Après avoir été habitée par le livre de Siri Hustvedt "Ttout ce que j'aimais", j'ai lu "Elégie pour un américain" qui m'a moins parlé personnellement, mais qui est également un livre très fort.

Siri est la compagne de 30 ans de Paul Auster et a écrit ces deux livres au masculin. On y croit totalement, mais par ailleurs c'est vrai qu'ils sont très féminins par leur empathie avec les personnages.

Dans ses ouvrages, transparait une humanité formidable, et aussi une culture solidement ancrée, un mélange de fiction mais aussi de vécu et de personnel.
Elle habite véritablement ces deux ouvrages. ( )

C'est un roman dur et pénétrant que nous livre Hustvedt. Il nous rappelle que nous ne sommes pas le produit de notre histoire, mais bien le rapiéçage de multiples souvenirs qui se fissurent ou se consolident face aux événements qui se déroulent. Nos interprétations du monde, de nos expériences et de notre vécu ne sont que la projection de la façon dont nous avons tout intériorisé : que le résultat soit positif ou négatif.
Hustvedt parvient à ce tour de force par maints subterfuges : un psychiatre qui se réconcilie avec la mort de son père, une philosophe qui reconstruit la vie de son défunt mari, une dessinatrice qui se débat contre son ancien amant ou même deux vieilles filles qui fabriquent de remarquables poupées blessées. Les occasions de faire face à leur mal-être, sous toile des événements du 11-septembre, sont multiples, mais jamais lassantes. Au contraire, elles ouvrent la voie à un dialogue intérieur chez le lecteur qui, s'il se laisse jouer au jeu, découvrira sans doute quelque-uns ses propres mythes. ( )