AccueilGroupesDiscussionsPlusTendances
Site de recherche
Ce site utilise des cookies pour fournir nos services, optimiser les performances, pour les analyses, et (si vous n'êtes pas connecté) pour les publicités. En utilisant Librarything, vous reconnaissez avoir lu et compris nos conditions générales d'utilisation et de services. Votre utilisation du site et de ses services vaut acceptation de ces conditions et termes.

Résultats trouvés sur Google Books

Cliquer sur une vignette pour aller sur Google Books.

Chargement...

La force de l'âge (1960)

par Simone de Beauvoir

Autres auteurs: Voir la section autres auteur(e)s.

Séries: Simone de Beauvoir, Mémoires (2)

MembresCritiquesPopularitéÉvaluation moyenneMentions
901823,603 (3.98)13
Orig:s titel: La force des choses II
  1. 00
    Souvenirs par Hélène de Beauvoir (JuliaMaria)
    JuliaMaria: Die Memoiren der beiden Schwestern, Schriftstellerin die eine, Malerin die andere.
  2. 00
    A Disgraceful Affair par Bianca Lamblin (Cecrow)
    Cecrow: Lamblin's account of her relationship with Beauvoir and Sartre.
  3. 00
    Becoming Beauvoir: A Life par Kate Kirkpatrick (JuliaMaria)
Chargement...

Inscrivez-vous à LibraryThing pour découvrir si vous aimerez ce livre

Actuellement, il n'y a pas de discussions au sujet de ce livre.

» Voir aussi les 13 mentions

« Encore une fois, cet exposé ne se présente aucunement comme une explication. Et même, si je l’ai entrepris, c’est en grande partie parce que je sais qu’on ne peut jamais se connaître mais seulement se raconter ».

Publié en 1960, soit deux années après Mémoires d’une jeune fille rangée, La force de l’âge est le deuxième tome des mémoires de Simone de Beauvoir.
Elle y traite de la période de sa vie s'étendant de 1929, de sa réussite à l'agrégation préparée avec Jean-Paul Sartre, à la Libération de Paris en août 1944. Elle y évoque ses années de professeur de philosophie à Marseille puis à Rouen, des amitiés, de nombreuses rencontres, des voyages entrepris, son formidable goût de la marche, sa relation avec Sartre, bien sûr...

Elle fait le récit d'une dizaine d’années de liberté, de découverte et de bonheur :
« L’hôtel me déchargeait de tous soucis. Peu m’importait de disposer d’une seule chambre, et qu’elle manquât de charme : j’avais Paris, ses rues, ses places, ses cafés. »
« Je m’étonnais inlassablement des choses et de ma présence ; cependant, la rigueur de mes plans changeait cette contingence en nécessité. Sans doute était-ce là le sens — informulé — de ma béatitude : ma liberté triomphante échappait au caprice, comme aussi aux entraves, puisque les résistances du monde, loin de me brimer, servaient de support et de matière à mes projets. Par mon vagabondage nonchalant, obstiné, je donnais une vérité à mon grand délire optimiste ; je goûtais le bonheur des dieux : j’étais moi-même le créateur des cadeaux qui me comblaient. »
« Je voulais encore que ma vie fût « une belle histoire qui devenait vraie au fur et à mesure que je me la racontais » ; tout en me la racontant, je lui donnais des coups de pouce pour l’embellir »).

Son supplément de vie et celui qu'elle savait donner à toutes choses confèrent beaucoup de force, d'intensité et d'attrait à son personnage et à ses témoignages.

On a également envie de saluer son sens aigu de la formule, comme l'illustre par exemple cette phrase : "Sartre avait mis tant d’ardeur à être jeune qu’au moment où sa jeunesse le quittait il aurait fallu de fortes joies pour l’en consoler."

La deuxième partie du livre est nécessairement beaucoup moins solaire puisqu’elle couvre la période de la Seconde Guerre mondiale, dont la déclaration crée une véritable cassure dans la vie de Beauvoir. La dureté de la période de l'Occupation, sa séparation forcée d’avec Sartre mobilisé dans l’est de la France, annoncent une période beaucoup plus sombre dans sa vie.
C’est cette expérience de la guerre qui conduira Sartre et Beauvoir à modifier leur façon d'envisager leur rôle d'écrivain et de citoyen.
« Sartre pensait beaucoup à l’après-guerre ; il était bien décidé à ne plus se tenir à l’écart de la vie politique. Sa nouvelle morale, basée sur la notion d’authenticité, et qu’il s’efforçait de mettre en pratique exigeait que l’homme « assumât » sa « situation » ; et la seule manière de le faire c’était de la dépasser en s’engageant dans une action : toute autre attitude était une fuite, une prétention vide, une mascarade fondées sur la mauvaise foi. On voit qu’un sérieux changement s’était produit en lui, et aussi en moi qui me ralliai tout de suite à son idée ; car notre premier soin naguère avait été de tenir notre situation à distance par des jeux, des leurres, des mensonges. »

L’engagement des deux intellectuels sera très largement décrit dans les deux tomes suivants des mémoires de Beauvoir (La Force des choses I et II).
Est-il besoin de préciser qu’il est énormément question de Sartre dans ces mémoires au point qu’elles deviennent aussi un peu les siennes ? Le « je » fait régulièrement place au « nous ».

