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Chargement... Une vie (1883)par Guy de Maupassant
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« Jeanne, ayant fini ses malles, s’approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas ». C’est sur cette phrase que s’ouvre le roman. Jeune fille « de bonne famille », Jeanne quitte le couvent à l’âge de 17 ans. Peu de temps après son entrée dans le monde, elle fait la rencontre de Julien, fils de nobles déchus, dont elle tombe amoureuse avec toute l’innocence qui la caractérise. La nuit de noces, décrite comme une véritable scène de viol, est une des plus fortes de ce roman bien obscur. L’inégalité entre hommes et femmes dans le droit au plaisir y est clairement démontrée. « Voilà donc ce qu’il appelle être sa femme ; c’est cela ! c’est cela ! » Et elle resta longtemps ainsi, désolée, l’œil errant sur les tapisseries des murs, sur la vieille légende d’amour qui enveloppait sa chambre ». Ce n’est que sous le ciel de l’Italie, à l’occasion de leur voyage de noce, que la pauvre Jeanne ressentira pour la première et unique fois le plaisir de la chair. Tout change à leur retour au domicile conjugal. « Ses relations avec Julien avaient changé complètement. Il semblait tout autre depuis le retour de leur voyage de noces, comme un acteur qui a fini son rôle et reprend sa figure ordinaire. C'est à peine s'il s'occupait d'elle, s'il lui parlait même ; toute trace d'amour avait subitement disparu ; et les nuits étaient rares où il pénétrait dans sa chambre ». Plus loin dans le roman, Maupassant écrit que « on pleure parfois les illusions avec autant de tristesse que les morts ». Et Jeanne ne manque pas d’occasions de pleurer, jusqu’à l’évanouissement parfois. Le prince charmant épousé s’avère hélas un bien sinistre personnage : fourbe, égoïste, avare, traitre et brutal. Le seul bonheur de Jeanne sera son fils Paul qui ne lui causera ensuite que d’affreux tourments à l’âge adulte. « Pourquoi n’avait-elle pas été aimée comme d’autres ? Pourquoi n’avait-elle pas même connu les simples bonheurs d’une existence calme ? » s’interroge Jeanne, vers la fin du roman, alors qu’elle fait le bilan d’une vie qui revêt la noirceur glacée d’une pierre tombale. Seul le retour de son ancienne servante Rosalie (qui avait dû en son temps quitter son service après avoir été engrossée par l’infâme mari) lui apportera un peu de douceur dans les dernières années de sa vie. C’est d’ailleurs Rosalie qui aura le mot de la fin : « La vie, voyez-vous, ça n’est jamais aussi bon ni si mauvais qu’on croit », alors que Jeanne apprend que la femme de son fils vient de mourir en couches et que l’on a besoin d’elle pour s’occuper de la petite fille qui vient de naître. Un texte à part dans l’œuvre de Maupassant car empreint d’un romantisme inhabituel pour l’auteur. Un texte âpre et sombre, d’une réelle beauté. > Babelio : https://www.babelio.com/livres/Maupassant-Une-vie/20150 > UNE VIE, par Guy de Maupassant (Le Livre de Poche, 1979, Poche, 256 pages). — Jeanne, fille unique très choyée du baron et de la baronne Le Penthuis des Vauds, avait tout pour être heureuse. Son mariage avec Julien de Lamare, rustre et avare, se révélera une catastrophe. Sa vie sera une suite d'épreuves et de désillusions. Ce roman, le premier de Guy de Maupassant, est une peinture remarquable des moeurs provinciales de la Normandie du XIXe siècle : hobereaux, domestiques et paysans y sont décrits avec beaucoup de réalisme. —Pauline Hamon (Culturebox) Ayant vu le 2016 film de Stéphane Brizé, je m'attendais à un bouquin qui allait peser lourd, qui allait traîner sans fin. Mais non: Maupassant nous paint la vie de Jeanne avec un délicace sûre et une compassion inattendue. J'allais vite feuilleter la plupart de ce livre, mais j'ai fini par le lire entièrement. Supérieur au film. Un excellent roman. aucune critique | ajouter une critique
Appartient à la série éditorialeEst contenu dansEst en version abrégée dansContient un guide de lecture pour étudiant
Classic Literature.
