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Chargement... The Confessions (original 1782; édition 1987)par Jean-Jacques Rousseau (Auteur), J. M. Cohen (Introduction)
Information sur l'oeuvreLes Confessions par Jean-Jacques Rousseau (1782)
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> Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, phie, notes, relevé des variantes et index par Classiques Garnier, 1964. Un vol. 18,5 x 11,5 pl. h.t. Introduction, bibliogra-Jacques Voisine, Paris, de cxlii-1094 p. et 19 Se reporter au compte rendu de René POMEAU In: Revue d'Histoire littéraire de la France, 67e Année, No. 1 (Jan. - Mar., 1967), pp. 154-156… ; (en ligne), URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5745903p/f156.item > Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, phie, notes, relevé des variantes et index par Classiques Garnier, 1964. Un vol. 18,5 x 11,5 pl. h.t. Introduction, bibliogra-Jacques Voisine, Paris, de cxlii-1094 p. et 19 Se reporter au compte rendu de Jacques VOISINE In: Revue d'Histoire littéraire de la France, 75e Année, No. 1 (Jan. - Feb., 1975), p. 130… ; (en ligne), URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5652259r/f132.item > LES CONFESSIONS, collection « Le Flambeau » by Jean-Jacques Rousseau Se reporter au compte rendu de ? In: Revue des Deux Mondes, Revue des Deux Mondes (1829-1971) (15 MAI 1957), p. 382 > Par Adrian (Laculturegenerale.com) : Les 150 classiques de la littérature française qu’il faut avoir lus ! 07/05/2017 - Cette autobiographie novatrice laïcise le genre : Rousseau s’adresse et justifie sa vie aux yeux des hommes. Du saint Augustin moderne ! Il donne son programme dans son incipit : « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi. » aucune critique | ajouter une critique
Appartient à la série éditorialeEveryman's Library (859-860) — 14 plus Limited Editions Club (S:23.09) La nostra biblioteca Edipem (21-22) Penguin Classics (L033) Perpetua reeks (10) The Pocket Library (PL-56) Privé-domein (211) Gli struzzi [Einaudi] (172) Est contenu dansContientEst en version abrégée dansListes notables
Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau est une autobiographie publiée à titre posthume.Le titre des Confessions a sans doute été choisi en référence aux Confessions de Saint-Augustin, publiées au IVe siècle après Jésus Christ. Rousseau, qui était protestant, accomplit ainsi un acte sans valeur religieuse à proprement parler, mais doté d'une forte connotation symbolique: celui de l'aveu des pêchés, de la confession. On reproche souvent à Rousseau la prétention extrême présente dans certains extraits des « Confessions » et dissimulée sous une apparente humilité, mais passer outre à la première lecture est nécessaire pour accéder au second niveau de l'oeuvre, qui reste un chef d'oeuvre de la littérature française.Composé de 12 livres, « Les Confessions » de Rousseau sont considérées comme la première véritable autobiographie. La première partie de l'oeuvre (livres i à vi) a été publiée en 1782 et la seconde (livres vii à xii) en 1789. Aucune description trouvée dans une bibliothèque |
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Google Books — Chargement... GenresClassification décimale de Melvil (CDD)848.509Literature French Miscellaneous French writings 18th century 1715–89Classification de la Bibliothèque du CongrèsÉvaluationMoyenne:
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« J’ai dit le bien et le mal avec la même franchise. Je n’ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon, et s’il m’est arrivé d’employer quelque ornement indifférent, ce n’a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire ».
Deux siècles plus tard, Simone de Beauvoir prendra des précautions oratoires similaires pour introduire ses mémoires.
Les Confessions forment une œuvre qui couvre l’essentiel de la vie de Jean-Jacques Rousseau (jusqu’en 1765) ; composée de 12 livres et en deux parties, les Confessions seront publiées à titre posthume (en 1782 pour la première partie et 1789 pour la seconde).
Rousseau choisit véritablement le mode de la confession car ce qu’il écrit ne relève pas d’une narration de faits choisis ; il s’interdit donc aussi le mensonge par omission puisqu’il faut TOUT dire.
"Ce n’est pas ce qui est criminel qui coûte le plus à dire, c’est ce qui est ridicule et honteux. Dès à présent je suis sûr de moi : après ce que je viens d’oser".
