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Chargement... Traité d'athéologie : Physique de la métaphysique (2005)par Michel Onfray
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Inscrivez-vous à LibraryThing pour découvrir si vous aimerez ce livre Actuellement, il n'y a pas de discussions au sujet de ce livre. Étant d’un naturel taquin, j’ai embarqué à Rome le Traité d’athéologie, de Michel Onfray; je pensais profiter de ces vacances pour terminer cet ouvrage, que j’avais mollement commencé, il y a quelques mois. Je dis « mollement » parce que j’en avais fini l’introduction avant que le reste de l’univers décide de s’interposer — et c’est par définition le genre d’ouvrage que j’évite de lire au bureau, car je suppose que l’œcuménisme a ses limites (c’est pour les mêmes raisons que j’évite souvent d’être trop ostensible avec certaines couvertures de Charlie-Hebdo…). En fait, il se lit plutôt vite: une petite poignée d’heures ont suffi pour en venir à bout. Et pour se rendre compte qu’il y a quelque peu tromperie sur la marchandise: faute d’un réel traité, on a plutôt affaire à un pamphlet. Bon, l’affirmation est sans doute un peu exagérée: l’ouvrage n’est pas sans mérites scientifiques, mais, tout au long de sa lecture, la forme interpelle plus que le fond: Michel Onfray est un athée de combat, un athée pratiquant. Un passionné — passionnant, certes, mais souvent agaçant dans son prosélytisme. Et c’est vraiment dommage: le Traité d’athéologie fourmille de bonnes idées, se lit facilement et on a du mal, si on a un semblant d’intérêt pour la chose religieuse et un esprit un tant soit peu critique, à ne pas se laisser emporter par ses arguments. Dans une première partie, Onfray démonte l’historiographie de l’athéisme, décortiquant les prétendus « premiers athées » (qui n’en sont pas) pour révéler des noms nettement moins connus (volontairement ou non). Rien que ce travail d’érudition mérite plus qu’un coup de chapeau. Il s’attaque ensuite aux trois religions du Livre: Judaïsme, Christianisme et Islam en prennent pour leur grade et c’est sans doute la partie la plus convaincante de l’ouvrage. L’auteur ne se contente pas de démonter les trois grands monothéismes, leurs similitudes et leurs travers communs: il le fait avec une précision chirurgicale — mais derrière laquelle transparaît déjà l’absolutisme des convaincus (des convertis?). Personne n’en sort grandi, pas même les modérés, tenants d’une théologie « adoucie »; mais, là encore, son point de vue se défend. Seulement, quand il s’attaque aux textes eux-mêmes, Onfray commet ce qui m’apparaît comme une erreur rhétorique majeure — l’équivalent de se loger un obus antichar dans le pied. Dénoncer le manque de cohérence des textes, en expliquant là encore par l’historiographie qu’ils ont souvent été écrits, d’une part des années après les faits — réels ou avérés — d’autre part à des années les uns des autres, c’est un fait (je recommande d’ailleurs, sur ce sujet, la lecture de Jésus après Jésus, de Gérard Mordillat et Jérome Prieur). Commencer ensuite à les décortiquer est du coup complètement contre-productif: pourquoi s’évertuer à relever les incohérences d’un texte dont on a auparavant établi qu’il a été écrit après les faits, dans un contexte sociopolitique différent, par quelqu’un qui répondait sans doute à d’autres impératifs, puis copié, recopié, traduit, retraduit, le tout sous l’égide d’autorités ayant toutes leurs propres agendas? Autant poser, une fois pour toute, ces textes comme non fiables et éviter d’entrer dans le jeu des gloseurs, qui ont en général quelques siècles d’avance sur la question. J’ai trouvé aussi franchement douteuses les parenthèses appuyées sur les amours catholiques d’Adolf Hitler; pas nécessairement que la chose soit fausse, mais que, dans le cas présent, on frôle le hors sujet — et, en jargon Internet, le Point Godwin. J’ai presque l’impression que ce genre de choses a été ajoutée pour faire « mode », en cette période du 60e anniversaire de la fin de la 2e guerre mondiale. On ne va quand même pas se lancer dans la « Hitlermania »… En conclusion, le Traité d’athéologie n’est pas un mauvais livre; il est même plutôt bon, mais il m’a quand même agacé. Je l’avoue, à la lecture de certaines critiques et commentaires, je m’attendais à être sérieusement agacé; mais je craignais bien pire, je suppose donc que mon relativement faible niveau d’agacement est plutôt bon signe… Le problème est que je supporte de moins en moins les extrémistes, surtout en