Fiction.
Literature.
HTML:Une édition de référence d'Une vie de Guy de Maupassant, spécialement conçue pour la lecture sur les supports numériques. « Alors une émotion infinie l'envahit. Elle découvrit brusquement la figure de l'enfant qu'elle n'avait pas encore vue : la fille de son fils. Et comme la frêle créature, frappée par la lumière vive, ouvrait ses yeux bleus en remuant la bouche, Jeanne se mit à l'embrasser furieusement, la soulevant dans ses bras, la criblant de baisers. Mais Rosalie, contente et bourrue, l'arrêta. "Voyons, voyons, madame Jeanne, finissez ; vous allez la faire crier." Puis elle ajouta, répondant sans doute à sa propre pensée : "La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit." (Extrait du chapitre XIV.) Aucune description trouvée dans une bibliothèque |
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Google Books — Chargement... GenresClassification décimale de Melvil (CDD)843.8Literature French French fiction Later 19th century 1848–1900Classification de la Bibliothèque du CongrèsÉvaluationMoyenne:
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Je m’attendais à un roman qui serait représentatif de ce qu’est la vie d’une femme de la petite aristocratie ou de la bourgeoisie provinciale cossue du XIXème siècle, mais Jeanne n’est pas tout à fait une femme comme les autres. Maupassant choisit de faire de son héroïne une femme trop pure, trop pétrie d’idéaux, une femme finalement incapable des compromissions de son temps, et par là incapable de s’insérer dans la société, une femme qui ne peut qu’être déçue par la trivialité des choses et par les petits accommodements qui permettent aux autres de vivre avec leur conscience et avec leurs semblables. Cela m’a peut-être un peu dérangée parce que le personnage de Jeanne en ressort moins crédible, elle est cette figure que la vie abîme et que le bonheur fuit, parce qu’elle n’est pas adaptée à ce qui l’entoure. Et cela donne un ton triste, voire mélancolique, à ce court roman. Il est sous-titré (d’un sous-titre qui s’est un peu perdu et que je ne connaissais pas avant de faire quelques recherches sur ce livre) « L’humble vérité ». La vérité de ce qu’est la vie pour de vrai, et je ne suis pas sûre que c’est le mot « humble » que j’aurais choisi, plutôt quelque chose autour de la notion de déception, je crois.
Et au cours de cette lecture, deux comparaisons se sont imposées. La première avec [Madame Bovary]. J’ai d’ailleurs tendance à confondre Maupassant et Flaubert, nos deux écrivains normands, et il est tentant de rapprocher Jeanne de Lamare d’Emma Bovary, son aînée de 26 ans (en terme d’année de publication). Toutes deux sont des jeunes femmes au seuil de leur vie d’adulte, pleines d’espérance et avide de ce qu’elles se pensent en droit d’attendre de la vie. Toutes deux, par des chemins différents, ne rencontreront que déceptions et espoirs déçus. Des parcours différents, deux visions de la même réalité. J’ai un petit faible pour Flaubert plutôt que pour Maupassant que je trouve toujours très froid et distant, très moqueur vis-à -vis de ses personnages, ce qui m’a fait ressentir d’autant plus une certaine pitié apitoyée pour cette femme complètement inadaptée aux réalités quotidiennes, ne vivant que de la déception de ses rêves trop tôt enfuis.
La deuxième comparaison qui m’est venue à l’esprit est d’ailleurs avec le roman suivant de Maupassant, [Bel-Ami], où là , ce mordant de Maupassant va comme un gant à l’arriviste qu’est Georges Duroy, qui à la différence de Jeanne sait on ne peut mieux utiliser les codes de la société pour s’y faire la place qu’il estime être sienne. Deux personnages que tout oppose, un grand écart social, qui peut-être met encore plus en relief la tristesse et la vacuité de la vie de Jeanne.
En conclusion, Maupassant n’est certes pas mon auteur préféré, et cette lecture m’a parfois fait grincer des dents, mais je suis contente d’avoir lu ce roman qui manquait à ma culture générale. Il m’a même donné envie, pourquoi pas, de relire [Bel-Ami] (lu dans mes années adolescentes, cela date…).