Elle évoque la relation unique, extrêmement étroite, particulière (à la fois exclusive et partagée) qu’elle entretenait avec Sartre.
« Je l’ai dit : Sartre vivait pour écrire ; il avait mandat de témoigner de toutes choses et de les reprendre à son compte à la lumière de la nécessité ; moi, il m’était enjoint de prêter ma conscience à la multiple splendeur de la vie et je devais écrire afin de l’arracher au temps et au néant ».
« je tenais d’abord à la vie, dans sa présence immédiate, et Sartre d’abord à l’écriture. Cependant, comme je voulais écrire et qu’il se plaisait à vivre, nous n’entrions que rarement en conflit. »
« Je travaillais souvent chez moi. Sartre habitait à l’étage au-dessus. Nous avions ainsi tous les avantages d’une vie commune, et aucun de ses inconvénients.»
« Sartre n’avait pas la vocation de la monogamie ; il se plaisait dans la compagnie des femmes qu’il trouvait moins comiques que les hommes ; il n’entendait pas, à vingt-trois ans, renoncer pour toujours à leur séduisante diversité. « Entre nous, m’expliquait-il en utilisant un vocabulaire qui lui était cher, il s’agit d’un amour nécessaire : il convient que nous connaissions aussi des amours contingentes ».
« j’avais déjà éprouvé la solidité des paroles de Sartre. Avec lui, un projet n’était pas un bavardage incertain, mais un moment de la réalité. S’il me disait un jour : « Rendez-vous, dans vingt-deux mois exactement, à 17 heures, sur l’Acropole », je serais assurée de le retrouver sur l’Acropole, à 17 heures exactement, vingt-deux mois plus tard. D’une manière plus générale, je savais qu’aucun malheur ne me viendrait jamais par lui, à moins qu’il ne mourût avant moi. »
« Nous conclûmes un autre pacte : non seulement aucun des deux ne mentirait jamais à l’autre, mais il ne lui dissimulerait rien. Les « petits camarades » éprouvaient le plus grand dégoût pour ce qu’on appelle « la vie intérieure » ; dans ces jardins où les âmes de qualité cultivent de délicats secrets, ils voyaient, eux, de puants marécages ; c’est là que s’opèrent en douce tous les trafics de la mauvaise foi, c’est là que se dégustent les délices croupies du narcissisme. »
Les trios amoureux, dont celui qui a été entrepris avec la jeune Olga, ne sont pas sans tension et surtout sans risque pour la tierce personne qui n’est pas forcément bien armée pour subir les conséquences du pacte scellé par le duo initial. Beauvoir en convient : « Nous placions sa jeunesse plus haut que notre expérience : son rôle était tout de même celui d’une enfant, aux prises avec un couple d’adultes qu’unissait une complicité sans faille. Nous pouvions bien la consulter avec dévotion : nous gardions en main la direction du trio. Nous n’avions pas établi avec elle de véritables relations d’égalité, mais plutôt nous l’avions annexée. »
Cette notion d’« annexion » est pour le moins glaçante.

Par l’activité de sa pensée sans cesse en mouvement, le duo pouvait par ailleurs sacrément déconcerter sinon fatiguer son cercle d’amis :
« nous inventions des attitudes, des théories, des idées ; nous refusions de nous y enchaîner, nous pratiquions la révolution permanente ; cela gênait souvent nos proches qui croyaient fidèlement nous suivre alors que nous nous trouvions déjà tout à fait ailleurs. »

L’alcool tient visiblement une place non négligeable dans la vie de ce cercle (on ne compte plus les passages dans lesquels Beauvoir évoque les « verres » consommés ici et là) et le compagnon régulier de fiestas mémorables :
« C’était surtout la boisson qui nous aidait à rompre avec le quotidien : sur l’alcool, nous ne rechignions pas ; personne, parmi nous, ne répugnait à se saouler ; certains s’en faisaient presque un devoir. […] chacun de nous se faisait ainsi, plus ou moins délibérément, le bouffon de tous les autres, et les attractions ne manquaient pas : nous étions toute une foire avec ses histrions, ses charlatans, ses pitres, ses parades. Dora Marr mimait une course de taureaux ; Sartre au fond d’un placard dirigeait un orchestre ; Limbour découpait un jambon avec des airs de cannibale ; Queneau et Bataille se battaient en duel avec des bouteilles en guise d’épée ; Camus, Lemarchand jouaient des marches militaires sur des casseroles ; ceux qui savaient chanter chantaient, et aussi ceux qui ne savaient pas ; pantomimes, comédies, diatribes, parodies, monologues, confessions, les improvisations ne tarissaient pas et elles étaient accueillies dans l’enthousiasme. On mettait des disques, on dansait, les uns très bien — Olga, Wanda, Camus — les autres moins. »

