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Chargement... Tous les hommes sont mortels (1946)par Simone de Beauvoir
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Roman à thèse historique, «utopique» et antihégélien. Au début du 14e siècle le prince ambitieux et enthousiaste, d'une petite cité ducale d'Italie, n'hésite pas à boire l'élixir d'immortalité pour tenter d'échapper aux bornes de la condition humaine. Au 16e siècle, il quitte l'ancien monde et découvre des terres nouvelles. Deux siècles plus tard, il revient en France et participe aux insurrections parisiennes de 1830 et de 1948. Selon l'éditeur, ce roman est l'histoire d'une lente mais inexorable désillusion. Pour Gaétan Picon, cette fiction chargée de démontrer une proposition théorique ne dépasse pas les limites d'une "fabrication remarquable". [SDM] Aucune description trouvée dans une bibliothèque |
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Google Books — Chargement... GenresClassification décimale de Melvil (CDD)843.914Literature French French fiction Modern Period 20th Century 1945-1999Classification de la Bibliothèque du CongrèsÉvaluationMoyenne:
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Elle y relate la vie de Raymond Fosca, noble toscan à qui l'on propose au 13ème siècle de boire un elixir qui lui procurera l'immortalité. Personnage extrêmement ambitieux et désireux de conquérir le monde, il croit détenir la clef de tous les pouvoirs imaginables. On le verra traverser les siècles, allant d'aventures en aventures, mais surtout de guerre en guerre, la férocité humaine étant décrite à l'envi tout au long du récit.
Ce récit, c'est à l'inconséquente Régine, fascinée par cet homme qui semble mort et ne se nourrit jamais, qu'il le livre à l'époque contemporaine. Et c'est franchement longuet.
Sans vouloir être trop injuste à l'égard d'un genre que je n'apprécie pas du tout (celui du roman d'aventures en tout ca), j'ai trouvé la narration souvent pénible avec sa floraison de détails qui s'acharnent à "faire vrai", avec ses "crocodiles dans la boue chaude"... et j'en passe. Le roman comprend par ailleurs d'étranges maladresses ; par exemple, le passage dans lequel le héros dit n'avoir jamais eu de secrets pour son épouse Marianne, au moment même où il craint que son terrible secret d'homme immortel est en passe de lui être révélé.
Pourtant, l'idée d'écrire un roman sur la condition humaine à travers le prisme de l'immortalité est intéressante. Bien sûr, bien d'autres écrivains s'y sont essayés avant elle mais peu d'auteurs qui comptent l'ont fait au 20ème siècle.
Françoise Sagan disait que ce n'était "pas convenable" de condamner les hommes à une condition mortelle. Elle est loin d'être la seule à le penser. Qui au moins n'a pas rêvé de se voir offrir une vie au brouillon avant d'entamer la "bonne" ? Woody Allen a dit quant à lui que "l'immortalité, c'est long, surtout vers la fin".
Simone de Beauvoir donne raison au second et démontre ce curieux paradoxe : c'est parce les hommes meurent qu'ils peuvent vivre. L'immortalité prive l'homme de ses sensations, de ses espoirs, de ses projets. Le coeur s'assèche et ne bat plus. Tout n'est qu'une ennuyeuse répétition sans but.
"Un homme de nulle part, sans passé, sans avenir, sans présent. Je ne voulais rien ; je n'étais personne. [...] Un étranger, un mort. Ils étaient des hommes, il vivaient. Moi je n'étais pas des leurs. Je n'avais rien à espérer."
Bien que n'ayant pas pactisé directement avec le diable, Raymond Fosca éprouve son immortalité comme une effrayante malédiction, son angoisse la plus vive étant celle de devoir probablement survivre à l'humanité même.
Enfin, il est curieux que l'intellectuelle si engagée qu'était Simone de Beauvoir ait choisi de décrire un personnage qui ne cesse de réduire à néant l'idée même du combat, pour quelque cause que ce soit. Une ambiguïté assez étonnante sur laquelle on aimerait pouvoir l'interroger. ( )