> PÉLERIN DE PAIX, de Peace Pilgrim. — On l'appelait "Peace Pilgrim", le pèlerin de la Paix. C'était une américaine qui a disparu il y a dix ans. Pour ce dixième anniversaire de sa mort, des cérémonies ont eut lieu cette année à travers les Etats-Unis, au Mexique, au Canada et jusqu’à Hawaï.
Comparée parfois à Gandhi pour sa grandeur d'âme et sa simplicité, cette femme connue seulement sous le nom de "Peace Pilgrim" avait dédié sa vie au service de la paix et à celui de ses semblables. Une vie faite du renoncement le plus absolu, dans l'abnégation et le service à d'autres les plus totales. A tous égards Peace Pilgrim fut une sainte, même si elle ne se réclama jamais d'aucune foi particulière et n'adhéra à aucune religion établie. Elle passa la dernière moitié de sa vie à aller de ville en ville à travers L'Amérique, à pied sur les routes, chaussée de pauvres sandales, sans bagages et sans même un sac, portant partout son simple message de paix et d'amour. Vers la fin de sa vie, elle était devenue une sorte de célébrité ; ou la couvrait d'honneurs qu'elle refusait toujours. Jusqu'à sa mort elle donnera des conférences dans les universités devant des milliers d'étudiants, parlera dans les églises de toutes confessions. "Au lieu d’accumuler le plus possible, comme je le voyais faire autour de moi, je voulais au contraire donner le plus possible".
Après sa mort, quelques-uns de ses innombrables amis et admirateurs ont édité un recueil de ses pensées et de ses souvenirs, et ce petit volume , que voici, a rencontré un succès sans précédent. Elle décrit dans son livre de souvenirs ce qui fut pour elle une inoubliable expérience.
"… Et puis au milieu de cette lutte vint une merveilleuse expérience en haut de la montagne… Cela arriva alors que je marchais. C'était juste après l'aube. Soudain je me sentis transportée et comme soulevée de terre. Je me souviens qu'à ce moment-là je connus l'infini du temps et de l'espace, et d'une incroyable légèreté. Il me sembla que je ne me trouvais plus sur la terre. Il n'y avait personne autour de moi, pas même des animaux, mais on aurait dit que chaque buisson, chaque arbre était auréolé d'un halo. De la lumière émanait de tout ce qui m'entourait, et des flocons dorés descendaient du ciel comme de la pluie… Le plus important toutefois ne fut pas tous ces phénomènes, mais la réalisation soudaine de l'unité de toute la création. Pas seulement l'unité de tous les êtres humaines. Je savais cela avant, que les humains ne font qu'un - mais aussi celle de toutes les créatures qui peuplent la terre et toutes les plantes qui y poussent ; l'air, l'eau, la terre elle-même - Et, ce qui est le plus merveilleux de tout, l'unité qui traverse et qui lie ensemble tous les éléments de la création, qui leur donne vie, et que beaucoup appellent Dieu." Ed. Recto Verseau. (François MAZURE)
—Nouvelles Clés, (21), Janv./Févr. 1992, (p. 83)