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Chargement... La Mort dans l'âme (1949)par Jean-Paul Sartre
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Appartient à la sérieAppartient à la série éditorialeGallimard, Folio (58) Kaderreeks ([6]) Penguin Modern Classics (2045) サルトル全集 (3) Distinctions
June 1940 was a summer of defeat for France's soldiers, deserted by their officers, utterly demoralized, awaiting the Armistice. Day by day, hour by hour, Iron in the Soulunfolds what men thought, felt and did as France fell. Men who shrugged, men who ran, men who fought, and tragic men like Mathieu, who had dedicated his life to finding personal freedom, now overwhelmed by remorse and bitterness, who must learn to kill. Iron in the Soul, the third volume of Satre's Roads to FreedomTrilogy, is a harrowing depiction of war and what it means to lose. Aucune description trouvée dans une bibliothèque |
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Google Books — Chargement... GenresClassification décimale de Melvil (CDD)843.914Literature French French fiction Modern Period 20th Century 1945-1999Classification de la Bibliothèque du CongrèsÉvaluationMoyenne:
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Le style, assez élégiaque, est très différent de celui des tomes précédents. Livre sur la guerre sans récit de guerre, à l’exception du dernier dixième, il est fidèle à l’évocation de la drôle de guerre.
Moins puissant, plus brouillon que les deux premiers livres de la série, il n’en demeure pas moins un roman d’un très grand intérêt. Sartre, par sa très vive intelligence, le regard multidimensionnel qu’il porte sur l’époque, sa pensée politique et philosophique, stimule et bouscule ses lecteurs.
Le passage le plus frappant du livre est sans conteste l’épiphanie de Mathieu dont l’essence se révèle sous la mitraille continue qu’il administre aux ennemis (à la fin de la première partie du livre) :
[Mathieu] s’approcha du parapet et se mit à tirer debout. C’était une énorme revanche ; chaque coup de feu le vengeait d’un ancien scrupule. Un coup sur Lola que je n’ai pas osé voler, un coup sur Marcelle que j’aurais dû plaquer, un coup sur Odette que je n’ai pas voulu baiser. Celui-ci pour les livres que je n’ai pas osé écrire, celui-là pour les voyages que je me suis refusés, cet autre sur tous les types, en bloc, que j’avais envie de détester et que j’ai essayé de comprendre. […] il tira sur le bel officier, sur toute la Beauté de la Terre, sur la rue, sur les fleurs, sur les jardins, sur tout ce qu’il avait aimé. La Beauté fit un plongeon obscène et Mathieu tira encore. Il tira : il était pur, il était tout-puissant, il était libre ».
Autres extraits :
C’est marrant, pensa Mathieu. Oui, c’est marrant. Il regarde dans le vide, il pense : « Je suis Français », et il trouve ça marrant, pour la première fois de sa vie. C’est marrant. La France, nous ne l’avions jamais vue : nous étions dedans, c’était la pression de l’air, l’attraction de la terre, l’espace, la visibilité, la certitude tranquille que le monde a été fait pour l’homme ; c’était tellement naturel d’être Français, c’était le moyen le plus simple, le plus économique de se sentir universel. Il n’y avait rien à expliquer : c’était aux autres, aux Allemands, aux Anglais, aux Belges d’expliquer par quelle malchance ou par quelle faute ils n’étaient pas tout à fait des hommes. A présent, la France s’est couchée à la renverse et nous la voyons, nous voyons une grande machine détraquée et nous pensons : c’était ça. Ça : un accident de terrain, un accident de l’histoire. Nous sommes encore Français, mais ce n’est plus naturel. Il a suffi d’un accident pour nous faire comprendre que nous étions accidentels. Schwarz pense qu’il est accidentel, il ne se comprend plus, il est embarrassé de lui-même ; il pense : « Avec un peu de chance, j’aurais pu naître Allemand. » Alors il prend l’air dur et il tend l’oreille pour entendre rouler vers lui sa patrie de rechange ; il attend les armées étincelantes qui vont lui faire fête ; il attend le moment où il pourra troquer notre défaite contre leur victoire, où il lui semblera naturel d’être victorieux et Allemand.
Schneider à Brunet (les conversations entre les deux hommes sont fascinantes car elles donnent régulièrement à penser que Sartre est en dialogue avec lui-même) :
« Toutes les raisons qu’ils croyaient avoir de se battre, vous êtes en train de les leur ôter. Ce pauvre gars qui s’imaginait partir pour la croisade du Droit et de la Justice, vous voulez le persuader qu’il s’est laissé embarquer par étourderie dans une guerre impérialiste ; il ne sait plus ce qu’il veut, il ne reconnaît plus ce qu’il a fait. Ce n’est pas seulement l’armée de ses ennemis qui triomphe : c’est leur idéologie ; lui il reste là, tombé hors du monde et de l’histoire, avec des idées mortes, il essaie de se défendre, de repenser la situation. Mais avec quoi ? Jusqu’à ses outils à penser qui sont périmés : vous lui avez foutu la mort dans l’âme ». ( )