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Chargement... Marelle (1963)par Julio Cortázar
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Inscrivez-vous à LibraryThing pour découvrir si vous aimerez ce livre Actuellement, il n'y a pas de discussions au sujet de ce livre. J'ai passé les six dernières semaines à lire, à raison d'une heure par jour dans l'autobus (remercions ici le trafic matinal), les six cents pages de ce livre, dont la moitié deux fois — neuf cents pages donc en tout. Et je le relirais volontiers une troisième fois en espagnol... D'abord fort déconcertée par cette œuvre dite « culte » — la plus étrange que j'aie jamais lue —, j'avoue m'être laissée prendre au jeu et, petit à petit, m'être promenée avec de plus en plus de plaisir sur les sentiers tortueux de ce roman buissonnier. Précisons tout de suite que Cortázar a conçu pour son livre deux lectures possibles : la première, qu'on appellera « l'histoire de base », s'arrête au chapitre 56, et la seconde, champignonnesque, qui découpe l'histoire de base en rondelles pour mieux la bourrer d'excroissances multiples, s'achève au chapitre 131. Excroissances qui commentent, observent, éclairent ou obscurcissent, théorisent ou ricanent à chaque pas du personnage principal. Comment définir l'indéfinissable? (« l'hindéfinissable »...) Marelle est un fourre-tout, un gigantesque pied-de-nez au genre romanesque, à la philosophie, à l'analyse et à la logique, et d'une façon générale au monde quotidien. C'est une histoire qui se défend de toutes ses forces d'en être une, un roman-champignon où poussent de partout des bulbes inattendus, un flux diluvien de mots traquant constamment l'emploi des... mots, bref une œuvre qui refuse de prendre au sérieux son statut d' « hœuvre » pour, au contraire, s'ouvrir aux plus improbables tangentes, sans toutefois nier au passage les plaisirs du miroir et de la symétrie — sans doute pour leurs possibilités de réfléchir l'inconnu... Citons-en pour témoins le thème des « doubles » (Oliveira et Traveler, la Sibylle et Talita), ou la fin en balancement entre deux chapitres qui se renvoient la balle à l'infini. Mais en même temps c'est le récit de la recherche acharnée d'un sens à cette réalité que nous subissons, à cette vie que, par commodité, nous tenons pour acquise... Autre question: comment passe-t-on, dans sa tête d'écrivain, des nouvelles fantastiques où chaque terme paraît aussi soigneusement pesé, aussi nécessaire qu'une pièce de puzzle ou un rouage de moteur, à ce déchaînement verbal, à cette fantaisie formelle qui ne redoute rien, que les sentiers battus? Ma perplexité n'est tout de même pas assez grande pour me dissimuler la parenté entre la « porte ouverte » sur un autre monde, que j'ai déjà évoquée au sujet des meilleures nouvelles de Cortázar, et l'acharnement d'Oliveira à laisser « l'ouverture aux choses » lui montrer le chemin de l'unité profonde de sa vie. Des deux côtés on trouve le rejet de la volonté logique et consciente au profit d'états favorisant l'intervention du hasard. Des deux côtés une interrogation, explicite ou pas, sur le sens de la réalité. S'il faut en croire une citation, Cortázar aurait écrit son roman spontanément, dans le désordre, sans imposer à son inspiration un plan formel strict. Cela paraît probable. On passe ainsi de ce que j'appellerai le « moins bon » (les interminables discussions intellectuelles, coupages de cheveux philosophiques en quatre, entre les membres du Club, ou ces citations baroques d'articles de journaux dans la seconde partie) à l'absolument meilleur (les beaux chapitres du tout début où l'histoire entre Oliveira et la Sibylle semble encore pouvoir se solder par du positif, Berthe Trépat et la savoureuse description du concert de musique contemporaine, le chap. 34 avec son étonnante superposition de deux récits, le 133 dont la férocité humoristique fait hoqueter de rire, ou encore les sublimes 58 et 77 qui jouent avec le temps, le réel et le rêve, ainsi que tant d'autres — Morelli, la clinique psychiatrique — qu'on n'explicitera pas ici faute de place). En résumé: à lire absolument — sauf par le lecteur sérieux et le « lecteur-femelle », si j'ose emprunter à l'auteur ce terme misogyne mais hélas si pertinent. Marelle est un livre de près