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Chargement... Les abeilles grises (2019)par Andrej Kurkow
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Inscrivez-vous à LibraryThing pour découvrir si vous aimerez ce livre Actuellement, il n'y a pas de discussions au sujet de ce livre. Quelque part en Crimée, dans un village pris en étau entre l’Ukraine et les séparatistes, vit Sergueïtch. Il soigne ses abeilles, rend visite à son voisin, observe les soldats au loin, puis, au printemps, embarque ses ruches pour les mettre en lieu sûr. Un road-trip en temps de guerre, un roman tendre et poétique, peut-être un peu long, qui parle de solitude, de désarroi et de débrouillardise, qui ne cache pas les violences et les absurdités des combats mais préfère rêver de fraternité et de paix. ( ) Le silence, c’est vrai, est chose capricieuse, phénomène sonore personnel, chaque individu l’ajuste, l’adapte à sa mesure. Autrefois, le silence pour Sergueïtch était le même que pour les autres. Le bourdonnement d’un avion dans le ciel ou le chant d’un grillon s’introduisant la nuit par le vasistas en faisait facilement partie. Tous les bruits discrets, qui ne suscitent pas d’agacement ni ne font se retourner, deviennent au bout du compte des éléments du silence. Il en était ainsi autrefois du silence de la paix. Il en était devenu ainsi du silence de l guerre, où le fraceas des armes avait évincé les bruits de la nature, mais à force de lassitude, était devenu coutumier, s’était comme glissé lui aussi sous les ailes du silence, avait cessé d’attirer l’attention sur lui. A présent, il n’y avais plus là -bas d’autorités, mais le calme régnait. Certes il y régnait déjà avant, preuve que les autorités n’y étaient pour rien. Qu’elles soient là ou non, c’est du pareil au même. Les gens simplement étaient paisibles, plus concentrés sur eux-mêmes et sur leur foyer que sur la politique. L’Ukraine, un pays qui fait l’actualité depuis plusieurs mois, et que je ne savais que très vaguement situer sur une carte. A côté des discours officiels trop monolithiques et des raccourcis trop fréquents des médias, je me suis dit qu’un peu de littérature serait, parmi d’autres, un bon moyen de chercher à y voir plus clair. Ce livre, par un hasard de calendrier, a été publié quelques semaines avant le début de l’offensive russe. Ecrit par un des rares auteurs ukrainiens contemporains connus en France et se passant dans la région du Donbass, c’était, semblait-il, le livre idéal pour tenter de répondre à mes questions. Cela n’a pas été le cas. Non parce que le livre m’a déplu, mais plutôt parce qu’il ne dit pas grand-chose de l’Ukraine. Si, il dit le bortsch, et je me suis aperçue que c’est bien plus complexe qu’une simple soupe de betteraves. Il dit aussi les mille façons d’avoir mal au crâne après une cuite (par contre, il n’y a qu’une façon de prendre une cuite, c’est la vodka. Les deux seules nuances sont que parfois elle est frelatée, parfois non ; parfois elle est bue seule, parfois il faut partager la bouteille). Mais à par ces deux traits culturels, c’est surtout un livre qui dit l’absurdité de la guerre, qu’elle soit en Ukraine ou ailleurs. Car c’est cela ce livre, l’histoire de Sergueïtch, resté seul avec son rival de toujours, Pachka, dans son village de la zone grise, pas loin de la ligne de front entre Russes et Ukrainiens. Un village où la vie touche à l’absurde (l’absurde d’un Sisyphe), où les noms des rues montrent l’ambivalence des attaches culturelles : l’une est la rue Lénine, pas besoin d’explication, l’autre est la rue Chevtchenko, artiste ukrainien du XIXème siècle chantre de l’indépendance du pays (il m’a fallu quelques recherches pour trouver ce quel Chevtchenko il pouvait s’agir, car il y en a beaucoup, et si l’allusion est transparente pour un lecteur ukrainien, elle ne l’était pas pour moi…), deux noms de rue interchangeables, comme une identité mouvante. Et qu’est-ce qui fait que parmi ces deux villageois, l’un semble plutôt avoir un penchant pour les Russes et les séparatistes et l’autre pour les Ukrainiens et les unionistes ? Mais Sergueïtch est apiculteur et ses abeilles ne feront pas de miel au son des canons, alors il part, avec ses ruches dans sa remorque. Une première escale d’abord près de Zaporidja, dans une Ukraine libre de combats, puis vers Simferopol, en Crimée, une région ukrainienne annexée par la Russie il y a quelques années sans que la communauté internationale n’en soit émue plus que quelques heures ou quelques jours. Ces deux épisodes sont assez intéressants dans le parallélisme des évènements qui s’y passent, dans la façon dont la population accepte Sergueïtch puis le rejette. Lui, citoyen de la zone grise, qu’est-il finalement ? Ukrainien, Russe, ou bien juste cela, citoyen d’une zone grise, d’une zone sans appartenance, d’une zone en suspens, comme sa vie semble en suspens. Finalement, si, c’est un livre qui parle de l’Ukraine, en creux, mais c’est surtout un livre qui parle de la guerre en général et des guerres qui s’éternisent en particulier. De ce qu’elles font sur les vies et sur les identités. Un livre d’une grande douceur et d’une grande tendresse malgré le sujet, un livre finalement assez douloureux que j’ai refermé à regret en abandonnant Sergueïtch à son sort incertain, à son sort de zone grise, en me demandant quel goût aurait ce miel, fait d’un peu d’Ukraine, d’un peu de Russie de Crimée, et de beaucoup de gris. aucune critique | ajouter une critique
Appartient à la série éditorialeOtavan kirjasto (301) Prix et récompensesListes notables
Dans un petit village abandonné de la «zone grise», coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte: Sergueïtch et Pachka. Désormais seuls habitants de ce no man’s land, ces ennemis d’enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Aux conditions de vie rudimentaires s’ajoute la monotonie des journées d’hiver, animées, pour Sergueïtch, de rêves visionnaires et de souvenirs. Apiculteur dévoué, il croit au pouvoir bénéfique de ses abeilles qui autrefois attirait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances d’«apithérapie». Le printemps venu, Sergueïtch décide de leur chercher un endroit plus calme. Ayant chargé ses six ruches sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part à l’aventure. Mais même au milieu des douces prairies fleuries de l’Ukraine de l’ouest et du silence des montagnes de Crimée, l’œil de Moscou reste grand ouvert... Aucune description trouvée dans une bibliothèque |
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Google Books — Chargement... GenresClassification décimale de Melvil (CDD)891.735Literature Literature of other languages Literature of east Indo-European and Celtic languages Russian and East Slavic languages Russian fiction 1991–Classification de la Bibliothèque du CongrèsÉvaluationMoyenne:
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