Louis-Marie Oresve

> A LA RECHERCHE DU SECRET MAÇONNIQUE, de Louis-Marie Oresve. — Louis-Marie Oresve, par son expérience orientale de la spiritualité, est très sensible au vécu. A l’instar des initiés grecs, il distingue la foi de la pistis qui est « l’expérience intime de celui qui connaît parce qu’il l’a vécu. » En effet « l’expérience » ne relève pas de l’idolâtrie, et nous partageons son point de vue lorsqu’il constate que « l’idée qu’une cérémonie particulière, "l’initiation". puisse d’emblée permettre d’accéder à la vie spirituelle est une idée fantaisiste » ! La voie spirituelle est un « art qui requiert l’homme dans son entier ». Par cette approche, l’auteur reconnaît une certaine identité de principe entre le tantrisme, l’alchimie et la voie maçonnique qui s’y relie. Lecteur non sectaire de René Guénon, il dénonce l’abus intégriste de l’emploi des notions de « voie mystique » et « voie initiatique », sans pour autant soulever l’importance de les distinguer d’une manière plus actuelle. La situation étant plus grave aujourd’hui, dans la mesure où les individus qui récusent la voie mystique en ignorent totalement les démarches, tout en lui opposant des idées pseudo-initiatiques : à savoir des idées toutes faites issues de lectures superficielles - ou non fondées sur l’être. Louis-Marie Oresve indique l’inversion notable de la position bien-pensante de la très grande majorité des maçons à l’égard de R. Guénon - référence obligée à une époque, aujourd’hui oubliée par la pensée unique.
Eclairé par une incontestable culture spirituelle, l’auteur sait voir « les richesses mais aussi les lacunes » de la voie maçonnique actuelle. Avec beaucoup de bon sens, il fait remarquer que « la situation normale d’une société, c’est d’être en crise ». Une société, fut-elle "initiatique", passe donc par des crises successives de maturation, jusqu’à, sans doute, disparaître du plan collectif ; n’en reste-t-il alors que la dépouille ? « Au risque de choquer la plupart de ceux qui, déjà ultraminoritaires dans l’institution, ont une perspective spirituelle de la franc-maçonnerie, il me paraît qu’elle ne revêt le plus souvent aujourd’hui, dans le meilleur des cas, que les formes d’une pseudo-religion. » Ce jugement est lucide, l’ensemble du livre également. Ed. Alphée, 2005 - 235 p.
—3e millénaire, (78), Hiver 2005… (plus d'informations)