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Chargement... Mort à Crédit (1936)par Louis-Ferdinand Céline
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Inscrivez-vous à LibraryThing pour découvrir si vous aimerez ce livre Actuellement, il n'y a pas de discussions au sujet de ce livre. Initialement le projet autobiographique de Céline se composait de trois œuvres : "Mort à crédit"; "Casse-pipe" qui évoque l'engagement de l'auteur dans le 17e régiment de Cuirassiers et "Guignol’s Band" dont la première partie fut publiée en avril 1944. "Mort à crédit" couvre la période de l'enfance et de l'adolescence du jeune Ferdinand dans la France et l' Angleterre d'avant 1914. Ici pas de vision idéalisée du passé, pas de place non plus pour la nostalgie : le roman est une succession d'expériences qui tiennent du carnaval et du Grand-Guignol et dressent la chronique d'existences sordides. Se succèdent des personnages qui évoquent évoquent la petitesse et la méchanceté - à l'exception de la grand-mère Caroline et de l'oncle Édouard. L'évocation des souvenirs se fait par des phrases courtes, une syntaxe désarticulé, un rythme saccadé, une langue toujours inventive et très évocatrice. Sur le site de l'atelier Denis : http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/3/88/02/15/Matin--livres-/ELU-0050.pdf.zip Extraits : La figure du père : J’allais atteindre mes sept ans, bientôt j’irais à l’école, il fallait pas qu’on m’égare... Les autres enfants des boutiques, ils iraient aussi prochainement. C’était plus le moment de badiner. II me faisait des petits sermons sur le sérieux dans l’existence, en revenant des livraisons. Les baffes, ça suffit pas tout de même. Mon père, en prévision que je serais sans doute voleur, il mugissait comme un trombone. J’avais vidé le sucrier avec Tom un après-midi. Jamais on l’a oublié. Comme défaut en plus j’avais toujours le derrière sale, je ne m’essuyais pas, j’avais pas le temps, j’avais l’excuse, on était toujours trop pressés... Je me torchais toujours aussi mal, j’avais toujours une gifle en retard... Que je me dépêchais d’éviter... Je gardais la porte des chiots ouverte pour entendre venir... Je faisais caca comme un oiseau entre deux orages... Je bondissais, à l’autre étage, on me retrouvait pas... Je gardais la crotte au cul des semaines. Je me rendais compte de l’odeur, je m’écartais un peu des gens. « Il est sale comme trente-six cochons ! Il n’a aucun respect de lui-même ! Il ne gagnera jamais sa vie ! Tous ses patrons le renverront ! »... il me voyait l’avenir à la merde... « Il pue !... Il retombera à notre charge !... » Papa voyait lourd, voyait loin. Il renforçait ça en latin : Sana... Corpore sano... Ma mère savait pas quoi répondre. L'école ; Ma mère m’a reconduit à l’école avec mille recommandations. Elle était dans tous ses états en arrivant rue des Jeûneurs. Les gens l’avaient déjà prévenue, qu’on me garderait pas huit jours. Je me suis pourtant tenu peinard, on m’a pas chassé. J’apprenais rien, c’est un fait. Ça me désespérait l’école, l’instituteur en barbiche, il en finissait jamais de nous brouter ses problèmes. Il me foutait la poisse rien qu’à le regarder. Moi d’abord d’avoir tâté, avec Popaul, la vadrouille, ça me débectait complètement de rester ensuite comme ça assis pendant des heures et des payes à écouter des inventions. Dans la cour, les mômes, ils essayaient de se dérouiller, mais c’était piteux comme effort, le mur devant montait si haut qu’il écrasait tout, l’envie de rigoler leur passait. Ils rentraient chercher des bons points... Merde ! Dans la cour, y avait rien qu’un arbre, et sur la branche, il est venu qu’un seul oiseau. Ils l’ont descendu, les moutards, à coups de pierres et d’arbalète. Le chat l’a bouffé pendant toute une récréation. Moi j’obtenais des notes moyennes. J’avais peur d’être forcé de revenir. J’étais même considéré pour ma bonne tenue. On avait tous la merde au cul. C’est moi qui leur ai appris à se garder l’urine dans des petites bouteilles. Le sexe, la