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Megan AbbottCritiques

Auteur de You Will Know Me

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Critiques

Pourquoi ce livre ?
J’avais envie de lire un « page turner », quelque chose de simple et d’accessible, après des lectures plus corsées et difficiles à terminer, et c’est pourquoi j’ai choisi ce titre. Par contre, j’avoue que je ne sais plus trop comment j’ai entendu parler de ce livre… Si je me souviens bien, je l’ai croisé sur un site web qui recensait des bons thrillers, et celui-ci m’a frappé parce qu’il se déroule dans le monde de la gymnastique.

Un aspect qui m’a plu :
Ce qui m’a d’abord frappé, c’est l’univers du roman, plutôt atypique pour un thriller : le monde de la gymnastique adolescente. Il fallait le faire ! J’ai aimé explorer ce monde qui m’est à la fois vaguement familier (je regarde les Olympiques comme tout le monde) et fondamentalement étranger. J’appréciais les descriptions des programmes d’exercices, de la psychologie des personnages sportifs et perfectionnistes, etc. J’ai donc aimé me plonger dans un univers inconnu et, surtout, voir comment l’auteure allait se débrouiller pour construire une intrigue de thriller dans celui-ci.

Un aspect qui m’a moins plu :
La pauvreté du style. C’était peut-être à prévoir, puisqu’il s’agit avant tout d’un roman de divertissement qui se veut accessible à tous, mais le style m’a semblé parfois banal et inerte. Je trouvais qu’il manquait de ces petites épiphanies – une phrase inattendue qui éclaire un personnage autrement, un paragraphe qui ouvre sur une réflexion inédite – qui rendent la langue d’un livre vraiment séduisante. J’aurais préféré un peu plus d’attention portée au style, et je ne crois pas que le rythme du récit en aurait été affecté.

L’objet livre :
Il s’agit d’un livre imprimé somme toute traditionnel. Il est divisé en cinq parties, qui chacune contient plusieurs chapitres assez courts, et parties et chapitres suivent la progression chronologique de l’intrigue. Le papier est plutôt épais et de bonne qualité pour un livre à grand tirage, et l’encre est dense et bien imprimée, sans pâleurs occasionnelles comme dans certains livres grand public (et surtout, elle sent bon !). La typographie du livre d’Abbott est spécialement agréable à lire : élégante sans être encombrée de fioritures, avec un léger empattement qui n’accroche pas l’œil, et son italique n’est pas trop exagéré. Le livre ne contient pas d’illustrations.
Sur le plan des éléments paratextuels, la page de couverture est frappante : c’est un gros plan sur le profil plongé dans l’ombre d’une jeune fille (sûrement la gymnaste au cœur du récit). Elle annonce bien l’ambiance menaçante et mystérieuse du récit. Sinon, la page de titre, le résumé et la biographie de l’auteure m’ont semblé assez canoniques et ne m’ont pas marqué outre mesure.
Je crois que plusieurs des éléments que j’ai mentionnés contribuent à installer un puissant rapport sensoriel entre l’objet livre et moi, en particulier le papier, l’encre et la typographie. En fait, ces derniers sont carrément essentiels pour me procurer une expérience de lecture vraiment satisfaisante. Me plonger dans un livre, ce n’est pas uniquement me plonger dans l’acte intellectuel de la lecture : c’est aussi quelque chose de corporel. Cet acte va de la posture adoptée dans un fauteuil préféré à tous ces éléments paratextuels. Pour moi, entrer en contact avec l’univers singulier d’un auteur implique nécessairement toute ma personne et, pour ce faire, j’ai besoin d’impliquer aussi mon corps, qui trouve toujours plaisir au papier agréable à toucher, à l’odeur spéciale de l’encre, à une typographie harmonieuse, etc.
 
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xavier6344a16 | 71 autres critiques | Oct 12, 2016 |
Jean Spangler, danseuse et aspirante actrice de vingt-six ans, se volatilise mystérieusement le 7 octobre 1949 à Los Angeles. Elle n’a jamais été retrouvée. En fait, seul son sac à main sera retrouvé, contenant une note sibylline adressée à un certain Kirk, (Kirk Douglas, qui était la star du film où elle avait un petit rôle ?).Megan Abbott s’est inspirée de ce fait divers qui a passionné l’Amérique, autant que la mystérieuse affaire jamais résolue du Dalhia Noir, dans les années 50.

C’est donc une fiction que nous propose Megan Abbott. Elle met en scène Gil Hopkins (comme le héros de James Ellroy), prêt à tout, comme Jean Spangler, pour vivre le grand rêve hollywoodien. Deux ans après la disparition de Jean, Hopkins, devenu attaché de presse pour un grand studio, est contacté par Iolène, la meilleure amie de Jean, qui l’accuse d’avoir privilégié la protection des acteurs impliqués dans l’affaire plutôt que d’avoir agi pour la recherche de la vérité. Hopkins est en effet l’une des dernières personnes à avoir vu Jean quitter la boite où ils passaient la soirée avec un duo d’acteurs à la réputation sulfureuse.

En amatrice de films noirs américains de série B (j’en ai regardé beaucoup, il y a quelques années), j’ai beaucoup aimé cette évocation du Hollywood des années 50, cette industrie du cinéma qui vendait du rêve à des millions de personnes mais broyait impitoyablement les espoirs d’une foule de jeunes starlettes venues tenter leur chance. Megan Abbott mêle adroitement fiction et réalité en évoquant des personnages réels, comme Louella Parsons, redoutable commère qui, d’un seul mot assassin, pouvait ruiner tout espoir de carrière, ou Barbara Payton, starlette capricieuse à la carrière déclinante, où encore ces acteurs adulés, personnages parfaits sur la toile, mais complètement déboussolés, parfois pervers, dans la vraie vie.

Pas vraiment une "pulp fiction", genre en vogue dans ces années-là, Absente se présente davantage comme une "redemption novel", construit à la manière des films noirs, avec un scénario apparemment simple, où l’ambiance compte plus que les rebondissements (amateurs de frissons, s’abstenir). Gil Hopkins est un vrai personnage de film noir. Ambitieux, sans état d’âme et déterminé à réussir dans un environnement impitoyable, séducteur et cynique, il reste cependant sincère et retrouve son intégrité, en s’investissant dans cette enquête, dont il ne sortira pas indemne.
 
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perduedansleslivres | 16 autres critiques | Nov 22, 2011 |