Un « écrivain » spécialisé dans la reprise de scénarios et d’adaptations pour le cinéma, père adoptif séparé de son épouse, gras et sévèrement névrosé, spectateur de sa vie, coincé dans une sorte de mise en abyme de lui-même, voguant dans une stase vaseuse…

L’histoire d’un menteur procrastinateur autocentré

Un livre brillant, une oeuvre autour d’un anti-héros coincé dans sa propre histoire comme une limace dans un verre de bière ( )

histoire adroite qui se lit comme un polar. Conseillé par François Busnel et offert à Depardieu au cours d’une émission. La fin est un peu décevante ( )

Karoo est un homme insupportable: égoïste, égocentrique, manipulateur, imbu de lui-même, prétentieux, sans scrupule, incroyablement hypocrite, mais par dessus tout d'une lâcheté à toute épreuve. Karoo est un raté. Pas un pauvre raté. Une très riche erreur de l'existence. Il dérive, sans but, sans conviction. Son rôle dans la société est une aberration: il réécrit des scénarios de films d'auteurs pour en faire des scénarios de films très rentables. Il n'en est pas fier, mais trop lâche pour refuser cette tâche insensée, même lorsqu'il a entre les mains le plus grand chef d'oeuvre qu'il lui ait jamais été donné de voir. Mais il ne se contente pas de détruire les oeuvres d'autrui: il réécrit aussi la vie des gens. Trop lâche pour être acteur de sa vie, c'est en manipulant son entourage qu'il se crée le scénario qui lui convient. Jusqu'au jour où la vie lui rappelle brutalement qu'on ne la réécrit pas. Karoo est une tragédie à la grecque.

Il a fallu m'accrocher. Dans une longue première partie, on découvre ce personnage, ses pensées, ses analyses à la fois extrèmement pertinentes, et en mêmes temps complètement faussées par un refus de Karoo de se regarder dans un miroir. On ne peut tomber dans le piège de ses maladies imaginaires: celle de l'ivresse en particulier. Karoo se ment à lui-même, encore plus qu'il ne ment à ses semblables.

Dans la seconde partie, on se laisse berner, un peu. Un léger espoir naît d'une rencontre. Mais très vite, le souvenir de la première partie nous rappelle à l'ordre, et c'est donc dans l'attente d'un choc brutale que l'on tourne les pages. L'évènement est même annoncé: il s'agira de la première du fameux grand chef d'oeuvre détruit.

Et le choc nous surprend, alors qu'on savait s'en approcher à vive allure. Au moment où le désespoir est à son comble, Karoo retournant sa veste, une ultime fois, aveuglé par sa lâcheté. Le choc est irréversible. Mais il faut encore du temps à Karoo pour lâcher prise, ouvrir les yeux. On sort presqu'aussitôt de Karoo, à la troisième personne, le renvoyant à sa solitude. Rideau. ( )

Une merveilleuse idée, bien menée mais une fin un peu longue et/ou ratée? En tout cas certainement un grand livre contemporain à lire! ( )