violence et le sordide : Dans sa fougue pour l’emmancher, il a dérapé du tapis, il est allé se cogner la tronche de travers dans le barreau du lit... Il fumait comme un voleur... Il se tâtait le cassis... Il avait des bosses, il décolle... Il s’y remet, furieux. « Ah ! la salope ! alors qu’il ressaute ! Ah ! la garce ! » Il lui fout un coup de genou en plein dans les côtes ! Elle voulait se barrer, elle faisait des façons… « Antoine ! Antoine ! j’en peux plus !... Je t’en supplie, laisse-moi, mon amour !... Fais attention !... Me fais pas un môme !... Je suis toute trempée !... » Elle réclamait, c’était du mou !...« Ça va ! Ça va ! ma charogne ! boucle ta gueule ! Ouvre ton panier !... » Il l’écoutait pas, il la requinquait à bout de bite avec trois grandes baffes dans le buffet... Ça résonnait dur... Elle en suffoquait la garce... Elle faisait un bruit comme une forge... Je me demandais s’il allait pas la tuer ?... La finir sur place ?... Il lui filait une vache trempe en même temps qu’il la carrait. Ils en rugissaient en fauves... Elle prenait son pied... Robert il en menait plus large. On est descendus de notre tremplin. On est retournés à l’établi. On s’est tenus peinards... On avait voulu du spectacle... On était servis !... Seulement c’était périlleux... Ils continuaient la corrida. On est descendus dans la cour... chercher le seau et les balais, soi-disant pour faire le ménage... On est rentrés chez la concierge, on aimait mieux pas être là, dans le cas qu’il l’étranglerait... Un personnage : Roger Marin Courtial des Péreires, savant proéïforme, inventeur et escroc qui embauche Ferdinand comme assitant au Génitron, "périodique favori (vingt-cinq pages) des petits inventeurs-artisans de la Région Parisienne". Le Génitron l’accaparait, sa permanence c’était là ! Y avait pas à plaisanter... Les inventeurs c’est pas des drôles... Toujours à la disposition ! Il s’y collait courageusement, rien ne rebutait son zèle, ne déconcertait sa malice... ni l’abracadabrant problème, ni le colossal, ni l’infime... Avec des grimaces, il digérait tout... Depuis le « fromage en poudre », l’« azur synthétique », la « valve à bascule », les « poumons d’azote », le « navire flexible », le « café crème comprimé » jusqu’au « ressort kilométrique » pour remplacer les combustibles... Aucun des essentiels progrès, en des domaines si divers, n’entra dans la voie pratique, sans que Courtial eût l’occasion, à maintes reprises à vrai dire, d’en démontrer les mécanismes, d’en souligner les perfections, et d’en révéler aussi toujours impitoyablement les honteuses faiblesses et les tares, les aléas et les lacunes. Tout ceci lui valut bien sûr de très terribles jalousies, des haines sans quartier, des rancunes coriaces... Mais on le trouvait insensible à ces contingences falotes. Aucune révolution technique, tant qu’il tint la plume au journal, ne fut déclarée valable, ni même viable, avant qu’il l’ait reconnue telle, amplement avalisée dans les colonnes du Génitron. Ceci donne une petite idée de son autorité réelle. Il fallait en somme qu’il dote chaque invention capitale de son commentaire décisif... Il leur donnait pour mieux dire « l’Autorisation » ! C’était à prendre ou à laisser. Si Courtial déclarait comme ça dans sa première page que l’idée n’était pas recevable ! Holà ! Holà ! funambulesque ! hétéroclite ! qu’elle péchait salement par la base... la cause était entendue ! Ce fourbi ne s’en relevait pas !... Le projet tombait dans la flotte. S’il se déclarait au contraire absolument favorable... l’engouement ne tardait guère... Tous les souscripteurs radinaient... aucune critique | ajouter une critique
Appartient à la série éditorialeGallimard, Folio (33-1692) Keltainen kirjasto (307) Le livre de poche (0295-0296) New Directions Paperbook (330) Rainbow pocketboeken (303) — 1 plus rororo (1724) Est contenu dans
