Gilbert Achcar

G. Achkar développe une analyse très clairement marxiste des révolutions arabes. En repartant des analyses de marx attribuant les révolutions aux contradictions qui apparaissent entre les forces productives matérielles et les rapports de production existants, il propose une lecture des impasses des modèles de développement néolibéraux à la sauce (néo)patrimonial qui ont cours dans les pays concernés validant globalement le diagnostic de ces révoltes comme révoltes d'origine socio-économique. Mais le déploiement des révolutions montre une divergence de destinée entre des pays où les structures sociales en place ont été véritablement balayées (la Libye essentiellement) et celles où d'une manière ou d'une autre, elles se sont maintenues en écartant simplement les représentants les plus compromis du capitalisme local - essentiellement les familles dirigeantes : c'est le cas de la Tunisie et de l'Egypte.
Les deux premiers chapitres présentent une bonne synthèse des enjeux socio-économiques même si les cas nationaux ne sont pas abordés en détail.
Le chapitre 3 renvoie aux grandes contraintes géopolitiques régionale, et les chapitres 5 et 6 fournissent un bilan d'étape des révolutions et une analyse des formes de récupération. La conclusion expose les chances d'une révolution authentique, c'est-à-dire renversant véritablement l'ordre néolibéral régnant.
Mon appréciation générale est très positive parce que le livre est clair dans sa démarche, convaincant dans son argumentation socio-économique et politique et en même temps il distingue bien les différents cas étudiés. Mon principal regret serait que la dimension géographique est vraiment trop absente de son analyse mais peut être est-ce lié à un effet d'échelle, les révolutions étant lues d'une manière globale et globalement, de manière très convaincante.… (plus d'informations)