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Chargement... Jefferson (édition 2018)par Jean-Claude Mourlevat (Auteur), Antoine Ronzon (Illustrations)
Information sur l'oeuvreJefferson par Jean-Claude Mourlevat
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Appartient à la sérieJefferson (1) Prix et récompenses
When Jefferson the hedgehog goes to his local hairdresser's, he's shocked to discover the barber lying dead on the floor. Falsely accused of the murder, Jefferson goes into hiding in the human kingdom with only his friend Gilbert the pig to help him clear his name. But can the two hunt down the real killer before it's too late? And how is the murder connected to the fight for animal rights?With a cover by Lisa d'Andrea, and inside illustrations by Antoine Ronzon Aucune description trouvée dans une bibliothèque |
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Google Books — Chargement... GenresClassification décimale de Melvil (CDD)843.92Literature French French fiction Modern Period 21st CenturyÉvaluationMoyenne:
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J'aime beaucoup les livres de Mourlevat, c'est un des auteurs jeunesse contemporains qui a mes faveurs depuis que je l'ai rencontré pour la première fois avec le merveilleux Enfant Océan. Cependant, quand Jefferson est sorti, il y a un peu plus d'un an, et malgré quelques tergiversations, j'ai soigneusement évité ce livre. La couverture est toute mignonne avec son hérisson qui a l'air d'avoir besoin d'être consolé et qu'on veut tout de suite prendre dans ses bras , en en oubliant même qu'il a des piquants. Mais je savais qu'il était question de véganisme et, autant le dire tout de suite, cette position n'a pas mes faveurs. Je suis même passée d'une position plutôt neutre à une position « anti ». Soyons clairs, je suis prête à reconnaître que la cause animale a des progrès à faire, que les conditions dans les abattoirs sont parfois au bas mot déplorables et que des avancées législatives dans le sens du bien-être animal et d'un abattage décent sont nécessaire. Mais je suis aussi très attachée au modèle d'agriculture paysanne qui repose sur une imbrication complexe de la polyculture et de l'élevage, et il ne me semble pas judicieux d'arrêter de manger des animaux et, finalement, de s'en remettre à l'industrie alimentaire et à des artifices chimiques pour remplacer les produits dont on a besoin. Fin de la parenthèse politique.
Ce livre défend donc, et je le savais, des thèses qui ne sont pas les miennes et j'ai préféré l'éviter. Mais quand M'ni Raton l'a ramené à la maison parce qu'il fait partie de la sélection des Incorruptibles pour cette année, et parce qu'elle l'a bien aimé et (je ne devrais pas le dire, le vote est secret) que je pense que c'est à ce livre qu'elle donnera sa voix, j'ai envoyé valser mes bonnes résolutions et je me suis décidée à le lire.
Eh bien je n'ai pas été surprise, les thèses végans sont là. Cela ne représente pas une grande partie du livre, juste quelques passages, où il est présenté comme une évidence qu'il ne faudrait pas tuer d'animaux. C'est un peu dommage, ce parti-pris univoque, l'absence de discours alternatif, mais bon, je suppose que Mourlevat a lui-même choisi son camp, et en temps qu'auteur, il utilise les armes à sa disposition pour défendre ses idées.
Ce qui est plus embêtant, c'est la façon dont ces idées sont défendues. Pour commencer par la forme, je trouve le style plat, peu travaillé, ce qui, de la part de Mourlevat, me déçoit, il m'avait habitué à des livres beaucoup plus agréables à lire, comme s'il avait voulu surfer sur l'actualité et s'était dépêché de publier ce livre tant que le sujet était vendeur. Ensuite, sur le fond, il y a quelques petites choses qui me dérangent : pourquoi manger des animaux, dit Gilbert le cochon, quand on a tant d'autres plats à notre disposition ? Certes, mais Mourlevat s'est-il aperçu que le plat préféré de son hérisson, ce sont les pommes de terre à la crème ? Qui dit crème dit lait, à moins qu'on ait déjà inventé de la crème fraîche synthétique ? Et pourtant, on dit à un autre endroit que l'homme vole le lait des vaches. Cherchez la contradiction...
Et puis ce drôle de monde que Mourlevat crée, il pose problème quand même. Des animaux pensants (dont des renards, tient ils mangent quoi eux, ils faut qu'ils deviennent végans aussi ?) qui vivent dans un pays voisins de celui des hommes (et où ont ne sait pas comment ils obtiennent la crème pour leurs pommes de terre d'ailleurs), et un pays d'humains avec élevage intensif et abattage cauchemardesque. Et les mêmes animaux peuvent être d'un côté de la frontière en animaux pensants et anthropomorphes et de l'autre en animaux d'élevage se comportant comme les animaux d'élevage que l'on connaît. Le meilleur ami de Jefferson est un cochon par exemple, et on voit aussi des vaches (tiens, ce sont elles qui donnent leur lait ? Et elles sont consentantes ou pas de l'autre côté de la frontière?). C'est assez étrange ces animaux qui ont deux niveaux d'intelligence ou de capacité d'interaction. Comment, effectivement, traiter des animaux comme des animaux d'élevage et d'autres de la même espèce comme des voisins ? Cela fausse un peu la réflexion me semble-t-il et décrédibilise le livre et sa thèse. En définitive, et c'est dit à plusieurs reprises, les animaux d'élevage sont considérés un peu comme des handicapés par rapport aux animaux anthropomorphisés. Et dans ce cas, on ne parle plus d'abattage indigne, mais d'une sorte d'eugénisme, ce n'est pas du tout le même propos. Et si j'étais handicapée ou avait un proche handicapé, je crois que cette comparaison me gênerait encore plus qu'elle ne m'a gênée moi.
Je crois qu'il faut que je m'arrête là. Ce livre, certes, défend des thèses que je ne partage pas, mais elle les défend mal, tant du point de vue de la forme que du fond. Si c'est ma première déception à la lecture d'un livre de Mourlevat, elle est de taille. Ce sujet complexe méritait un autre traitement.
Après, pour être honnête, les passages sur le véganisme sont finalement peu nombreux, et M'ni Raton, qui ne pourrait même pas être végétarienne tant elle aime le saucisson, est passée complètement à côté. Elle n'a vu que le meurtre, l'enquête, l'action, et comme tout cela est conduit par un petit hérisson bien mignon, elle n'a pu qu'aimer le livre. Est-ce un bien ou un mal qu'elle n'ait pas saisi le message qu'il véhicule, je ne trancherai pas ici. Elle votera en son âme et conscience, mais je sais que si j'avais voix au chapitre, ce n'est pas à ce livre que je donnerais mon bulletin de vote.