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Chargement... Baise-moi (original 1996; édition 2016)par Virginie Despentes (Auteur)
Information sur l'oeuvreBaise-moi par Virginie Despentes (1996)
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Inscrivez-vous à LibraryThing pour découvrir si vous aimerez ce livre Actuellement, il n'y a pas de discussions au sujet de ce livre. "Baise-moi" de Virginie Despentes nous plonge dans une génération en totale perte de valeurs, d'avenir et empreinte de violence absurde. Ce roman n'arrive pas à renouveler un thème maintes fois traité et se résume à un road-trip alcoolisé, narrativement peu convaincant, parfois brouillon, et sans grande finalité. Avec Baise-moi, Virginie Despentes signe en 1993 son premier roman. Le titre est incisif, provoquant et assez remarquable. Il fallait oser cette injonction avec le verbe "baiser" à l'impératif. Il reflète clairement l'audace du livre. L'histoire : celle de deux jeunes filles, Manu et Nadine, qui ont en commun une vie dénuée de satisfaction et de sens et qui sont l'une et l'autre en fuite. Elles vont se retrouver dans une folle cavalcade, sur un mode imitant les road trips américains (on pense à Thelma et Louise). Après avoir subi un viol, Manu décide de s'en prendre violemment et aveuglément à la société en commettant une série de braquages et en tuant quiconque se trouve sur son chemin. Elle aura Nadine comme complice insurpassable, en dépit de son apparence plutôt débonnaire. Réaction de Manu après le viol (qui donne une idée claire de la tonalité du livre!) : "Après ça, moi je trouve ça chouette de respirer. On est encore vivantes, j'adore ça. C'est rien à côté de ce qu'ils peuvent faire, c'est jamais qu'un coup de queue... [...] Je peux dire ça parce que j'en ai rien à foutre de leurs pauvres bites de branleurs et que j'en ai pris d'autres dans le ventre et que je les emmerde. C'est comme une voiture que tu gares dans une cité, tu laisses pas des trucs de valeur à l'intérieur parce que tu peux pas empêcher qu'elle soit forcée. Ma chatte, je peux pas empêcher les connards d'y rentrer et j'y ai rien laissé de précieux...". D'un contenu très violent et trash, qu'on pourrait qualifier de "néo-punk", le livre présente une succession de scènes de sexe, de meurtres et de beuveries. L'idée est de tout consommer au plus vite, au plus fort, de se servir et de tout détruire sur son passage, à commencer par soi-même en forçant sur la drogue et l'alcool. Le style, plutôt oral, très énergique, brutal, direct, privilégie un vocabulaire vulgaire généralement réservé aux hommes. C'est l'un des principaux intérêts du livre : la volonté de briser les codes hommes/femmes, de clamer un nouvel ordre sexuel, un nouveau féminisme que Virginie Despentes saura défendre avec talent dans son essai King Kong théorie, publié 13 ans plus tard. La volonté de se jouer des codes et des comportements généralement réservés aux hommes s'exprime tout au long du livre. Ainsi, dans cet extrait dans lequel Nadine et Manu s'adressent à un homme qu'elles rencontrent : "Toi, t'as l'air d'un mec qui a l'esprit large; alors moi et ma copine, on va pas tourner autour du pot trop longtemps. On cherche un partenaire compréhensif, on va à l'hôtel, on fornique bien comme il faut et on se quitte. Ça te semble possible? Nadine se pend à son deuxième bras, explique très gentiment : - Si ça te dérange pas, chéri, on va baiser plutôt que discuter : on a plus de chances de s'entendre." Roman de provocation, de dépravation, de nihilisme, de déchéance et de rejet de tout ce qui fait société, Baise-moi est un concentré de colère, de révolte et de haine. L'auteure prend le parti de tirer sur tout ce qui bouge -au propre comme au figuré- avec la volonté de dégommer tous les tabous (viol, inceste, meurtre, prostitution, pornographie...). La morale n'a plus droit de cité; on tue n'importe qui, sans