Le lecteur serait bien en peine s'il laissait passer l'occasion de lire cet excellent roman. Ce dernier a été éclipsé par l'adaptation cinématographique de John Ford et, chose rare, a été renommé par le titre de cette adaptation. Le titre original est "Slag" qui veut dire en sorte : crassier. L'action se déroule dans un petit village du Pays de Galles du temps de la reine Victoria. On y voit naître l'industrie charbonnière qui a connût son heure de gloire là-bas, les modifications d'un mode de vie ancestral, les revendications des hommes face aux exigences des propriétaires des mines. Mais qu'on ne s'y trompe pas, "Quelle était verte ma vallée" n'est pas un roman social naturaliste à la mode de Zola. Ce n'est pas le Germinal Gallois car le roman porte moins sur le social que sur le déroulé d'une vie vue par les yeux d'un enfant qui grandit. Huw Morgan, qui raconte cette histoire, est une figure d'enfant comme les aime à porter en roman la tradition anglaise : têtu, intrépide, tenace et adorable, proche de sa famille, à la recherche permanente de ce "home sweet home" qui fait la qualité littéraire des îles britanniques. Typique des romans d'initiation, "Quelle était verte ma vallée" porte la marque indélébile de la nostalgie d'un monde qui s'écroule sous les yeux du narrateur. Roman de l'amour familial autant que de la découverte de l'amour, ce livre ravira tous ceux qui cherchent le souffle puissant des grandes fresques humaines. ( )