Mort a cre dit c'est l'histoire d'un gamin solitaire, dans le Paris d'avant la Grande Guerre, e leve par des petits-bourgeois qui n'e taient ni riches ni intelligents ni ouverts au monde en marche, et qui se gonflaient pour parai tre, pour avoir l'air de, pour ressembler aux riches qu'ils re ve raient. Ce petit monde a e te de crit par Ce line avec une fe rocite , une truculence et un humour incomparables, qui sont des constantes de toute son ¿uvre. On y trouvera la de monstration du fait qu'il e tait incapable de dissocier la repre sentation de la vacherie des hommes du besoin qu'il avait d'en rire, passant tout naturellement de l'horreur au grotesque de cette manie re si franc ʹaise, de nonce e par Beaumarchais, de prendre au se rieux les choses futiles et les vraies trage dies le plus comiquement possible. On y trouvera aussi l'ineffable portrait de Raoul Marquis, dit Henri de Graffigny, inge nieur, ae rostier, inventeur, e crivain prolixe, faux marquis et vrai mythomane, dont Ce line a fait le tre s rocambolesque Courtial des Pereires. Chacun connai t le talent et la manie re de Tardi, son trait si particulier et la fac ʹon dont il a rendu l'atmosphe re tragi-comique de Voyage au bout de la nuit et de Casse-pipe. Il e tait l'homme qu'il fallait pour illustrer ce livre dans lequel Ce line, a force d'outrances, a donne de la socie te franc ʹaise de son temps une image plus vraie que nature, dans ce langage vivant, moderne et vert, qui a fait scandale, mais qui vaut a "Mort a cre dit" de n'avoir pas pris une ride et de demeurer l'un des grands romans franc ʹais du XXe sie cle. Aucune description trouvée dans une bibliothèque
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Google Books — Chargement... GenresClassification décimale de Melvil (CDD)813Literature English (North America) American fictionClassification de la Bibliothèque du CongrèsÉvaluationMoyenne:
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La façon de relater la vie de boutiquiers pauvres, mesquins et totalement à côté de la plaque dans le Paris des années 1910 ou encore d'un pseudo-inventeur ruiné n'a pas son pareil. Tout au long du livre, on assiste au spectacle de vies ratées et sans gloire, aux ambitions constamment inatteignables et inassouvies, rongées par les dettes et la misère. Tous les progrès techniques de l'époque se développent sans eux. Leur existence n'est qu'une mort à crédit. Quatre morts dont deux suicides surviennent au cours du récit.
Céline force le trait et en fait des tonnes dans la mise en scène de ses personnages englués dans des combats aussi tragiques que stériles. Le livre regorge de longs monologues outranciers, insultants et pathétiques dans lesquels les personnages vocifèrent et vomissent leur rage, leurs frustrations, leurs détestations. De diatribes en harangues haletantes, Céline déverse ses torrents de langue prodigieuse jusqu'à épuisement du lecteur en mal de trêve.
Le style est volontiers choquant, brutal, primaire et scatologique. Les scènes sexuelles sordides et obscènes sont nombreuses. C'est en médecin misanthrope et dégoûté de tout que l'écrivain gratte les plaies et dissèque. Du dégoût, il en est d'ailleurs largement question au gré des nausées et vomissements qui occupent des pages entières du livre.
D'une noirceur épaisse, dénué de tout sentimentalisme, le livre n'en est pas moins drôle et même irrésistiblement comique à certains endroits. Autant de verve méchante donne le tournis et on frôle l'indigestion à la lecture de cette irruption de mots charriés dans un contexte constamment hostile, pourri et voué à l'échec.
Les premières pages du livre qui relatent la mort de la concierge Mme Bérenge, patiente du médecin que Bardamu est devenu, sont d'une beauté saisissante et recèlent une humanité qui tranche avec le reste du livre. Pourtant, les dernières pages du livre mettant en scène le jeune Bardamu avec son oncle, sont elles aussi d'une tendresse infinie et donnent à penser que l'écrivain tient en laisse ses affections.
Force est de constater toutefois que Mort à crédit n'est pas un livre très habitable; c'est avec admiration mais aussi un certain soulagement qu'on en lit le mot "Fin". ( )