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Chargement... Ar Môrpar Anatole Le Braz
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Anatole Le Braz, c’est pour moi avant tout le grand collecteur de légendes bretonnes. Mais c’est aussi l’auteur de nombreuses œuvres de fiction, que je découvre au petit bonheur la chance, et avec un plaisir qui me fait penser qu’il est temps d’être plus assidue dans ma lecture.
Cette nouvelle, avec son titre si évocateur
C’est en effet une histoire de la préhistoire que nous raconte Le Braz. Une préhistoire qui m’a parue fantasmée, mais qui est ancrée dans les connaissances de l’époque puisque « Kymris » est le nom donné par certains à une partie de la population gauloise. Je ne sais si Le Braz adhérait à cette théorie qui a fait long feu, mais il s’en empare avec son talent de conteur et nous fait suivre la grande migration de ce peuple vers le soleil, peut-être à la suite de son chef légendaire Hu-ar-Braz.
Et l’important n’est pas dans la vérité historique, elle est dans la quête de ce peuple nomade, dans ce mot, ces « deux vocables inconnus [qui] s’emplirent d’un bruit si large qu’il retentit, au cœur terrifié des chefs, comme la voix d’un autre monde, comme l’appel de l’infini. » Il est dans l’idée que Le Braz nous donne de sa Bretagne, de sa spécificité qu’il fait ainsi remonter au temps d’avant le temps. Tout est déjà dans cet Ar Môr, le mélange de mort et de beauté que viennent chercher les peintres de la fin du XIXème siècle, le mélange de souffrance et de fascination que l’on retrouve dans les histoires de Terre Neuva. En plaçant sa nouvelle dans des temps préhistoriques, Le Braz érige la Bretagne au rang de l’immuable éternité, cette région qui ne fut et ne sera donc jamais comme les autres.
Une belle histoire, qui se lit d’abord pour elle-même, mais qui dit aussi beaucoup sur la construction de l’identité bretonne depuis un peu plus d’un siècle, que l’on soit d’accord ou non avec la thèse de Le Braz. Une belle découverte pour ceux qui se sentent bretons, et pour ceux qui aiment l’Ar Môr.