«Avoir l'impression de voir cette étrange lueur pâle une fois qu'on a dépassé les limites du malheur -- si cela peut s'appeler une sensation de bonheur, alors l'Empereur, ma mère, jusqu'à moi-même pouvons être dits heureux. » (p.146)

Écrit un an avant le suicide (dernier d'une série de tentatives manquées) de l'auteur, ce roman d'Osamu Dazai raconte l'histoire de la dernière fille d'une famille aristocratique japonaise et de ses croyances, dans un Japon secoué par l'horreur de la guerre, surpris par la nouvelle attitude de l'Empereur sous l'occupation américaine et intéressé par les idées marxistes qui, bien que bannies, semblent se propager facilement dans le milieu artistique.

Beaucoup d'éléments autobiographiques se retrouvent dans le récit: obsession du suicide, maladie, drogues, alcool, aristocratie déchue, impression d'être né «dans la mauvaise classe sociale».
Osamu Dazai, de son vrai nom Shuuji Tsushima, est issu d'une famille riche, mais comme la protagoniste du roman et son frère, aurait souhaité être paysan ou ouvrier, ces hommes jugés réellement supérieurs par les Marxistes (l'idée est expliquée dans la longue lettre du frère qui constitue l'avant-dernier chapitre du livre).

Un roman sensible, relatant à la fois de la vie quotidienne que des pensées les plus profondes des personnages... Le fait que l'auteur se met encore une fois (après 'La femme de Villon', 1947) dans la peau d'une femme apporte beaucoup au roman, surtout par la sensibilité que cela permet de rendre dans la description de la relation mère-fille.

Un roman qui aborde la réelle révolution idéologique du Japon d'après-guerre.
Fortement conseillé aux lecteurs avides de littérature japonaise. ( )