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Critiques

‒ Quand des jeunes me rendent visite, j’entends parler de fin du monde. Ils disent que la civilisation s’effondre, que le courant ne reviendra pas, qu’on va tomber en panne d’essence et que plus personne ne viendra des régions du Sud. La nourriture s’épuise, on court un grand danger, c’est le… comment disent-ils ? L’apo… L’apoca…
Evan dévisagea sa vénérable interlocutrice.
‒ L’apocalypse ?
‒ Voilà, l’apocalypse ! Quel mot ridicule ! Je peux te dire qu’il n’y a pas d’équivalent en anichinabé. Et je n’ai jamais entendu de terme approchant dans la bouche des anciens.

(p. 203-204, Chapitre 22, Partie 2, “Biboon - Hiver”).


Je ne suis pas une grande lectrice de romans d’anticipation, mais j’ai toujours eu un petit faible pour les romans post-apocalyptiques. Celui-ci, écrit par un auteur d’origine amérindienne promettait d’être différent, alors je me suis facilement laissée tenter.
Dommage qu’il ne tienne pas ses promesses. Il se passe bien au Nord du Canada, dans une réserve Anichinabée, dont les membres, qui cherchent un équilibre entre modernité et tradition avec plus ou moins de succès, voient peu à peu les systèmes électriques et téléphoniques tomber en panne, et se retrouvent coupés du monde à l’orée de l’hiver. Ils mettent à peu prêt cent pages (sur les 300 que compte le bouquin) pour réaliser qu’une catastrophe a eu lieu et qu’ils ne peuvent compter que sur leurs propres ressources. Tout cela pourrait être intéressant, voir comment ce groupe humain, avec des caractéristiques que l’on ne voit guère explorées dans les romans de ce genre, va réagir, mais finalement, le récit n’est pas si original que cela et n’explore pas de façon assez franche les prémices qu’il s’est lui-même imposés.
Pire, l’auteur évite les moments cruciaux en faisant des bons dans le temps, bien commodes pour ne pas avoir à décrire ce qui se joue dans ces points de bascule, mais il n’évite pas les poncifs. Dans le style d’abord, avec quelques tics de langage, le plus flagrant étant que tous les personnages sont habillés d’un sweat à capuche (le T-shirt avec logo finit par disparaître au bout de 100 pages, quand les températures commencent à vraiment descendre, mais le sweat à capuche est un incontournable en toute saison). Dans les ressorts dramatiques aussi, avec le méchant venu de l’extérieur (c’est tellement plus commode), et puis un méchant qui est vraiment méchant, on ne fait pas les choses à moitié… Et puis je ne relèverai pas ici toutes les incohérences dans l’histoire elle-même.
Je suis donc déçue de cette lecture, je me suis empressée de finir ce livre pour pouvoir passer à autre chose, sans pouvoir me départir du sentiment qu’il avait manqué d’un bon éditeur pour pouvoir donner corps à l’idée de départ, qui était intéressante, mais qui est ici très mal exploitée (mais vêtue d’un sweat à capuche, ne l’oublions pas).

Merci aux éditions Les Arènes de m’avoir permis de découvrir ce livre dans le cadre de la masse critique de Babelio.
 
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raton-liseur | 61 autres critiques | Oct 25, 2022 |