Jacques De Decker (1945–2020)

Apothicaire, Henrik Ibsen ne tarde pas à quitter le laboratoire où il s'ennuie et à écrire deux drames historiques, 'Catilina' et 'Le Tertre du guerrier'. Après avoir été instructeur au théâtre de Bergen, il part à Copenhague où des rencontres philosophiques et artistiques alimentent son oeuvre : 'Dame Inger d'Ostraat', 'La Fête à Solhaug'... Le théâtre d'Oslo dont il devient directeur à son retour en Norvège fait faillite, il part alors en Europe et développe de nouveaux grands thèmes comme celui de la défense de l'individualisme. Après ses pièces traditionnelles, il n'écrira plus que des drames contemporains où il décrit les tares de la société bourgeoise et l'affrontement entre l'individu et la 'majorité compacte' : 'L' Union des jeunes', 'Une maison de poupée', 'Le Canard sauvage', 'Hedda Gabler'... Ces pièces, aux personnages denses, expriment, grâce à une profondeur psychologique et symbolique, la position ambiguë de l'auteur : s'il critique la morale traditionnelle et défend l'idée que tout homme détient une passion, la clef du tragique 'ibsénien' réside dans le doute, lié à la condition humaine, qui reste infranchissable.… (plus d'informations)

Jacques de Decker retrace ici l'itinéraire d'un des géants du théâtre universel, Henrik Ibsen, devenu de son vivant l'égal, ou peu s'en fallut, de Sophocle, de Shakespeare ou de Schiller. La biographie littéraire demeure un exercice complexe car son auteur doit savoir parfaitement équilibrer ses éléments constitutifs : le contexte (économique, artistique, politique, etc...), la vie de l'écrivain (familiale, professionnelle, financière, etc...) et sa production (résumés, analyses a minima, impact sur son temps et sur la postérité).

Il faut bien reconnaître que l'entreprise est à moitié réussie : De Decker dépeint relativement bien l'homme intime et ses difficultés de tous ordres ; le contexte norvégien, en l'absence d'une abondante littérature historique en français, est correctement retranscrit ; par contre les commentaires sur l'œuvre sont parcellaires, souvent limités à un simple résumé des pièces.

Certes, De Decker ne cherche pas à s'aventurer au-delà de ce qu'il connaît à peu près (ce qui est louable) mais donne-t-il vraiment envie au lecteur d'aller plus loin dans la production ibsénienne? Car cette petite collection synthétique, à défaut de produire de vastes et originales biographies, s'adresse plutôt au lecteur béotien, et cherche à lui donne quelques pistes pour s'orienter dans la production de tel ou tel artiste.
Ici, le pari n'est pas tenu.
A lire rapidement, à défaut d'autre chose, en parallèle de la lecture des pièces d'Ibsen.… (plus d'informations)