Cette oeuvre de Cukor est un remake du remarquable film de Wellman, sorti en 1937. Casting de rêve puisqu'on peut difficilement rêver de meilleur duo que celui que forment Judy Garland (dans le rôle d'une star montante) et James Mason, dans le rôle d'un acteur sur le déclin, que l'alcool et les excès en tous genres ont abimé.
C'est grâce à son regard et à son amour à lui qu'elle parviendra au sommet. Quant à elle, elle s'imaginait que son amour sans limites pour son pygmalion le sauverait de ses démons ; elle assistera pourtant, impuissante, à sa déchéance précipitée par la cruauté d'Hollywood.
Cukor s'est largement affranchi de l'histoire de la jeune Esther Blodgett (qui sera d'autorité rebaptisée Vicky Lester pour les besoins du show-business) avant son ascension, pour s'attarder sur le dérouelement de sa carrière de chanteuse de cinéma. Cela donne lieu à de nombreuses scènes chantées dont certaines sont trop longues pour ne pas dire interminables, même si la voix et la pétillance extraordinaires de Judy Garland sont réjouissantes.
Cukor a toutefois choisi par ailleurs de garder quelques scènes et dialogues du film original.
La version de trois heures que j'ai regardée comporte de nombreuses images fixes avec des dialogues ; celles-ci ont été intégrées au film sans que la chronologie initiale souhaitée par le réalisateur ne soit connue. Cela ajoute à la confusion de ce film décousu qui comporte par ailleurs quelques belles scènes étincelantes (ah ! la merveilleuse scène de Judy Garland répétant un soir devant son mari le spectacle auquel elle a travaillé dans la journée).
L'amour que se portent les deux artistes aux antipodes de leur carrière est touchant et même assez bouleversant dans le caractère fatal et tragique qu'il contient.
Un film qui fait hélas fi de cohérence et d'ordre mais qui demeure une oeuvre tout à fait intéressante car portée par un grand metteur en scène et de splendides comédiens. ( )