> LE VOYAGE DÉFINITIF, de Carlos Cataneda. — Certains penseront « encore un livre de Carlos Castaneda ! », mais celui-ci n’est pas de trop. Nous retrouvons, bien sûr, les grandes lignes de l’enseignement de Don Juan Matus, mais présentées de manière plus synthétique. Le récit comporte toujours un côté surnaturel, mais nous pouvons y découvrir les aspects essentiels d’une démarche de connaissance de soi. Don juan évoque la double nature de l’homme : le « véritable esprit » (l’être essentiel) est étouffé par une « implantation extérieure » (l’ego - nous voyons ici une analogie frappante avec « l’organe kundabuffer » de Gurdjieff). Le guerrier doit pouvoir « arrêter le monde », et pour cela apprendre « le silence intérieur. »
« Le silence intérieur est un état d’esprit particulier, dénué de pensées, où l’on fonctionne sur un autre plan de conscience […] il exige la suspension du dialogue intérieur - de cet afflux continuel de pensées -, et se traduit par une sensation de profonde quiétude. »
Ce « voyage définitif » évoque la préparation au passage de la mort, mais est également une allégorie de l’acte de mourir à soi-même pour l’homme esclave de son ego. « C’est à cet instant que les sorciers retrouvent la véritable nature de l’homme. Ceux d’autrefois l’appelaient aussi la liberté totale puisque l’homme-esclave devient alors un être libre, capable de prouesses perceptibles qui défient notre imagination linéaire. »
Le sorcier peut alors aspirer à rejoindre « l’infini » et agir au sein de la « mer sombre de la conscience. » (voir 3e millénaire n°51 : « Le chamanisme toltèque »). Editions du Rocher, 1999 - 330 p.
—3e millénaire, (55), Printemps 2000