Un récit simple, sensible et émouvant, tout en retenue. Rien de mieux que la littérature pour pouvoir redevenir cet adolescent qui découvre l'amour, l'amitié mais aussi la guerre et la laideur du monde. ( )

Dans la foulée de l'"Arrière saison", j'ai lu ce livre, le premier de Philippe Besson. Son ambiance et son intrigue me rappellent un peu celles d'un "Diable au corps". L'insolence intelligente et pure d'un adolescent de 16 ans, sa découverte de l'amour, du plaisir, mais aussi de l'amitié, de la douleur, de la perte. L'évocation de la Grande Guerre est puissante, puisqu'elle passe par la douleur et les cauchemars de l'être aimé. Cette horreur de la guerre s'oppose à la vison d'un autre ami de l'adolescent, grand écrivain, qui observe la vie, séparé d'elle par une distance nostalgique, une mondanité pathétique, une blessure lointaine mais dont la douleur reste latente.
La sincérité, l'honnêteté presque excessive, l'innocence de l'adolescent rendent toutes ces blessures plus aiguës, ce qu'aucun autre narrateur "adulte" n'aurait pu faire. Le jeune homme de 16 ans sort de cette aventure grandi, trop rapidement muri, déjà résigné car conscient qu'il ne rencontrera plus jamais l'intensité vécue pendant ces quelques jours. C'est un livre bouleversant, encore une fois très juste ; son écriture est dénuée d'artifices, elle permet une surprenante intimité entre le lecteur et les personnages. Un chef d'œuvre ? ( )