Le roman le plus cruel de Balzac, qui n'est déjà pas un humaniste enthousiaste. La Cibot, qui dépèce le pauvre Pons, pourrait filouter les Thénardier à elle seule. Intrigue retorse, observation au laser de l'âme, et traits d'esprits caractéristiques d'un écrivain en pleine maîtrise. On se demande juste à quoi bon cet acharnement sur un personnage dont la sympathie et le bon coeur sont broyés par la terrible machinerie sociale du Paris du XIXe. Notons enfin un festival de retranscriptions d'accents et autres tics grammaticaux, avec ma prédilection pour "l'aggsend hallemante" si fidèlement exprimé dans la bouche du brave Schmuck, comparse de Pons, qui lui aussi sera puni d'être un innocent. Ses candides interventions dialoguées, savoureusement accentuées, rajoutent à la terrible ironie du roman. Moteur de l'intrigue, un héritage fondé sur une riche collection d'art et les terribles cupidités qu'il fait naître, cupidités hélas humaines, trop humaines. ( )