Chemin de sagesses, 2005. 130 p.
—3e millénaire, (77), Automne 2005