A cause de la pléthore de critiques positives à son sujet, j'attendais beaucoup du premier roman de Kurt Vonnegut. Même avec beaucoup d'indulgence, il m'est difficile de comprendre cet engouement.

L’auteur nous présente ici une dystopie où les hommes (du moins les Américains) s’en sont remis de plus en plus aux machines, au point que celles-ci font désormais tout le boulot (d'où le titre original : Player Piano, qui désigne un piano automatique; le titre français est en revanche plus difficile à mettre en relation avec l'œuvre). Seuls des ingénieurs triés sur le volet ont encore quelques postes à responsabilité. Le reste de la population est vouée à l’armée ou aux corps de Reconstruction et Récupération, où les missions sont plus destinées à occuper les citoyens qu’à accomplir un véritable travail. On découvre cet univers par les yeux de Paul Proteus, un ingénieur haut placé qui en vient à remettre en cause le système, et par ceux du Shah de Bratpuhr, un gourou oriental qui visite l’Amérique et nous régale de ses commentaires sur ce qu’il découvre.

Il y a par-ci par-là de bons passages qui arrivent heureusement à sauver le roman, mais dans l’ensemble, l’histoire traîne en longueur, et on s’ennuie un peu trop pour pleinement profiter de ce pamphlet antimécaniste et antibureaucratique.

En bref : pas un mauvais livre, mais largement au-dessous de sa renommée ( )

Sous prétexte de confort, d’aider l’homme, la machine règne, le travail a quasiment disparu. Quelques uns, les ingénieurs surtout ont encore un travail et une condition enviable quoique hyper conformiste et finalement très ennuyeuse.
Le reste de l’humanité vit dans le désoeuvrement le plus complet avec un énorme sentiment d’inutilité et une perte totale du sens de la vie.
Mais les pauvres vont se révolter, guidés par quelques ex-privilégiés déchus...
Beaucoup de choses intéressantes : beaucoup de cynisme dans la façon de décrire les pauvres moyens que tente de trouver cette société privilégiée pour se distraire et justifier ses privilèges et sa position coupée du reste du monde. La façon dont les “machines” gèrent la vie des “pauvres” afin qu’ils utilisent au mieux leur petit pécule et ne le dépense pas dans des choses “inutiles” telles que l’alcool ou les plaisirs superflus : perte de liberté et finalement grande misère morale à défaut de pauvreté matérielle.
Ce qui me gène c’est que l’histoire proprement dite est un peu longuette et que l’univers créé par Vonnegut ne peut finalement être vraiment appréhendé qu’au travers de la visite “touristique” donnée à notre homme d’affaire, politique indien. J’ai trouvé le procédé un peu artificiel et un peu trop pratique. ( )