Avec une honnêteté inouïe pour l’époque, il fait le récit d’une tentative de viol qu’un homme a commis sur lui à l’adolescence (« tandis qu’il achevait de se démener, je vis partir vers la cheminée et tomber à terre je ne sais quoi de gluant et de blanchâtre qui me fit soulever le cœur."). Puis il avoue avoir été exhibitionniste à une période de sa jeunesse. Bien plus grave, on découvre avec horreur sa participation à un viol collectif d’une enfant, acte qui était certainement tellement légion à l’époque que les plus lettrés s’y adonnaient sans retenue… et que dire enfin de l’abandon de ses 5 enfants qu’il confia au bureau des Enfants-Trouvés, ainsi de ses justifications douteuses et contradictoires, lui, l’auteur de L’Emile ?
A noter que confession si bien reçue de son infidélité à Thérèse – femme simple et aimante avec laquelle il partagea l’essentiel de sa vie – fait écho à celle que Julie reçoit de Saint-Preux ; elle lui sait gré de l’aveu difficile d’une infidélité à Paris qui l’aide plus que jamais à accroître sa confiance en lui.
Il décide donc de raconter sa vie par le menu, en commençant par l’enfant qu’il fut et qui coûta la vie à sa mère en naissant. Il narre sa longue période d’apprentissage, son entrée progressive dans le monde, ses rencontres, ses déménagements, etc. On apprend qu’il est sauvé de l'ennui de son emploi au cadastre par sa folle passion pour la musique.
Mais ne nous y trompons pas, ce que Rousseau cherche avant tout, c’est à se réhabiliter : « Le parti que j’ai pris d’écrire et de me cacher est précisément celui qui me convenait. Moi présent, on n’aurait jamais su ce que je valais, on ne l’aurait pas soupçonné même".
Ces longues confessions permettent véritablement de se plonger dans la vie quotidienne de l’époque : les repas, les occupations diverses de l’existence, les problèmes de santé et les difficultés à les combattre (l’évocation de sa maladie de vessie renvoie aux terribles accès de coliques néphrétiques que Montaigne décrit dans les Essais) ; on y trouve aussi un exemple de pratique (séculaire hélas !) de harcèlement scolaire à son encontre, mais aussi un passage assez cocasse où il décrit la ruine que cela entraîne d'être invité en raison de tous les gros pourboires qu'il se sent obligé de donner aux domestiques !
Il est intéressant de lire la description de son arrivée à Paris dont il attendait monts et merveilles. Il rendra compte de cette déception et de son rapport difficile avec cette ville à travers le personnage de Saint-Preux. On découvre que ce dernier est souvent un double idéalisé de l’auteur (dans ses pages assez féroces sur l’opéra, par exemple !).
Sa découverte extatique du pont du Gard est rafraîchissante pour le lecteur d’aujourd’hui. D’autres commentaires de voyages sonnent comme des passages issus du Routard mais écrits avec plus de style.
« Je l’aimais en frère, mais j’en étais jaloux en amant ».
Sa relation entretenue avec Mlle de Vulson, à l'âge de 11 ans, en dit long sur sa personnalité et sur ses relations amoureuses à venir, globalement assez pathétiques (ce dont il convient lui-même, à sa façon). Sa relation, jeune homme, avec Mme de Warens, qu’il n’a cessé d’appeler maman, est dans la même veine (« je l’aimais trop pour la convoiter »).
En faisant état de la naissance de La nouvelle Héloïse, il dira qu’elle était issue de sa frustration de n'avoir pas connu la passion amoureuse dans sa jeunesse.
"J’adore la liberté. J’abhorre la gêne, la peine, l’assujettissement. Tant que dure l’argent que j’ai dans ma bourse, il assure mon indépendance ; il me dispense de m’intriguer pour en trouver d’autre ; nécessité que j’eus toujours en horreur : mais de peur de le voir finir, je le choie. L’argent qu’on possède est l’instrument de la liberté ; celui qu’on pourchasse est celui de la servitude.".
