Fable cruelle que celle racontée dans ce roman atypique. Fable de l'effondrement de l'Occident face à un flux migratoire pacifique venu d'au-delà des mers. L'auteur n'y va pas par quatre chemins et raconte plus le processus de désamour de la civilisation occidentale contre elle-même que de l'affrontement avec les autres. Bien avant le terme, nous ne sommes pas en présence d'un choc des civilisations car pour se choquer, il faut être deux ! Ce conte expose comment la ruine est venue de l'intérieur, avec les bons sentiments, avec la haine de ce que l'on est, avec la destruction de ses propres racines, avec le culpabilisme entretenu et exacerbé, bien avant le livre de Pascal Bruckner :Le sanglot de l'homme blanc: Tiers-monde, culpabilité, haine de soi. Prophétique en 1973, ce livre est devenu (plus ou moins) d'actualité avant de devenir livre d'histoire. C'est plus un miroir qu'un pamphlet, même s'il est écrit dans un style vigoureux.

Raspail aime les catastrophes, les re-créations du monde à partir d'un petit noyau. Il y a du Barjavel en lui. Il pousse ses protagonistes jusqu'au bout. On retrouvera la logique du camp des saints dans Sire et L'anneau du pêcheur.

Un livre de la fin du monde, de la fin d'un monde, crépusculaire, sombre. ( )