> Haruki Murakami, 1Q84, LIVRE 1, AVRIL-JUIN Paris, Belfond, 2011, 533 p., 23 €.
Id., 1Q84, LIVRE 2, JUILLET-SEPTEMBRE Paris, Belfond, 2011, 529 p., 23 €
Se reporter au compte rendu de Alice BÉJA
In: Revue Esprit No. 379 (11) (Novembre 2011), pp. 175-176… ; (en ligne),
URL : https://esprit.presse.fr/article/alice-beja/haruki-murakami-1q84-livre-1-avril-j...

Alors, aucun doute possible : c'est du Murakami, du Haruki Murakami. Les deux histoires en parallèle qui, on le sent bien à la fin de ce premier tome, ne pourront que se rejoindre, ce goût pour la cuisine et la diététique avec une description circonstanciée des repas des protagonistes, la culture européenne distillée tout au long de l'histoire, et surtout la solitude des principaux protagonistes, qui restent avant tout des êtres en dehors de la société dite normale.

Ce sont des chemins connus chez cet auteur.

Ce qui l'est moins, me semble-t-il, c'est le recours à des scènes de sexe nettement plus explicites que dans ses précédents ouvrages et le recours au fantastique, là où Murakami nous avait davantage habitués à du pur onirisme.

C'est le premier tome bien sûr, mais je me demande si l'ensemble de l'oeuvre finira par m'emporter comme ses précédents livres que j'ai lus. Je reste là un peu sur ma faim. Pour le savoir, rendez-vous au prochain tome et à la prochaine critique. ( )

Pourquoi ce livre?
Ce livre est un cadeau que j’ai énormément apprécié. J’ai passé une période difficile et ce livre m’a beaucoup aidée. Ce roman m’a permis de me déconnecter de la réalité et de me plonger dans son univers magique. J’ai regardé mes problèmes d’un autre point de vue et j’ai compris que tout était possible, que cette période difficile, était en fait une deuxième chance donnée par la vie. Après la lecture de ce roman, j’ai entrepris un voyage ou plutôt un pèlerinage. Je voulais traverser le passage secret dans le monde magique comme l’héroïne du roman, Aomamé. Et j’ai réussi!
Premier aspect qui m’a plu
J'ai été captivée par ce roman dès les premières pages : cette jeune fille en tailleur qui quitte son taxi en plein bouchon sur une bretelle d'autoroute, emprunte l'escalier de service, se rend dans un hôtel chic et plante son pic à glace dans le cou de l'homme avec qui elle avait rendez-vous! On devine alors qu'on a basculé dans un monde parallèle. J'ai adoré la métaphore «des deux lunes» qui brillent dans le ciel de 1Q84 (Murakami, 2011, livre 1, p. 356). L'auteure décrit ces deux lunes de façon si réelle que ça m'arrive souvent en regardant la lune, d'imaginer qu'un jour je puisse moi aussi voir la deuxième lune !
Second aspect qui m’a plu
Ce roman est très instructif, il contient des faits documentaires, historiques, des renseignements dans différents domaines de connaissance. Les lecteurs découvrent la Sinfonietta de Janáček, l’Île de Sakhaline d’Anton Tchekhov, ils en apprennent sur le monde de l’édition du livre, sur le fonctionnement des sectes religieuses ou sur l’entraînement du corps humain. Ces informations sont bien intégrées dans la narration du roman. Si je reprends mes réflexions sur le plaisir de la lecture du TP 1, je peux dire que ce roman est un bon exemple de texte de plaisir quand deux buts se croisent : divertir et instruire (Pozdniakova, 2015, p. 3).
Aspect qui m’a moins plu
Dès le début du roman l’auteur plonge ses lecteurs dans le suspense et les tient en haleine jusqu’au bout. Ce monde fantastique 1Q84, ces «chrysalides de l’air», ces «Little People» (Murakami, 2011, livre 1, p. 427), qui-sont-ils? Que signifient-ils? L’auteur ne donne pas la réponse, il laisse les lecteurs deviner, imaginer la vérité. Je voudrais bien avoir la réponse claire à portée de main. Peut-être que même l’auteur ne connait pas la réponse ou que cette réponse est différente pour chacun de nous.
L’objet livre
Dans la trilogie romanesque de Murakami, chaque volume porte un titre selon l’ordre chronologique des mois : avril-juin; juillet-septembre; octobre-décembre. L’action se passe entre avril et décembre 1984 et cette position exacte sur la ligne de temps donne l’impression de la réalité des évènements. Ce livre est en format de poche, écrit avec une petite police de caractère, sans illustrations. La seule illustration est sur la page de couverture qui représente le visage d’une femme. Lorsqu’on juxtapose les trois volumes, apparaît alors le visage d’Aomamé! Le titre intrigue et nous rappelle immédiatement 1984 de George Orwell et nous donne envie de regarder ce livre plus près. Quand le futur lecteur tourne le dos du livre, il tombe sur le résumé, mystérieux et intrigant. Pour ceux qui ne connaissent pas Haruki Murakami, la biographie de l’auteur au verso de la page de titre confirme que c’est un chef d’œuvre qu’il faut lire absolument! Les chapitres à l’intérieur de chaque volume sont nommés à tour de rôle selon les deux personnages principaux : Aomamé, Tengo. Dans le troisième volume l’auteur ajoute des chapitres pour un troisième personnage qui occupe une place importante dans le roman. En plus, chaque chapitre porte un sous-titre très poétique qui a une signification particulière. Cette succession de chapitres : les vies séparées des deux personnages amène le lecteur vers l’attente de leur rencontre. Et finalement, ça arrive vers la fin, le dernier chapitre se nomme Tengo et Aomamé.

Quel monde étrange que celui proposé par Murakami! Un monde qui, par divers aspects, entre en résonance avec celui d'Orwell. Si 1984 était sous la tutelle de Big Brother, ce sont les Little People qui semblent régir celui des deux lunes. Ce n'est pas un régime totalitaire qui donne le ton à la société, mais la liberté aménagée laisse un mouvement sectaire se bâtir un espace qui entre en conflit avec elle. Tengo Kawana, comme Winston Smith, a des projets d'écriture. Et l'histoire s'articule autour d'une relation amoureuse impossible.

Construit entre le roman policier, le roman sentimental et le fantastique, 1Q84 s'insère en alternance dans les deux mondes parallèles que sont ceux de Tengo et d'Aomamé, des êtres qui ne sont pas absents de passé. C'est la réécriture du premier roman d'une jeune femme de dix-sept ans qui établira le décor du monde d'1Q84 ou de La ville des Chats, mais jamais les lecteurs de La chrysalide de l'air n'auraient pu imaginer que ce monde halluciné n'ait pu être autre chose qu'une invention d'une jeune auteure créative.

La saga nippone de Murakami se décline en trois tomes et en sensibilité.

[http://rivesderives.blogspot.ca/2015/07/1q84-haruki-murakami.html] ( )

Un petit peu lent, mais rempli de bonnes choses. Se termine dans l'attente de lire le volume suivant ! ( )