matière de religion. Certains diront que c’est ma nature de Suisse; c’est possible, mais je dirais que c’est aussi une question d’expérience — d’expériences, en fait. Je vis et j’ai vécu dans un environnement relativement protégé, certes, mais j’ai aussi rencontré pas mal de gens victimes d’extrêmes, d’une façon ou d’une autre. Je n’aimerais pas que ça m’arrive. Or, si je n’aime pas les fanatiques religieux, je ne pense pas qu’un fanatisme athée soit la meilleure façon de les combattre. Suite à des discussions avec des potes, je relis quelques passages de ce très bon texte d'Onfray (dont par ailleurs je n'approuve pas toutes les idées sur d'autres sujet). Même si je n'ai pas besoin d'un bouquin, encore moins d'un essai philosophique pour me convaincre, ce "Traité d'Athéologie" définit bien un terme qu'on entend trop peu à mon avis, laissant le champs libre à toutes les croyances miteuses. Michel Onfray défriche l'histoire et le concept de l'athéisme et surtout la nécéssité de promouvoir la laïcité et l'athéisme argumenté, avec brio, et je ne peux qu'appuyer. aucune critique | ajouter une critique
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Références à cette œuvre sur des ressources externes. Wikipédia en anglais (11)"Les trois monothe?ismes, anime?s par une me?me pulsion de mort ge?ne?alogique, partagent une se?rie de me?pris identiques : haine de la raison et de l'intelligence ; haine de la liberte? ; haine de tous les livres au nom d'un seul ; haine de la vie ; haine de la sexualite?, des femmes et du plaisir ; haine du fe?minin ; haine des corps, des de?sirs, des pulsions. En lieu et place de tout cela, judai?sme, christianisme et islam de?fendent : la foi et la croyance, l'obe?issance et la soumission, le gou?t de la mort et la passion de l'au-dela?, l'ange asexue? et la chastete?, la virginite? et la fide?lite? monogamique, l'e?pouse et la me?re, l'a?me et l'esprit. Autant dire la vie crucifie?e et le ne?ant ce?le?bre?..." En philosophie, il y eut jadis une e?poque "Mort de Dieu". La no?tre, ajoute Michel Onfray, serait pluto?t celle de son retour. D'ou? l'urgence, selon lui, d'un athe?isme argumente?, construit, solide et militant. Aucune description trouvée dans une bibliothèque |
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Google Books — Chargement... GenresClassification décimale de Melvil (CDD)211.8Religions Natural Theology and Secularism Deism and Atheism AtheismClassification de la Bibliothèque du CongrèsÉvaluationMoyenne:
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> Nuit blanche, (100), p. 50 : https://id.erudit.org/iderudit/19111ac
> BAnQ (La presse, 8 mai 2005) : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2201384
> BAnQ (Le libraire, No 29 | Juillet - Août 2005) : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2562744
> BAnQ (Le couac, mai 2005) : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2163414
> BAnQ (Le soleil, 17 avr. 2005) : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2897148
> BAnQ (Le devoir, 4 juin 2005) : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2815840
> TRAITÉ D'ATHÉOLOGIE, de Michel Onfray (Ed. Le livre de poche, 2006 - 315 p.) . — Les “bouffeurs de curé à tous les repas” en manque de renouvellement pour leurs menus trouveront ici une large et puissante source d’inspiration. Ceux qui s’interrogent sur l’intérêt à croire trouveront ici un antidote à ce poison bien actuel qu’est la religiosité insidieuse.
Le style est excellent, les références fournies, la vue haute et dégagée. Extrait : “Les trois monothéismes, animés par une même pulsion de mort généalogique, partagent une série de mépris identiques : haine de la raison et de l’intelligence ; haine de la liberté ; haine de tous les livres au nom d’un seul ; haine de la vie ; haine de la sexualité, des femmes et du plaisir ; haine du féminin ; haine des corps, des désirs, des pulsions. En lieu et place de tout cela, judaïsme, christianisme et islam défendent : la foi et la croyance, l’obéissance et la soumission, le goût de la mort et la passion de l’au-delà, l’ange asexué et la chasteté, la virginité et la fidélité monogamique, l’épouse et la mère, l’âme et l’esprit. Autant dire la vie crucifiée et le néant célébré…”
Étrangement, Michel Onfray n’a subi ni mise à l’index, ni fatwa, car il écorche également toutes les croyances et intolérances. En l’ignorant, les ratichons de toute sorte lui évitent d’être diffusé et lu. À nous de lire et faire lire. —Patrice NÉEL.
—Revue Silence, avr. 2007