de 600 pages composé de petits chapitres qui pourraient presque se lire indépendemment les uns des autres. L'auteur propose deux méthode pour lire son livre. La première est une lecture classique des 56 premirers chapitres dans l'ordre; la seconde consiste en un enchainement prédeterminé qu'il faut parcourir comme suivant un fil d'ariane l'ensemble des textes en faisant d'incessant allers et retours. Cette dernière façon de mener la lecture fait alterner narration classique, réflexions philosophiques, citations et expérimentations littéraires. Horacio Oliveira fait partie d'une petite bande d'Argentins menant une vie de bohème à Paris à la fin des années 50, il vit avec la Sibylle qui le fascine par sa capacité à voir spontanément la poésie dans la vie de tous les jours alors que lui a besoin de discussions sans fin avec Gregoriovus, intellectuel Roumain intégré dans la bande et de méditations sur lui et les autres. Questionnements sans fin sur l'art (la peinture, le jazz, la littérature), la vie, la conscience de la vie, entre surréalisme et bouddhisme zen. Discussions à propos de Morelli, un obscur écrivain dont nous pouvons suivre les réflexions et essais, et que l'on finit par reconnaître comme l'auteur même de Marelle. Le groupe va retrouver par hasart Morelli, victime d'un accident, et finalement classer les feuillets éparts laissés dans son appartement Parisien. Quand survient la mort de Rocamadour, le bébé d'Oliveira et de la Sibylle, Horacio se détache et retrouve l'Argentine où demeure son ami Traveler. Il voit en Talita, la campagne de Traveler, un double de la Sibylle, et se voit lui-même double de Traveler, et peu à peu, au travers d'expériences surréalistico-mystiques (comme tendre deux planches entre les deux fenêtres de leurs appartements se faisant face et demander à Talita de les traverser pour apporter du Maté), l'opération semble finir par se faire, dans un hopital de malades mentaux, ou la vie se termine en une boucle infinie de sensations habituelles. La structure qui semblait artificielle sert admirablement le "roman" qui est tout aussi bien un essai, ou mieux, une expérience philosophique. Cortazàr arrive à plier le livre, les pages, selon l'histoire qu'il raconte. On ressent une énergie qui, à partir des mots, cherche à ensorceler les personnages, le narrateur, le livre, le lecteurs et jusqu'à la réalité elle-même. Une expérience de lecture inoubliable. aucune critique | ajouter une critique
Appartient à la série éditorialeLibro amigo [Bruguera] (680) — 6 plus Prix et récompensesListes notables
When La Maga, his mistress, disappears, Horacio Oliveira, an Argentinian writer living in Paris, decides to return home to Buenos Aires, in a novel in which the chapters are designed to be read out of numerical order but in a set sequence. Aucune description trouvée dans une bibliothèque |
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Google Books — Chargement... GenresClassification décimale de Melvil (CDD)863Literature Spanish and Portuguese Spanish fictionClassification de la Bibliothèque du CongrèsÉvaluationMoyenne:
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> FNAC, (Frédérique, le 10/2/2023) : Les 20 livres à lire dans sa vie
> Horacio Oliveira est un nihiliste qui rejette la rationalité du monde et dont les maîtres mots sont hasard, rêve, fantaisie... L'épopée de cet exilé argentin débute à Paris où il vit un amour total avec une femme nommée la Maga ; elle se poursuit à Buenos Aires à la recherche de cette dernière. Et sa vie prend bientôt un cours étrange quand il se persuade de deux phénomènes extraordinaires : la réincarnation de sa maîtresse dans une autre femme et la découverte, dans le mari de celle-ci, de son propre double...
Avec ce roman puzzle qui offre la possibilité d'une lecture linéaire ou "butineuse", Julio Cortazar invente le roman interactif. Faisant preuve d'un talent novateur dans la construction du récit, multipliant les perspectives narratives et chamboulant la chronologie, l'auteur argentin fait acte de création, offrant au roman une nouvelle dimension. Marelle constitue sans aucun doute son oeuvre maîtresse et est considéré comme l'un des ouvrages les plus importants de la littérature hispano-américaine moderne.
—Hector Chavez, Amazon.fr