Énième film sur l'adultère, on pourrait être tenté de passer son chemin. Pourtant, ce serait passer à côté de la singularité de sa réalisatrice dont j'avais beaucoup aimé le superbe film Ceux qui restent.
L'interprétation subtile et très juste des quatre comédiens si judicieusement choisis (Bacri, Carré, Baye, Poupaud), les visions décalées par de furtifs grains de folie, les séquences de chant choral intervenant comme un chœur antique entre les scènes du film, forment une comédie réussie qui sombrera dans le drame lorsque le couple adultère sera brusquement découvert par les deux conjoints trompés.
La relative légèreté de la première heure du film faite de nombreuses scènes ensoleillées d'amitié dans le jardin entre deux couples nouvellement voisins -même si le spectateur sent affleurer les fêlures à travers la quantité d'alcool et de cigarettes consommés, les contenus de certaines conversations- tranche avec le cauchemar sombre de la tromperie qui touche à la fois les conjoints et les amis.
Comme dans Ceux qui restent, Noémie Lvovsky sait filmer les dialogues, les maladresses, les non-dits, les crises, et surtout les instants fugaces du bonheur d'aimer qui démultiplient le sentiment d'exister.
Aucun cynisme chez l'homme d'âge mûr et la jeune femme qui tombent amoureux l'un de l'autre mais des sentiments mêlés de bonheur intense, de tristesse et de culpabilité à tromper et à dissimuler. Parenthèse enchantée, fragile et provisoire suite à une sorte de météorite insondable qui chavire les cœurs.
Regard acéré sur l'usure du couple, regard cruel sur la fragilité de l'amour que l'on croit invincible, constat amer et tranchant des conséquences de la duplicité. ( )