La curiosité de Beauvoir est inlassable, c’est le monde dans sa totalité qu’elle compte embrasser, rien de moins :
« Il me fallait viser la totalité de l’univers si je voulais en posséder la moindre poussière. »
« je préférais la diversité à la répétition, et voir à neuf Naples plutôt que de retourner à Venise ».

Elle coupe court aux critiques qu'on serait bien tentés de lui adresser en se chargeant de les écrire elle-même :
« Je demeurai pénétrée de l’idéalisme et de l’esthétisme bourgeois. Surtout, mon entêtement schizophrénique au bonheur me rendit aveugle à la réalité politique. Cette cécité ne m’était pas personnelle : presque toute l’époque en souffrait. »
« comme Sartre me l’a dit un jour, nous avions un sens réel de la vérité, c’est déjà quelque chose : mais cela n’impliquait aucunement que nous ayons un sens vrai de la réalité. Non seulement nous étions, comme tous les bourgeois, protégés du besoin, et, comme tous les fonctionnaires, de l’insécurité, mais nous n’avions pas d’enfants, pas de famille, pas de responsabilités : des elfes. Il n’existait aucun lien intelligible entre le travail, somme toute amusant et pas du tout fatigant, que nous fournissions et l’argent que nous recevions : il ne pesait pas son poids. »
Nous n’aurions pas mieux dit.

A raison, Beauvoir ne se considérait pas comme une philosophe (« Je savais très bien que mon aisance à entrer dans un texte venait précisément de mon manque d’inventivité ») mais savait remarquablement commenter et restituer la vie et le monde alentour, les vicissitudes de son siècle, par l’acuité d’un regard qui ne cédait jamais rien à la complaisance. La rigueur de sa pensée, sa très vive intelligence, sa curiosité insatiable, l’immense richesse intellectuelle de l’entourage qu’elle s’est choisi (à commencer par la compagnie de Sartre, bien sûr) font d’elle une auteure tout à fait à part dans le monde littéraire et intellectuel du 20ème siècle.

La Force de l’âge en témoigne de bout en bout. ( )
  biche1968 | Aug 15, 2021 |
aucune critique | ajouter une critique

» Ajouter d'autres auteur(e)s (12 possibles)

Nom de l'auteurRôleType d'auteurŒuvre ?Statut
Simone de Beauvoirauteur principaltoutes les éditionscalculé
Fonzi, BrunoTraducteurauteur secondairequelques éditionsconfirmé
Green, PeterTraducteurauteur secondairequelques éditionsconfirmé
Vous devez vous identifier pour modifier le Partage des connaissances.
Pour plus d'aide, voir la page Aide sur le Partage des connaissances [en anglais].
Titre canonique
Titre original
Titres alternatifs
Date de première publication
Personnes ou personnages
Informations provenant du Partage des connaissances anglais. Modifiez pour passer à votre langue.
Lieux importants
Évènements importants
Films connexes
Épigraphe
Dédicace
Informations provenant du Partage des connaissances allemand. Modifiez pour passer à votre langue.
Premiers mots
Citations
Derniers mots
Notice de désambigüisation
Directeur de publication
Courtes éloges de critiques
Langue d'origine
Informations provenant du Partage des connaissances anglais. Modifiez pour passer à votre langue.
DDC/MDS canonique
LCC canonique

Références à cette œuvre sur des ressources externes.

Wikipédia en anglais

Aucun

Orig:s titel: La force des choses II

Aucune description trouvée dans une bibliothèque

Description du livre
Résumé sous forme de haïku

Discussion en cours

Aucun

Couvertures populaires

Vos raccourcis

Évaluation

Moyenne: (3.98)
0.5
1
1.5
2 4
2.5 1
3 17
3.5 3
4 27
4.5 3
5 25

Est-ce vous ?

Devenez un(e) auteur LibraryThing.

 

À propos | Contact | LibraryThing.com | Respect de la vie privée et règles d'utilisation | Aide/FAQ | Blog | Boutique | APIs | TinyCat | Bibliothèques historiques | Critiques en avant-première | Partage des connaissances | 204,419,060 livres! | Barre supérieure: Toujours visible