> Par NousLisons.fr : Vie et destin
Dans ce roman-fresque, composé au cours des années 1950, Vassili Grossman (1905-1964) fait revivre l’URSS en guerre à travers le destin d’une famille, dont les membres nous amènent tour à tour dans Stalingrad assiégée, dans les laboratoires de recherche scientifique et jusqu’à Treblinka, sur les pas de l’Armée rouge.
Au-delà de ces destins souvent tragiques, l’auteur s’interroge sur la terrifiante convergence des systèmes nazi et communiste, alors même qu’ils s’affrontent sans merci.
Radicalement iconoclaste en son temps, ce livre pose sur l’histoire du XXe siècle une question que philosophes et historiens n’ont cessé d’explorer depuis lors. Il le fait sous la forme d’une grande œuvre littéraire qui transcende le documentaire et la polémique pour atteindre à une vision puissante, métaphysique, de la lutte éternelle du bien contre le mal.

> Dans ce roman-fresque, composé dans les années 1950, Vassili Grossman fait revivre l'URSS en guerre à travers le destin d'une famille et s'interroge sur la terrifiante convergence des systèmes nazi et communiste alors même qu'ils s'affrontent sans merci. Radicalement iconoclaste en son temps – le manuscrit fut confisqué par le KGB, tandis qu’une copie parvenait clandestinement en Occident –, ce livre pose sur l'histoire du XXe siècle une question que philosophes et historiens n'ont cessé d'explorer depuis lors.
—Le Livre de Poche

> VIE ET DESTIN Vassili Grossman Julliard, 1983
Se reporter au compte rendu de Francine BORDELEAU
In: (1984). Compte rendu de [Commentaires]. Nuit blanche, n° 12 (février–mars 1984), p. 25.… ; (en ligne),
URL : https://id.erudit.org/iderudit/21455ac

Vie et Destin est un authentique chef d'oeuvre. Grossman puise dans le noeud gordien du XXe siècle, la bataille de Stalingrad, pour construire la trame de cette longue fresque où se croisent soldats et scientifiques, sentiments familiaux et dilemmes moraux, camps de concentration allemands et de travail soviétiques, arrière et front, romances et considérations politiques. Son regard sur le nazisme et l'antisémitisme, mais aussi et surtout sur le stalinisme, est d'une acuité et d'une profondeur que j'ai rarement lues par ailleurs. C'est long mais jamais ennuyeux, on peut se perdre dans la foule des personnages et dans une intrigue prise en cours de route (Vie et destin est le second volet d'une oeuvre romanesque initiée des années plus tôt), dans quelques redondances dues à l'absence de travail éditorial sur le texte (et pour cause, il a été interdit après passage en comité de lecture), mais on ne résiste pas à l'ampleur du mouvement général, à la beauté des images, à la profondeur et à la justesse des caractères comme des pensées de l'auteur.
A partir du matériau magmatique de la Russie en pleine guerre, Grossman pointe l'opposition fondamentale entre d'un côté le poids du destin, incarné par la machinerie politique, le "système", la déraisonnable raison d'Etat, les totalitarismes, et de l'autre côté l'énergie de la vie, l'inébranlable espoir, même dérisoire, portés par les hommes et les femmes, faibles mais grands. Bien évidemment, le Destin remporte souvent cette confrontation, et le parcours même de l'auteur et de son livre en offrent l'illustration. Mais le chemin de la Vie est le seul qui nous permette de faire preuve d'humanité, de faire notre oeuvre d'hommes, et si ce livre a traversé le temps pour briller encore aujourd'hui d'une lumière pure, c'est parce qu'il portait cette idée. La lucidité implacable de Vie et destin n'empêche en rien son humanisme, au contraire, elle le magnifie. ( )

Les réflexions philosophiques de Grossman sur le bien et le mal, la vie et le destin sont parfois un peu lourdes et didactiques. Mais ces aspects sont largement balayés par le roman et la grande humanité de tous les personnages du livre. Grossman fixe son roman autour de Stalingrad présenté comme le point de bascule de la seconde guerre mondiale mais en fait point de bascule également de la Russie, de l'empire sovitétique, bascule du monde occidental, parallèlement les personnages basculent tous également dans le doute, les remises en cause et grandissent au travers des épreuves terribles qu'ils subissent. Grossman apporte une image terrifiante des totalitarismes (nazie et communiste) et des conséquences sur l'homme et son humanité perdue tout en gardant un espoir que par le besoin absolu de liberté l'homme consevera son humanité malgré tout. ( )

Suprême, incomparable. ( )