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> APAISER L'ESPRIT FACE À LA VIOLENCE, La réponse du zen au terrorisme, de Thich Nhat Hanh (2016, Le Courrier du Livre, 180 p.). — Thich Nhat Hanh aborde le sujet qui est passé au centre de la vie de notre société, et qui entretient en chacun une inquiétude sourde : le terrorisme. « Les racines du terrorisme sont l’incompréhension, la peur, la colère et la haine, et les militaires ne peuvent pas les repérer ». Le constat est vite fait : nulle réponse basée sur la violence ne pourra venir à bout de la violence du terrorisme. C’est donc avec un autre regard qu’il faut voir les choses. L’auteur nous propose celui du bouddha : « reconnaître la souffrance et comprendre sa nature ». Le terreau du terrorisme est la souffrance et celle-ci, si nous ne sommes pas attentifs à ses effets en nous (colère et haine) s’étend dans tous les cœurs. La troisième vérité du bouddha est qu’il est possible de mettre fin à la souffrance. L’auteur raconte comment, alors qu’il vivait au Vietnam, il voyait ses amis mourir sous les bombes américaines, comment la colère s’emparait de son cœur... c’est en se posant, au calme, attentif à sa respiration, qu’il a pu voir sa colère et sa haine, les laisser fleurir sans intervention mentale puis dans cet accueil, voir la compassion naître en lui, comme une rosée matinale. C’est la pratique de la pleine conscience qui offre les conditions d’une compréhension réelle, d’une compassion qui permette de surmonter de tels événements qui, si la réponse reste au niveau des réactions politique et militaire bien conditionnées (phrases martiales et représailles), n’en sont qu’au tout début. Thich Nhat Hanh explore cette question aux niveaux individuel et collectif, au niveau de toute la nation. La souffrance doit pouvoir s’exprimer en pleine lumière, dans des commissions, la parole doit se libérer et être écoutée. Il pointe le doigt sur les politiques, reconnaissant la difficulté de leur vie, mais voyant aussi à quel point leurs schismes entraînent la division partout. Mais au-delà des questions politiques et sociales qu’il aborde de façon directe, il pointe avant tout vers la nécessité d’une attention bienveillante et d’une pratique de pleine conscience. Il invite à la marche consciente autant que possible, à l’écoute profonde, à la bienveillance non pas contrefaite mais venant d’une authentique compréhension de soi-même et de la situation. Un livre qui offre des clefs, en fait les seules qui puissent soigner la nation et tous les êtres qui y vivent.
—3e millénaire, (121), Automne 2016

> Bibliographie : http://www.librarything.fr/work/254643/book/198902861