épargner un enfant ou une vieille personne sans défense. La méchanceté ne connaît pas de limite; les actes les plus vils et cruels se passent de mobiles. Manu n'hésite cependant pas à parler de "tuerie d'utilité publique". Prédatrices, les deux protagonistes voient en les hommes un moyen d'apaiser temporairement leur soif sexuelle insatiable et se font mantes religieuses en les éliminant après l'accouplement. Sans autre fil conducteur que sa violence intrinsèque inouïe, sa noirceur totale dans l'abandon de toute valeur humaine et sociale, le roman tourne malheureusement un peu à vide dans la succession de ses scènes de sexe et de meurtre. Le sperme appelant le sang, appelant le sperme, appelant le sang... Sûr que la répétition prendrait davantage de sens dans un roman plus construit, fondé sur une histoire se nourrissant moins d'actes gratuits. Le lecteur à beau comprendre que c'est la gratuité même des gestes de ses deux personnages que l'auteur érige en symbole de destruction... il n'en demeure pas moins que quelque chose ne fonctionne pas et qu'on est un peu désolé de constater que le puissant potentiel littéraire de Despentes est sous-exploité. Car le roman comporte déjà les signaux de ce que deviendra son auteur une vingtaine d'années plus tard. L'énergie de l'écriture, l'efficacité des phrases, le génie des portraits, dont voici quelques exemples : "Il a l'esprit borné et très peu inventif, la mémoire encyclopédique des gens privés d'émotion et de talent, persuadé que donner des noms et des dates exactes peut tenir lieu d'âme. Le genre de type qui s'en tient au médiocre et s'en tire assez bien, bêtement né au bon endroit et trop peureux pour déconner." "Il est ce qui ressemble le plus à un ami pour elle, bien qu'on soit encore très loin de la définition d'usage. Elle l'aime à bout portant et s'en prend plein la gueule. Contrairement aux lois d'usage, plus elle le connaît, plus il éblouit. Il est poète, au sens très mâle du terme. À l'étroit dans son époque, incapable de se résoudre à l'ennui et au tiède. Insupportable. Dissident systématique, paranoïaque et coléreux, veule, voleur, querelleur. Il provoque les récriminations partout où il passe. Supportable pour personne, surtout pas pour lui-même. Il aime la vie avec une exigence qui le coupe de la vie. Il affrontera les pires terreurs et endurera la mort de son vivant plutôt que de renoncer à sa quête. Il ne retient aucune leçon puisqu'elles sont contraires à ce en quoi il croit et, obstinément, refait les mêmes erreurs." Ce premier roman, imparfait mais porté par une énergie folle, comporte bel et bien les prémices et les marques de ce que deviendra son auteur : une des voix les plus intéressantes de la littérature française d'aujourd'hui. aucune critique | ajouter une critique
La 4e de couv. indique : "C’est l’histoire d’une amitié passionnelle : deux filles sans repères dont les chemins se croisent par hasard, et qui vont découvrir qu’elles n’ont plus rien à perdre… Paru en 1993 et traduit dans plus de vingt langues, Baise-moi est une déclaration de guerre au bon goût, aux beaux sentiments et à l’élégance. À la croisée du roman « hard boiled » et de la culture hard core, un roman nihiliste et trash, que sauve un humour grinçant… Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi l’ont adapté à l’écran en 2000, avec Karene Bach et Rafaella Anderson dans les rôles titres. Censuré en France, le film a connu un succès durable à l’international." Aucune description trouvée dans une bibliothèque |
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Google Books — Chargement... GenresClassification décimale de Melvil (CDD)843.914Literature French French fiction Modern Period 20th Century 1945-1999Classification de la Bibliothèque du CongrèsÉvaluationMoyenne:
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Deux femmes dégomment des personnes.
Ecrit brutal, qui captive. ( )