Difficile de décrire un homme aussi pluriel et aussi complexe que Rousseau : un homme épris de liberté, un solitaire, un surdoué touche à tout, un hypersensible avec des tendances singulièrement paranoïaques, à la curiosité insatiable, aux amitiés toujours ô combien déçues, trahies, bafouées et dont on ne pressent que le début dans ce passage du livre 1 :
"J’ai cherché longtemps, à Paris, deux camarades du même goût que moi qui voulussent consacrer chacun cinquante louis de sa bourse et un an de son temps à faire ensemble, à pied, le tour de l’Italie, sans autre équipage qu’un garçon qui portât avec nous un sac de nuit. Beaucoup de gens se sont présentés, enchantés de ce projet en apparence, mais au fond le prenant tous pour un pur château en Espagne, dont on cause en conversation sans vouloir l’exécuter en effet. Je me souviens que, parlant avec passion de ce projet avec Diderot et Grimm, je leur en donnai enfin la fantaisie. Je crus une fois l’affaire faite ; mais le tout se réduisit à vouloir faire un voyage par écrit, dans lequel Grimm ne trouvait rien de si plaisant que de faire faire à Diderot beaucoup d’impiétés, et de me faire fourrer à l’Inquisition à sa place."
On côtoie le très fin psychologue, qualité si présente dans La Nouvelle Héloïse :
"l’obstination du dessein formé de ne pas retourner à Genève, la honte, la difficulté même de repasser les monts, l’embarras de me voir loin de mon pays, sans amis, sans ressources, tout cela concourait à me faire regarder comme un repentir tardif les remords de ma conscience ; j’affectais de me reprocher ce que j’avais fait, pour excuser ce que j’allais faire. En aggravant les torts du passé, j’en regardais l’avenir comme une suite nécessaire."
On salue sa sagacité et son sens de la formule (régulièrement au service de son anticléricalisme et de sa méfiance du religieux), alors qu’il peut être par ailleurs d’une naïveté qui laisse pantois :
"Les protestants sont généralement mieux instruits que les catholiques. Cela doit être : la doctrine des uns exige la discussion, celle des autres la soumission. Le catholique doit adopter la décision qu’on lui donne ; le protestant doit apprendre à se décider."
"En général, les croyants font Dieu comme ils sont eux-mêmes, les bons le font bon, les méchants le font méchant ; les dévots, haineux et bilieux, ne voient que l’enfer, parce qu’ils voudraient damner tout le monde ; les âmes aimantes et douces n’y croient guère".
Il réserve aussi quelques flèches bien senties à l’encontre des médecins qu’il a pris en aversion :
« Tout au contraire des théologiens, les médecins et les philosophes n’admettent pour vrai que ce qu’ils peuvent expliquer, et font de leur intelligence la mesure des possibles. Ces messieurs ne connaissaient rien à mon mal, donc je n’étais pas malade : car comment supposer que des docteurs ne sussent pas tout. »
Impossible, enfin, de ne pas rendre hommage à son sens de la formule à travers cette phrase qui a immortalisé l’idée des livres que l’on ne lit « que d’une main », et dont on a oublié qu’elle venait de lui ;
"j’avais plus de trente ans avant que j’eusse jeté les yeux sur aucun de ces dangereux livres qu’une belle dame de par le monde trouve incommodes, en ce qu’on ne peut, dit-elle, les lire que d’une main."
C’est peu dire que ces confessions créent une grande proximité avec le lecteur. On y découvre sa grande timidité, son inaptitude à la conversation qui fait de sa vie sociale une torture, sa grande difficulté à écrire, son défaut de mémoire, son hyper-présence au monde ("Le moindre petit plaisir qui s’offre à ma portée me tente plus que les joies du Paradis."), son goût immodéré de la marche et des voyages, de la lecture (dès l’enfance, avec son père), etc.
Sur son activité de lecteur impénitent :
« lire en mangeant fut toujours ma fantaisie, au défaut d’un tête-à-tête. C’est le supplément de la société qui me manque. Je dévore alternativement une page et un morceau : c’est comme si mon livre dînait avec moi."
… et sur la félicité que lui procurent les voyages et la marche à pied :
"La chose que je regrette le plus dans les détails de ma vie dont j’ai perdu la mémoire est de n’avoir pas fait des journaux de mes voyages. Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j’ose ainsi dire, que dans ceux que j’ai faits seul et à pied. La marche a quelque chose qui anime et avive mes idées ; je ne puis presque penser quand je reste en place ; il faut que mon corps soit en branle pour y mettre mon esprit. »
Tout en regrettant de ne pas avoir écrit à ce sujet, il fait le constat juste de la nécessité de jouir sans contrainte du moment présent. Flaubert avait d'une certaine manière trouvé la parade en décrivant ses voyages à travers son abondante correspondance, laquelle n'était néanmoins pas destinée à la publication.
