Créateur reconnu des illustres Raymond Calbuth et Jean-Claude Tergal, Didier Tronchet a bien élargi sa palette. De l’humour caustique sur la médiocrité du quotidien, il s'est dirigé, avec sa compagne Anne Sibran, vers la nostalgie autobiographique (Le quartier évanoui) ou l'aventure « grand siècle » avec Le peuple des endormis. De la BD, il est aussi passé sur les planches, puis derrière la caméra et vient même de reprendre la rédaction en chef de l'Echo des Savanes.
Son nouvel La gueule du Loup, suit un peu le même chemin : le début paraît s'inscrire dans l’univers de la satire sociale et des loosers magnifiques, version dérivée d'un « Jean-claude Tergal en speed-dating ». Mais la rencontre improbable entre François (sans doute le premier premier gynécologue héros de BD !), Ilena la jeune roumaine au parcours mystérieux et Jacky, zonard amateur de chiens et en mal d'affection, débutée comme une histoire d'humour, s’assombrit, pour plonger dans le vrai roman noir.
Si le dessin reste classiquement caricatural et "tronchetien", l'intrigue de cette comédie dramatique, rythmée et pleine de rebondissements, dévoile une vraie histoire d’amour et d’amitié, sur fond de courses-poursuites, comme le film qu'il a failli être. Bref, un album différent, mais où Tronchet égal à lui-même, ajoute une nouvelle belle pierre à son oeuvre. ( )