Moritz Thomsen nous fait part de sa propre expérience de fermier à Esmeraldas, province de l’Équateur. C'est du vécu, c'est du brut. L'auteur arrive à prendre du recul vis-à-vis de cette expérience de plusieurs années et le moindre que l'on puisse dire est qu'il faut savoir relativiser tant ses désillusions ont été nombreuses : la jungle, les débouchés commerciaux, les intempéries et surtout, les gens. Moritz Thomsen met dans sa poche sa mentalité d'occidental sur laquelle il avait déjà un sens critique particulièrement développé car ce qu'il vit au contact de la population est hors norme de son point de vue et c'est souvent la pauvreté qui rend les choses hors normes dans les comportements. La pauvreté qui irrigue tout, qui gangrène tout, qui fait que les personnes s'élèvent un petit peu puis s'écroulent à nouveau face aux difficultés, aux jalousies, à la méconnaissance des mécanismes économiques. pourtant, face à l'adversité, l'auteur ne critique pas, est souvent surpris mais est très respectueux des personnes. Son livre est une succession de portraits attachants, superbement écrit. ( )