Rousseau est émouvant quand il décrit le bonheur ordinaire (de courte durée) auprès de Mme de Warens, les germes de haine de l’oppresseur du petit peuple, son amour de la nature et des animaux, son esprit sans cesse tourné vers la création (« Si je veux peindre le printemps, il faut que je sois en hiver ; si je veux décrire un beau paysage, il faut que je sois dans des murs ; et j’ai dit cent fois que si j’étais mis à la Bastille, j’y ferais le tableau de la liberté »), son admiration pour Voltaire (non partagée) qui lui donna le goût d’apprendre à écrire avec élégance.
Il sait aussi être exaspérant à bien des endroits, car infiniment pleurnichard et bourré de contradictions. Son insuccès en tant que compositeur s’avéra une défaite dont il semble ne s’être jamais remis.
« ici commence le long tissu des malheurs de ma vie, où l’on verra peu d’interruption. » Ce genre de phrase est répété à l’envie tout au long des Confessions.
Dans la seconde partie des Confessions, il fait preuve d’un auto-apitoiement sans limites en trouvant visiblement plaisir à verser des larmes sur son sort. On note d’ailleurs que c'est uniquement dans le second livre des Confessions qu'il parle régulièrement de lui à la troisième personne, ce qui plaide pour une dégradation de sa santé mentale et même d’un délire de persécution : "Mais le temps me gagne, les espions m’obsèdent ; je suis forcé de faire à la hâte et mal un travail qui demanderait le loisir et la tranquillité qui me manquent."
Tout exaspérant qu'il puisse être dans ses apitoiements et délires de justice pour lui-même, il nous fascine toujours par sa formidable finesse psychologique et sa prodigieuse capacité à en rendre compte dans un style net et impeccable
Il se montre ambivalent en tout, y compris dans ses relations amicales, vécues douloureusement car enfreignant sa liberté et lui donnant l’impression d'être contrôlé et empêché. A le lire, on aurait presque envie de donner raison à Proust qui affirmait que l'amitié n'existe pas et seul existe le sentiment d'amour sous différentes formes.
Le portrait très acide qu’il brosse de Grimm, par exemple, prouve que Rousseau était capable de sentiments haineux, contrairement à ce qu'il ne cesse d’affirmer (il était en effet certain que son cœur trop aimant était incompatible avec ce sentiment).
Il rappelle néanmoins l’intelligence avec laquelle Montesquieu avait déclaré haut et fort, suite à sa rupture avec un de ses amis : « « N’écoutez ni le P. de Tournemine, ni moi, parlant l’un de l’autre ; car nous avons cessé d’être amis."
En tout cas, en affirmant que Montaigne fait semblant d'avouer ses défauts (il se serait dépeint uniquement de profil) alors que lui, Jean-Jacques Rousseau, promet de faire un portrait de lui-même de face en se décrivant sincèrement comme le meilleur des hommes, on peut aisément déduire a minima que Montaigne était le plus lucide des deux.
Bien qu’il soit conscient de la postérité de son œuvre, il est vraiment très curieux qu’il se comporte autant en homme désespéré et traqué, désavoué de tous, alors que la publication de « la Julie » (comme il aime à l’appeler) devient un « best-seller » sans égal à cette époque.
En dépit de tous les agacements que l’on peut ressentir à la lecture de ces confessions, il n’en demeure pas moins qu’elles constituent un texte magistral à bien des égards ! Quelle entreprise littéraire, quelle beauté dans l’écriture, quelle finesse, quel témoignage, quel personnage il fut !
Donnons à Jean-Jacques Rousseau, homme si complexe et protéiforme, les mots de la fin, lui qui avait si peur d’être incompris :
"J’aime à m’occuper à faire des riens, à commencer cent choses et n’en achever aucune, à aller et venir comme la tête me chante, à changer à chaque instant de projet, à suivre une mouche dans toutes ses allures, à vouloir déraciner un rocher pour voir ce qui est dessous, à entreprendre avec ardeur un travail de dix ans, et à l’abandonner sans regret au bout de dix minutes, à muser enfin toute la journée sans ordre et sans suite, et à ne suivre en toute chose que le caprice du moment." ( )