Je l'ai arrêté page 98 et je ne me rappelle plus de quoi ça parlait. Après relecture attentive de la 4e de couverture : une famille horriblement massacrée, une petite fille survivante qui a accusé son frère de quinze ans et l'a envoyé en prison. Vingt-cinq ans après, la réalité va peut-être apparaître bien différente de ce qu'elle croyait alors... Peut-être un roman honorable, voire prenant, mais une atmosphère malsaine - un Massacre, le Mal, l'Erreur, etc. - dans laquelle je me sens, moi aussi, mal. ( )

Libby Day est l’unique survivante du massacre qui a décimé sa famille à l’aube de l’année 1985.
Libby, sept ans au moment du drame, a entendu, plus qu’elle n’a vu, le meurtre sauvage de sa mère et de ses sœurs. Elle a en effet réussi à s’enfuir par une fenêtre et à se cacher de longues heures dans la glaciale nuit de janvier, ce qui lui a valu l’amputation de quelques orteils. Sous la pression des adultes, son témoignage condamnera son frère Ben, quinze ans, qu’elle adore pourtant, à la prison à vie.
Vingt-quatre ans plus tard, après une enfance et une adolescence passées dans différentes familles d’accueil, Libby est profondément dépressive (on le comprend aisément) et vit sur un fonds constitué des généreuses donations de personnes émues par son histoire. Mais les fonds s’épuisent, l’émotion suscitée par la tragédie de "Baby Day" s’amenuise et se porte vers d’autres drames plus récents et tout aussi horribles.
Libby accepte donc, à contre-coeur et contre rémunération, de rencontrer les membres du KC, Killer Club, passionnés par le cas de la famille Day et convaincus de l’innocence de Ben. Cette rencontre l’amènera à revenir sur "la" nuit du 3 janvier 1985, à affronter ses souvenirs et ses cauchemars, et finalement à envisager de revoir Ben, toujours en prison.
Libby se présente d’emblée comme un personnage peu sympathique mais déclenche néanmoins une forte empathie, dès les premières pages.
"La mesquinerie qui m’habite est aussi réelle qu’un organe. … Je n’étais pas une enfant aimable, et je suis devenue une adulte profondément mal aimable. Si on voulait dessiner mon âme, on obtiendrait un gribouillis avec des crocs pointus."
Le roman de Gillian Flynn est tout à fait original, mais j’ai brièvement pensé pendant cette lecture au livre de Truman Capote "De sang-froid". Comme dans "De sang-froid", le drame se déroule dans une petite ville du Kansas, dans une ferme au milieu de nulle part et le crime est particulièrement brutal. La comparaison s’arrête là cependant car la famille Day est à l’opposé de la famille Clutter de T. Capote. Le Kansas prospère des années 50 n’a plus rien à voir avec le Kansas des années 80, en pleine déréliction économique.
Gillian Flynn alterne avec une grande maîtrise l’histoire actuelle de Libby et son cheminement vers la vérité avec l’histoire poignante et désespérée d’une famille, racontée au fil du récit chronologique de la dernière journée précédant la tragédie. ( )