Les biographies de Nothomb sont exceptionnelles. Celle-ci n'est pas vraiment une autobiographie puisque c'est la vie de son père qu'elle raconte, mais à la première personne du singulier. Elle a toujours la plume pleine de verve, ce regard décalé et des descriptions à la fois dépouillées et précises.
Cette histoire est un régal qui se lit en quelques heures et qui est un véritable hommage à son père. ( )

Quand l'homme à la kalachnikov demande à Patrick, le diplomate, s'il désire un troisième enfant, la réponse fuse : "Cela dépendra de vous, monsieur le Président." Amélie naîtra deux ans plus tard afin de redonner vie aujourd'hui à celui qui vient de mourir.

Ce roman biographique débute dans une enfance animée à la Poil de Carotte, mêlant goût de la misère et de l'aventure. Cyrano prend le relais et tente de séduire par ses écrits. L'éloquente Shéhérazade parle enfin pour ne pas être exécutée.

Après avoir incarné Jésus, l'infatigable Belge devient Dieu le Père. Évitant l'hagiographie, elle survole un personnage que l'on devine passionnant. Certaines parties auraient mérité d'être développées, mais l'hommage rendu en toute humilité amuse et touche.

Sous la forme d'un haïku :

Mon père, ce héros.
Moi, je te redonne vie,
En devenant toi. ( )

Amélie Nothomb quitte à nouveau la fiction pour la biographie. Après elle, voici son père. Son enfance, orphelin de père à la naissance, élevé par ses grand-parents et ne voyant que trop peu sa mère, splendeur fuyante.

Puis vinrent les débuts diplomatiques mouvementés (euphémisme) en tant que consul belge au cœur de la rébellion Simba à Stanleyville.

Et là encore… si l’autrice possède un grand talent de conteuse… Arrivé bien vite au bout des quelques pages, je me suis demandé… et alors ? La page Wikipédia de l’Opération Dragon rouge aurait-elle suffit ? ( )

Patrick Nothomb est décédé en mars 2020. Sa fille lui rend hommage dans un récit d’enfance écrit en ”je”. Biographie pleine d’humour, de fantaisie et d’élan, mais aussi de gravité et de tragique, pour raconter la genèse d’un diplomate au Congo au moment de l’indépendance, orphelin de père, à la famille fantasque et pourtant aimante. La démonstration qu’ ”il ne faut pas sous-estimer la rage de survivre”. L’opus 2021 est un bon cru. ( )