Victor Fleming (1889–1949)

Wellman, décidément un bon réalisateur puisqu'on lui doit aussi l'excellent Wild Boys of the Road, évoque l'ascension fulgurante d'une jeune femme de province, férue de cinéma, qui rêve de devenir actrice à Hollywood. Après un départ difficile, elle réalisera son rêve au-delà de ses espérances, jusqu'au firmament du monde absurde et cruel d'Hollywood qui peut brûler ce qu'il a idol âtré la veille.
Ce monde cruel, c'est l'homme qu'elle aime qui en fera les frais. Acteur adulé qui lui "met le pied à l'étrier", il devient assez vite la risée de tous en raison de ses abus d'alcool et de ses écarts de conduite qui défraient la chronique.
Impossible d'être longtemps soi-même dans ce monde artificiel qui s'épie, se jalouse, s'affuble de pseudonymes, d'histoires présentes ou passés ; ce qui existe est constamment tranformé, ce qui n'existe pas constamment inventé. Dans ce contexte, aucune seconde chance ne sera offerte à celui qui trébuche.
La grand-mère de la nouvelle star l'avait prévenue : la réalisation d'un grand rêve se paie. Esther Victoria Blodgett, alias Vicki Lester, tutoiera les étoiles mais perdra son amour. Malheureuse et découragée, elle pense devoir tout abandonner avant de relever la tête et de poursuivre le rêve dont elle a payé le prix. Rien ne semble impossible aux personnages de Wellman. Il leur insuffle un supplément de vie.
Un film fort bien rythmé, réalisé et interprété. Un très beau portrait de femme des années 30. Une réussite.… (plus d'informations)

Ce film, tourné en 1941, dans un profond noir et blanc, offre de belles images de l'époque victorienne, d'un Londres inquiétant et mystérieux plongé dans la noirceur de son célèbre brouillard. Très intéressante revisitation du magnifique roman de Stevenson par Victor Fleming, sur l'affrontement du bien et du mal, où la fascination pour le progrès scientifique du docteur Jekyll croit pouvoir guérir quiconque souffrant d'un fol attrait pour le mal. La scène d'ouverture du film met en scène un prêtre qui prêche depuis sa chaire; là où la religion échoue à soigner le mal, la science se propose d'y remédier.
L'idée très pertinente du réalisateur est d'avoir souhaité sonder le rapport ambigu et inavoué que le Dr Jekyll entretient à l'égard des femmes. Idée d'autant plus audacieuse que le désir sexuel omniprésent dans le film doit constamment se déjouer de la censure très rigide de l'époque. Pour aller de la pétillante mais virginale fiancée (interprétée par Lana Turner) à la serveuse de bar aux moeurs légères (superbement interprétée par Ingrid Bergman, belle à tomber), Dr Jekyll se fait Mr Hyde. D'une part, le désir sexuel réfréné, masqué par le devoir de civilité et qui ne peut s'accomplir avant le mariage; d'autre part, le désir brut et bestial qui s'accomplit dans le mal et la tyrannie la plus vile.
Adaptation et mise en scène très réussies donc, servies par un très beau casting.… (plus d'informations)