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Chargement... La Douleur (1985)par Marguerite Duras
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Cinq textes écrits par M. Duras à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Aucune description trouvée dans une bibliothèque |
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Google Books — Chargement... GenresClassification décimale de Melvil (CDD)843.912Literature French and related languages French fiction Modern Period 20th Century 1900-1945Classification de la Bibliothèque du CongrèsÉvaluationMoyenne:
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Ainsi s'ouvre La Douleur, un texte hors norme, d'une force hallucinante qui laisse souvent sans voix, que Marguerite Duras dit avoir oublié et retrouvé un jour (information difficilement vérifiable quand on sait la capacité de l'auteur à inventer et réinventer sa vie).
Douleur d'une femme, celle de Marguerite Duras, qui connaît l'angoisse de l'attente jusqu'à la folie, l'anéantissement de soi. L'attente de son mari Robert Antelme, emprisonné dans un camp de concentration en Allemagne et dont elle n'a plus de nouvelles.
Jour après jour, inlassablement, avec la fièvre de l'épuisement nerveux, Marguerite Duras raconte comment elle s'emploie à traquer le moindre indice d'un possible retour qui semble de plus en plus impossible, comment elle se rend à la gare d'Orsay où reviennent parfois au compte-gouttes un certain nombre de déportés.
Peut-être se passera-t-il quelque chose aujourd'hui? Rencontrera-t-elle quelqu'un qui a vu Robert Antelme, qui sait quelque chose de lui? Rentrant bredouille, elle y retournera encore le lendemain après s'être pourtant juré de ne plus jamais y remettre les pieds. Puis le lendemain et le surlendemain encore. Sait-on jamais.
Les mots secs jaillissent et claquent. Ils sont issus d'une transe, d'un état halluciné où la folie rôde à chaque instant, où l'envie de vivre et de mourir se livrent une bataille insensée, où l'on ne sait plus qui on est :
"Qu'est-ce que c'est que toute cette histoire? De quoi s'agit-il? Qui c'est ça, Robert L.? Plus de douleur. Je suis sur le point de comprendre qu'il n'y a plus rien de commun entre cet homme et moi. Autant en attendre un autre. Je n'existe plus. Alors du moment que je n'existe plus, pourquoi attendre Robert L.? Autant en attendre un autre si ça fait plaisir d'attendre? Plus rien de commun entre cet homme et elle. Qui est ce Robert L.? A-t-il jamais existé? Qu'est-ce qui fait ce Robert L., quoi? Qu'est-ce qui fait qu'il soit attendu, lui et pas un autre. Qu'est-ce qu'elle attend en vérité? Quelle autre attente attend-elle?."
Nul doute que ce court texte de 70 pages, d'une rare intensité, ait été écrit dans l'urgence de celle qui se raccroche à un travail d'écriture susceptible de sauver de la noyade d'un désespoir noir. Le résultat est tout à fait saisissant.
La deuxième partie du livre rassemble cinq autres textes (d'intérêt plus inégal), parmi lesquels se distinguent clairement le récit de sa relation trouble avec celui qu'elle appelle Pierre Rabier, agent de la Gestapo, dont elle espère l'aide pour libérer son mari, et la description d'une séance de torture qui fait froid dans le dos, à laquelle Marguerite Duras assiste avec une complicité à la fois sadique et horrifiée.
Une illustration édifiante de la facilité avec laquelle on peut perdre son humanité dans un contexte de guerre, face à l'ennemi. ( )