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Ulrich Alexander Boschwitz (1915–1942)

Auteur de Le voyageur

9 oeuvres 502 utilisateurs 22 critiques

A propos de l'auteur

Comprend les noms: John Grane

Crédit image: Ulrich Alexander Boschwitz in the early 1930s

Œuvres de Ulrich Alexander Boschwitz

Le voyageur (1939) 480 exemplaires
Menschen neben dem Leben (2019) 14 exemplaires
Mensen naast het leven roman (2024) 2 exemplaires
Cestující (2019) (2019) 1 exemplaire
Podróżny (2019) 1 exemplaire
Putnik : roman (2023) 1 exemplaire
The Fugitive (1940) 1 exemplaire

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Critiques

Je ne suis pas germanophone, mais je trouve intéressant de voir que ce roman a été publié une première fois en France en 1945 sous le titre Le Fugitif (et sous le pseudonyme de John Grane), alors que sa réédition, qui accompagne sa première parution en Allemagne en 2018, s’intitule Le Voyageur. Il semble que la seconde traduction soit plus fidèle au titre original, Der Reisende, mais ce glissement de la situation de fugitif à celle de voyageur, la sorte de normalisation qui en découle me paraît importante à souligner car elle peut modifier le regard initial que l’on porte sur Otto Silbermann, ce voyageur inlassable.
Car c’est Silbermann (comme dans le livre éponyme de Jacques de Lacretelle) que se nomme le personnage principal et presque unique de ce texte. Un texte condensé, qui suit les tribulations tant physiques que mentales de notre personnage, dans les quelques jours qui suivent la Nuit de Cristal en novembre 1938. Otto Silbermann réussit à s’enfuir de chez lui avant d’être victime d’exactions, mais il se retrouve tout à coup, lui le citoyen prospère et tranquille, en train de fuir alors qu’il n’a enfreint aucune loi, en train de se méfier alors qu’il n’a rien à se reprocher. Il perd en l’espace de quelques jours tout ce sur quoi sa vie était bâtie, et c’est un homme paralysé par une situation qu’il ne comprend pas et une peur grandissante que l’on voit se débattre dans les rets d’un filet qu’il sent se resserrer petit à petit.
Et pour fuir, Silbermann prend des trains et encore des trains. Mais c’est l’indécision qui le caractérise, et ce de plus en plus. Il prend un taxi, donne une adresse et change d’avis deux rues plus loin, il commande une bière mais part sans la boire, tout est comme cela dans ce livre. Comme un moustique qui se cogne incessamment à des parois de verre qu’il ne voit pas. Et pour accompagner ces mouvements erratiques, on suit les pensées désordonnées du personnage, dans une sorte de flux de conscience qui dure les trois ou quatre jours que couvre ce livre.
Silbermann n’est pas tout à fait un personnage agréable. Il aime son argent, ça c’est certain (l’argent et le sentiment de sécurité et de bon droit qui y est associé). Il a des principes moraux mais il ne les respecte pas toujours… Mais il est, avec ses défauts, un personnage ordinaire et, même si ses défauts ne sont pas forcément les nôtres (et inversement), ce côté ordinaire permet de s’identifier : comment réagirais-je si je voyais toute ma vie basculer en un instant ou presque ? si la société se retournait tout à coup contre moi ? Et la réponse que propose ce livre n’est pas très jolie. La perte de repères et de direction, les réactions déplacées parce qu’on veut sauver sa peau, tout cela fait de ce texte un livre très dérangeant mais qui sonne terriblement juste.
L’auteur, Ulrich Alexander Boschwitz, est lui-même un juif allemand mais il a pu fuir l’Allemagne trois ans avec cette fameuse Nuit de Cristal. Comme son personnage, ses origines ne se lisent pas sur son visage, et d’ailleurs il était de culture protestante. Se trouver englobé dans la persécution des juifs a dû lui paraître une immense injustice. Ce roman utilise beaucoup de son expérience, on peut aussi penser que la psychologie du personnage s’en inspire aussi, ce qui rend ce livre d’autant plus précieux pour le témoignage de (presque) première main qu’il nous donne. Boschwitz n’aura publié que deux romans (Le Voyageur étant le second), car il meurt prématurément en 1942, le navire anglais sur lequel il se trouve étant torpillé par un sous-marin allemand. Finalement, les nazis l’auront rattrapé, comme ils rattraperont probablement Otto Silbermann.
Un livre qui se lit assez facilement mais dont chaque instant de lecture est dérangeant. Il n’y a pas de gentil dans ce roman, seulement des personnages qui se débattent dans une société en pleine mutation, qu’ils soient partie prenante ou non dans cette mutation. Un roman qui décrit des mécanismes sociaux et psychologiques qui ne sont pas seulement ceux de l’Allemagne ou ceux des Nazis, suivez mon regard… Un livre intéressant à lire à la lumière des événements d’hier et des événements de demain. Un moment de lecture que je recommande vivement, pour un livre qui devrait être plus connu que ce qu’il n’est.
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Signalé
raton-liseur | 19 autres critiques | Dec 15, 2021 |

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