Le Lower East Side est un quartier de Manhattan en pleine mutation. Autrefois, cœur de la communauté juive new-yorkaise, il séduit désormais des trentenaires, carriéristes ambitieux, attirés par la proximité du quartier avec leurs lieux de travail, la dimension des lofts et la perspective de nouveaux endroits où sortir. Cette nouvelle génération aisée côtoie les quelques anciens habitants du quartier, proche des cités abritant une population principalement noire ou latino, mais aussi des clandestins chinois, vivant à des prix exhorbitants dans des conditions effrayantes dans des immeubles délabrés

Eric Cash, gérant d’un restaurant branché, et deux de ses amis sont agressés une nuit, alors qu’ils rentrent d’une virée fortement alcoolisée. Ike s’écroule, tué sur le coup par une balle de 22. Eric, choqué, offre un témoignage tellement incohérent qu’il devient rapidement suspect n°1 du meurtre. Le troisième comparse, acteur au chômage, décide de convoquer les médias et d’organiser des cérémonies d’hommages à la victime.

Mésaventure effroyablement traumatisante pour les victimes et leurs proches, elle est malheureusement relativement banale pour Matty Clark, inspecteur de police du 8ème district, qui se lance dans une enquête qui promet d’être ardue, avec sa coéquipière Yolanda Bello.

Peu de suspense, puisque le lecteur connaît dès le début le coupable de l’agression, mais un roman foisonnant où se mêle enquête et vie quotidienne. L’intérêt du roman tient dans la façon dont l’enquête est menée, les errements de Matty et de sa coéquipière qui suivent différentes pistes sans garantie de résultats, étant donné la faible fiabilité des témoignages.

Le livre est construit autour de trois personnages principaux. Matty le flic, est irlandais, divorcé, père de deux garçons, dont un flic ripou et un fils plus jeune dangereusement engagé dans la voie de la délinquance. Matty est complètement paniqué à l’idée d’assumer bientôt la garde de ce plus jeune fils. Eric est un personnage fragile, principal témoin, d’abord à charge, puis suspect, avant d’être innocenté de nouveau. Il vit un cauchemar depuis l’agression et est prêt à tout pour se tirer de la ville au plus vite. Billy Marcus, père de la victime, terrassé par la douleur et la culpabilité, traîne comme un fantôme dans le quartier qui a vu les derniers jours de son fils . Richard Price fait entrer en scène une multitude de personnages, habitants du quartier ou de la cité proche, commerçants, voisins, membres de gangs, et bien sûr les coupables de l’agression, jeunes garçons en souffrance, essayant de se faire une place dans leur cité.

Ce roman n’est pas sans rappeler Ed McBain et son 87è district et aussi la série américaine NYPD Blues, qui raconte le quotidien sans artifice d’un commissariat de quartier. Le roman est écrit en effet à la manière d’un scénario, les nombreux et longs (parfois plusieurs pages) dialogues contribuent à donner beaucoup de réalité à l’histoire. Richard Price a d’ailleurs signé les scénarii de nombreux films, dont "La Couleur de l’Argent" de Martin Scorsese.

Une plongée intéressante dans le melting pot new-yorkais, un fragment dans la vie d’une mégapole en perpétuel mouvement. ( )

Roman noir, foisonnant de personnages plus ou moins marginaux, plus ou moins violents. Portrait de quelques quartiers de New-York sans concessions, ainsi que de policiers pas très recommandables... j'ai eu des difficultés à rentrer dans ce gros roman, tellement les personnages, les situations étaient nombreux et l'auteur passait sans lien apparent d'un paragraphe à l'autre. Au fur et à mesure que l'histoire se déroule, on finit par en attraper tous les tenants et les aboutissants, heureusement... ( )

Lush life, de Richard Price, qui m'a laissé un drôle de goût amer dans la bouche...
C'est vendu pour un polar mais à part que l'un des héros est flic, c'est tout sauf ça.
C'est une peinture des quartiers populaires new-yorkais - oui.
C'est une réflexion sur la paternité - ah, bin ça, ça vous étonne de moi, mdr - oui. C'est une galerie de portraits - oui.
C'est un bouquin assez pessimiste - oui, même si ça finit sur un possible ressaisissement du susdit héros policier...
Est-ce que j'ai aimé ? Eh, bien je me demande encore.
Mais j'y pense souvent, donc ça ne m'a pas laissé indifférente ! ( )