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> Elle, (par Laura Boudoux) : 21 livres à lire au moins une fois dans votre vie

> A L'EST D'EDEN, par John Steinbeck. — Deux frères et leurs conflits, l'un reste chez le père, le plus doux affronte l'armée dans une Amérique de la conquête de l'Ouest. Les deux frères se retrouvent à la mort du père et partagent une fortune, le plus jeune, le militaire, part faire fortune dans la vallée de la Salinas en Californie. Sa première femme meurt en lui donnant un premier fils et la deuxième, une manipulatrice et meurtrière, lui en donne un deuxième et s'enfuit après la naissance pour devenir une prostituée. À nouveau deux frères ennemis s'affrontent …
-- Un roman fleuve de la vie ou de véritables paroles de sagesse et de belles leçons de vies indémodables …
—Laurence Lejeune (ICI.Radio-Canada.ca)

Le roman retrace, sur trois générations, depuis la guerre de Sécession jusqu’à la première guerre mondiale, l’histoire de deux familles, les Hamilton et les Trask, dont les destins se croisent. En partie autobiographique, C'est l’histoire de la famille de John Steinbeck, petit-fils de Samuel Hamilton, émigré irlandais ayant fui la Grande Famine pour s’installer sur un lopin de terre dans la vallée de Salina, qui est racontée. John, fils d’Olive Hamilton, y fait d’ailleurs quelques apparitions.
L’autre famille, les Trask, est fictive et beaucoup plus complexe et intéressante.
Des nombreux personnages de cette saga, tous parfaitement décrits et crédibles, deux sont particulièrement réussis. Cathy Ames est sans doute un des personnages de méchants le plus parfaitement décrit que j’ai lu. Brièvement mariée à Adam et mère de ses jumeaux, manipulatrice et calculatrice, c’est un monstre de cruauté, limite psychopathe, dissimulé sous un masque de poupée, qui n’hésite pas à se débarrasser de quiconque menace de l’empêcher d’arriver à ses fins, capable de tuer sans état d’âme aucun. Véritablement le mal incarné.
Le second personnage, très attachant pour le coup, est Lee, le domestique américano-chinois de la famille Trask, personnage d’une grande sagesse et certainement un des plus émouvants du roman, qui caresse le projet d’ouvrir une librairie à San Francisco, dans un futur éloigné et encore vague.
East of Eden évoque évidemment le Jardin d’Eden et le combat entre le bien et le mal. Il est impossible d’ignorer les nombreuses références bibliques, en particulier quand les deux fils jumeaux d’Adam sont prénommés Aaron et Caleb.
East of Eden est aussi une passionnante histoire de la Californie du Nord, terre promise pour les nouveaux immigrants, et l'évocation enchanteresse de la vallée de Salinas, comté de Monterey, chère à Steinbeck. ( )

On se sent bien minuscule au moment de donner son opinion sur un tel monument.

Le livre tire son titre de l'histoire de Caïn et Abel dans l'ancien testament où il est dit que Dieu, pour toute punition de son fratricide, exila Caïin "à l'est d'Eden".

Le roman raconte les démêlés intervenant entre des frères : Charle et Adam Trask, demi-frères élevés par un père autoritaire, puis Caleb et Aron Trask, les fils d'Adam, élzvés en l'absence de leur mère, par leur père et Lee son domestique asiarique. Interviennent aussi certains ancêtres de John Steinbeck lui même (ses grand parents maternels et ses oncles et tantes).

Du récit se dégage une gravité et un humanisme profond teinté de spiritualité dans la description des personnages et de la société américaine à l"orée du 20ème siècle. Mais, John Steinbeck sait aussi faire preuve d'un humour dévastateur et d'une drôlerie irrésistible comme dans "Tortilla flat", ou "tendre jeudi".

Si l'on essaye de tirer une leçon de ce livre, c'est à mon avis celle du courage et de la liberté : l'homme est maître de son destin.

Pour terminer, je ne peux m'empêcher de citer le maître :

"Sous sa carapace de lâcheté, l'homme aspire à la bonté et veut être aimé. S'il prend le chemin du vice, c'est qu'il a cru prendre un raccourci qui le mènerait à l'amour. Lorsqu'un homme arrive au moment suprême, peu importe son talent, son pouvoir ou son génie, s'il meurt haï, sa vie est une faillite et sa mort une froide horreur. Il me semble que vous ou moi, au moment de choisir entre deux voies, devons toujours penser à notre fin et vivre pour que notre mort ne fasse plaisir à personne".

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