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Chargement... Kaputt (1944)par Curzio Malaparte
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Inscrivez-vous à LibraryThing pour découvrir si vous aimerez ce livre Actuellement, il n'y a pas de discussions au sujet de ce livre. Lu peu de temps après Kaputt, de façon parcellaire, j'ai été bouleversée par l'écriture de Malaparte, sa façon unique de décrire l'horreur de la guerre, la mort, la misère, la faim, avec toute la poésie d'un grand écrivain. La manière dont il peint le tableau des souffrances d'une époque que l'on voudrait révolue est d'autant plus saisissante qu'elle est vue à travers un bestiaire surprenant qui rend la réalité encore plus cruelle et douloureuse. aucune critique | ajouter une critique
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Curzio Malaparte was a disaffected supporter of Mussolini with a taste for danger and high living. Sent by an Italian paper during World War II to cover the fighting on the Eastern Front, Malaparte secretly wrote this terrifying report from the abyss, which became an international bestseller when it was published after the war. Telling of the siege of Leningrad, of glittering dinner parties with Nazi leaders, and of trains disgorging bodies in war-devastated Romania, Malaparte paints a picture of humanity at its most depraved. Kaputt is an insider's dispatch from the world of the enemy that is as hypnotically fascinating as it is disturbing. Book jacket. Aucune description trouvée dans une bibliothèque |
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Google Books — Chargement... GenresClassification décimale de Melvil (CDD)940.54217092History and Geography Europe Europe 1918- Military History Of World War II Campaigns and battles by theatre European theatreClassification de la Bibliothèque du CongrèsÉvaluationMoyenne:
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Malaparte est un drôle de personnage et pour le moins trouble. Né en 1898 d'un père allemand et d'une mère lombarde, il est à la fois écrivain, cinéaste, journaliste, correspondant de guerre et diplomate italien. A l'âge de 16 ans, il triche sur son âge pour être engagé comme volontaire dans l'armée française. Dès 1922, il adhère au parti fasciste et en deviendra même un de ses théoriciens. Fasciste repenti, il sera emprisonné 5 ans pour avoir critiqué Hitler.
Dans un style féroce, cynique et glacé, le livre composé en 6 parties (dont les titres désignent toujours des animaux, depuis les chevaux jusqu'aux mouches) relate dans un baroque morbide, son expérience de correspondant de guerre à l'Est pendant le seconde guerre mondiale. On assiste à un véritable cauchemar de destruction et d'horreur tandis que princes et diplomates poursuivent leurs conversations mondaines. On a un peu parfois l'impression d'être chez Proust au pays de Dante.
Mais ce sont les visions d'horreur et volontiers morbides que l'on garde en mémoire :
""Il n’y a pas de voix humaine qui puisse égaler celle des chiens dans l’expression de la douleur universelle. Aucune musique, pas même la musique la plus pure ne parvient à exprimer la douleur du monde aussi bien que la voix des chiens. C’étaient des notes modulées, vibrantes, maintenues sur le fil d’une respiration longue et égale, qui se brisait tout à coup en un sanglot profond et clair. C’étaient des appels éperdus, des appels déserts au milieu des marais, des fourrés, des champs de roseaux et de joncs où le vent passait avec un murmure et un frisson. Sur l’eau des étangs flottaient des corps morts ; des vols de corbeaux, dorés par la lune, se soulevaient pesamment, avec un silencieux battement d’ailes, des charognes de chevaux abandonnés le long des routes. Des bandes de chiens faméliques tournaient autour des villages où quelques maisons fumaient encore comme des tisons. Ils passaient au galop – ce galop lourd et serré d’un chien apeuré – en tournant çà et là leur tête, la gueule ouverte, les yeux rouges et scintillants et, de temps en temps, s’arrêtaient pour aboyer lamentablement à la mort".
Au bout de sa course de 4 ans à travers l'Europe en destruction, alors qu'il arrive à Naples, l'auteur et narrateur rejoint un autre enfer qui attire les mouches. L'occasion de clore le livre avec ce dialogue :
"- Hé, mais à Naples aussi, nous avons bien lutté contre les mouches. Nous avons réellement fait la guerre aux mouches. Voilà trois ans que nous faisons la guerre aux mouches.
- Mais alors, comment se fait-il qu'il y ait encore tant de mouches, à Naples ?
- Eh, que voulez-vous, monsieur, ce sont les mouches qui ont gagné !"
La traduction française de Juliette Bertrand m'a semblé inégale : tantôt capable de restituer le souffle lyrique et le génie littéraire de l'auteur, tantôt incapable d'éviter les maladresses (telles que "la nuit était noire comme une pierre noire" ou "la pluie tombait dure et pesante comme une pluie de pierres"... à moins que la traductrice ait souhaité respecter la répétition du texte original ?).
Kaputt est un livre qui ne ressemble à nul autre. Il s'agit d'un livre halluciné et inhabitable, écrit avec un humour noir et une férocité d'ogre propre à hanter le lecteur. Plusieurs passages m'ont toutefois paru longs et ennuyeux.
Il fait tout particulièrement partie de ces livres qu'il est bon d'avoir lus mais pas nécessairement de lire. ( )